Sinusite aiguë : une douleur de la face qui peut compliquer le rhume
La sinusite aiguë est une inflammation des sinus de la face due à un virus ou à une bactérie. C’est une affection surtout fréquente en automne et en hiver, et qui peut compliquer un rhume ou, dans certains cas, un abcès dentaire. Le tableau peut être moins douloureux et plus traînant.
Des mots pour les maux
La sinusite aiguë est le terme utilisé pour désigner une inflammation d’une des cavités naturelles de la face : les « sinus ».
Les sinus se drainent dans les fosses nasales par un orifice appelé « ostium » ou « méat moyen », qui permet l’évacuation du mucus.
Une « sinusite chronique » est une inflammation d’un sinus qui ne guérit pas malgré un traitement bien conduit.
Qu'est-ce qu’une sinusite aiguë ?
Les sinus sont des cavités creusées dans le massif osseux de la face. Ces cavités naturelles sont regroupées par paire et, selon leur emplacement, on distingue les sinus maxillaires, frontaux, sphénoïdaux, et ethmoïdaux.
Les cavités des sinus sont tapissées par une membrane que l’on appelle « muqueuse ». Les sinus sont en continuité les uns avec les autres et s’ouvrent dans les fosses nasales par un orifice appelé « ostium » ou « méat moyen », lui aussi recouvert de muqueuse.
La muqueuse sécrète un liquide, le « mucus » qui contient des agents antiviraux et antibactériens. Le mucus joue un rôle très important de première défense contre les infections. Il s’évacue normalement du sinus par l’ostium dans le nez.
On ignore précisément le rôle exact des sinus. En dehors de leur participation à la tonalité de la voix, il est possible qu’ils protègent également les structures internes de la tête contre les changements brusques de température.
L’infection virale provoque une inflammation de la muqueuse et une augmentation de la sécrétion de mucus par la muqueuse des sinus. Tous les rhumes s’accompagnent de cette inflammation. Dans certains cas, le mucus va s’épaissir et va avoir plus de mal à s’évacuer des sinus par l’ostium, ce qui renforce l’inflammation. La muqueuse va donc gonfler et ce gonflement de la muqueuse, qui recouvre aussi l’ostium, va l’obstruer et bloquer l’écoulement du mucus vers les fosses nasales. La pression dans les sinus va augmenter et provoquer une recrudescence des douleurs avec un risque d’infection purulente du sinus.
Quels sont les signes de la sinusite aiguë ?
Le plus souvent, au décours d'un rhume, du fait de l’inflammation de la muqueuse, peuvent s’installer des douleurs de la face, parfois très intenses, et associées à une sensation de nez bouché et à un mouchage purulent.
En cas de surinfection bactérienne, ces douleurs deviennent unilatérales, pulsatiles et se majorent au cours de la journée ou lorsque l’on se penche en avant. L’écoulement nasal devient purulent.
La localisation de ces douleurs permet de définir le sinus atteint :
• Douleur sous l'œil irradiant dans les dents et majorée en position penchée en avant, pour le sinus maxillaire,
• Douleur en regard du sourcil ou du front, pour le sinus frontal (uniquement après 10 ans chez l’enfant),
• Douleur derrière l'œil avec comblement de l’angle interne de l’œil et œdème de la paupière, pour le sinus ethmoïdal,
• Douleur derrière l’œil et irradiant au sommet du crâne, pour le sinus sphénoïdal.
Quelles sont les causes de la sinusite aiguë ?
L’infection des sinus se fait, le plus souvent par voie nasale à la suite d’un rhume (« rhinopharyngite »), d’un bain en piscine ou d’un barotraumatisme (mauvaise adaptation entre la pression à l’intérieur de la cavité du sinus et l’extérieur) et plus rarement secondairement à une carie ou un abcès dentaire.
L’infection est le plus souvent due à un virus, mais une bactérie peut être en cause secondairement : pneumocoque, streptocoque, Haemophilus influenzae, moraxella ou staphylocoque après une rhinite, et anaérobies en cas de problème dentaire.
Dans certains cas, en particulier en cas de sinusite récidivante, il faut penser à un terrain allergique qui peut favoriser l’inflammation résiduelle de la muqueuse des fosses nasales et des sinus et perturber l’évacuation du mucus par le méat moyen.
Quelles sont les complications de la sinusite aiguë ?
Bien que la sinusite soit habituellement une maladie banale, il ne s’agit pas pour autant d’une maladie inoffensive.
Une sinusite non traitée peut entraîner des complications graves :
- Forme hyperalgique (ou sinusite bloquée maxillaire ou frontale) : la présentation se différencie de la forme commune par l’intensité de la douleur et l’absence d’amélioration malgré le traitement médical. La douleur est soulagée immédiatement par une ponction du sinus à travers le méat (« voie méatale inférieure ») pour une sinusite maxillaire bloquée et par voie frontale antérieure pour une sinusite frontale bloquée (clou de Lemoine).
- L’ethmoïdite aiguë du jeune enfant est rare mais de pronostic potentiellement grave. Elle doit être reconnue (fièvre associée à un œdème supéro-interne de la paupière douloureux et fébrile) afin d’instaurer en urgence une antibiothérapie par voie veineuse en milieu hospitalier.
- Complications oculo-orbitaires : il s’agit d’une extension de l’infection bactérienne aux tissus lâches sous-cutanés de la paupière (« cellulite palpébrale ») ou de la cavité orbitaire (« cellulite orbitaire »), mais il peut s’agir d’un abcès orbitaire de l’os (« abcès sous-périosté »).
- Complications cérébro-méningées : l’infection du sinus peut diffuser au cerveau et provoquer une infection des enveloppes du cerveau (« méningite » ou « empyèmes sous-duraux »), le cerveau (« abcès cérébral ») ou les vaisseaux (« thrombophlébite du sinus caverneux »).
Quand faut-il évoquer une sinusite aiguë ?
Il ne faut pas confondre une sinusite aiguë, infection bactérienne qui requiert un traitement antibiotique, avec la congestion que l'on ressent lors d'un rhume et qui ne nécessite pas d'antibiotiques.
Au cours d’un rhume (ou rhinopharyngite), des douleurs des sinus surviennent régulièrement et sont liées à la congestion de la muqueuse des sinus qui est en continuité avec la muqueuse du nez.
Une sinusite doit être évoquée devant des douleurs d’un seul côté du visage (« unilatérales ») qui se majorent en position penchée en avant (syndrome douloureux postural), à recrudescence vespérale, associées à une obstruction nasale, un mouchage épais (voire « muco-purulent »), parfois strié de sang, lui aussi d’un seul côté, et une petite fièvre (« fébricule »).
Quels sont les signes en faveur d’une sinusite bactérienne ?
Dans le cas de la sinusite maxillaire, une infection bactérienne est suspectée en cas de persistance ou d’aggravation de la douleur et de la fièvre, malgré un traitement symptomatique de 48 heures, surtout si la douleur est présente d’un seul côté, devient pulsatile et s’accompagne d’un écoulement par le nez plus important et purulent.
Comment diagnostiquer une sinusite aiguë ?
C'est souvent devant l'association des signes cliniques caractéristiques de la sinusite aiguë que le traitement est prescrit par le médecin.
Les examens complémentaires sont en général inutiles dans les sinusites aiguës maxillaires. Ce n'est qu'exceptionnellement que l'on a recours à des examens d'imagerie, soit parce que le diagnostic n'est pas certain, soit parce qu'on évoque un lien entre la sinusite et une infection dentaire, soit parce que le traitement est inefficace, soit enfin parce que l'on craint une diffusion locale de l'infection vers l'œil, le cerveau ou encore le cou.
En revanche, dans les autres sinusites frontales, ethmoïdales et sphénoïdales, des examens complémentaires sont utiles (radiographies et scanner crânien).
Le diagnostic de certitude repose sur l'examen par le spécialiste ORL de la fosse nasale avec un fibroscope (souple) ou un endoscope (tube rigide).
Parfois, les traitements antibiotiques s’avèrent inefficaces pour venir à bout de la sinusite aiguë. Il faut alors suspecter une sinusite chronique. Le diagnostic de la sinusite chronique se fera au moyen de l’examen des sécrétions, d’une endoscopie (une mini caméra introduite par le nez) qui permettra au médecin de visualiser les fosses nasales et de détecter la présence de sécrétions et par le biais d’un scanner.
Quand faut-il consulter un médecin ?
• S’il existe une fièvre au-delà de 38°5 C avec un gonflement de la face, en particulier au niveau de l’œil ou avec des maux de tête et une gêne importante à la lumière, il faut consulter un médecin aux urgences de l’hôpital.
• Si la douleur devient croissante et unilatérale avec un écoulement nasal purulent, il faut consulter son médecin dans la journée.
• Si les signes persistent au-delà de sept jours et résistent aux traitements de base, il faut consulter son médecin traitant. Ce dernier pourra alors prescrire, si nécessaire, un antibiotique de faible puissance. Dans la plupart des cas, l’antibiothérapie guérira la maladie. Plus rarement, les signes persisteront et nécessiteront la prise d’un deuxième antibiotique plus puissant.
Que peut-on faire en cas de sinusite aiguë ?
Habituellement, les décongestionnants, les inhalations et l’injection d’eau salée, sont efficaces pour soulager et guérir la sinusite aiguë.
Le nettoyage des fosses nasales avec du sérum physiologique ou de l’eau de mer a un rôle important pour nettoyer et décongestionner la muqueuse des fosses nasales et de l’ostium.
Par ailleurs, il est possible de dormir en surélevant la tête et en humidifiant la chambre. Il faut arrêter de fumer ou éviter la fumée de tabac.
Il est possible de prendre un médicament contre la douleur (« antalgique »): paracétamol et, chez l’adulte, ibuprofène ou aspirine, qui sont disponibles en pharmacie. L’aspirine est contre-indiquée chez l’enfant et l’adolescent en raison de complications générales rares, mais graves (syndrome de Reye). Récemment, les ORL français appellent à ne pas utiliser les anti-inflammatoires, et l’ibuprofène en particulier, en cas de sinusite de l’enfant. Ils pourraient provoquer des complications intracrâniennes graves en favorisant la propagation des infections dans les tissus mous.
Les vasoconstricteurs nasaux participent au dégonflement de la muqueuse, mais ils ne sont pas dénués d’effets secondaires cardiovasculaires qui impose des contre-indications. Ils sont de plus contre-indiqués chez l’enfant de moins de 15 ans, en cas de maladie cardiovasculaire, en cas d’antécédents de convulsions, d’épilepsies et d’accident vasculaire cérébral.
Quel est le traitement de la sinusite aiguë ?
Le traitement de la sinusite aiguë repose avant tout sur la prescription d'antibiotiques pour une durée de 10 jours.
L’antibiotique recommandé en première intention est l’amoxicilline par voie orale chez l’enfant comme chez l’adulte. Si l’infection n’est pas guérie au bout de quelques jours de traitement par amoxicilline, l’association amoxicilline-acide clavulanique est préconisée.
En cas d'allergie aux antibiotiques de la famille de l’amoxicilline (« pénicillines »), une céphalosporine par voie orale peut être utilisée : cefpodoxime chez l’enfant, céfuroxime-axétil, cefpodoxime ou céfotiam chez l’adulte.
L’administration de corticoïdes n’est plus recommandée de nos jours, sauf en cas de douleur très intense.
L’utilisation de substances réduisant l’épaisseur de la muqueuse du nez peut s’avérer utile (vasoconstricteurs), mais uniquement au-delà de 15 ans et en l’absence de contre-indications.
Que faire en cas de résistance apparente au traitement antibiotique ?
Si la guérison complète ne peut être obtenue par ce traitement, ou encore si l'infection reprend après la fin du traitement, un scanner des sinus est réalisé.
On sera exceptionnellement amené à réaliser un drainage du sinus en l'absence de guérison rapide: il s'agit alors soit de poser un simple drain dans le sinus en passant par le nez, soit de réaliser une ouverture définitive du sinus dans la fosse nasale. Dans ce cas on agrandit l’orifice de drainage naturel du sinus dans la fosse nasale en réalisant une chirurgie par les voies naturelles sous guidage endoscopique (« méatotomie moyenne »).
En cas de sinusite récidivante, il faut traiter la cause (problème dentaire, corps étranger, polypose).
Que faire en cas de récidive d’une sinusite aiguë ?
• Une forme récidivante unilatérale de sinusite aiguë doit faire rechercher une cause dentaire ou une autre cause locorégionale (tumeur, mycose, anomalie anatomique) et une imagerie par scanner ou IRM est généralement demandée. Une forme trainante au-delà de trois mois définit une rhino-sinusite chronique. Toute rhinosinusite chronique peut donner des poussées de surinfections aiguës.
• Parmi les sinusites chroniques bilatérales, citons la « polypose rhino-sinusienne », véritable état inflammatoire de la muqueuse respiratoire, associant des polypes des fosses nasales à point de départ ethmoïdal (responsable d’une anosmie et d’une obstruction nasale) et un asthme qu’il faudra savoir rechercher.
Comment prévenir une sinusite aiguë ?
• Les infections virales sont contagieuses et elles se transmettent par différents modes, soit par contact direct de personne à personne (gouttelettes de salive au cours des éternuements ou par les mains), soit indirectement par les objets ou les mouchoirs contaminés. Les règles d’hygiène de base sont donc utiles également pour prévenir les rhinopharyngites et les sinusites.
Il faut donc utiliser un mouchoir pour éternuer quand on est malade et se laver les mains régulièrement pour éviter de contaminer les objets. Il faut utiliser des mouchoirs jetables.
Il faut bien sûr s’habiller chaudement pendant la saison froide (avec gants, écharpe et bonnet). Il vaut mieux éviter de fumer. La pratique sportive est aussi un élément important pour prévenir les infections respiratoires hivernales.
• Pour éviter qu’une rhinopharyngite s’aggrave et entraîne une sinusite, la température des pièces doit être comprise entre 18 °C et 20 °C pour éviter les atmosphères trop chaudes et trop sèches (qui fragilisent les muqueuses). Il faut aérer régulièrement les chambres (même en hiver) et humidifier l’air ambiant si nécessaire. Il faut arrêter de fumer ou éviter la fumée des autres. Il faut éviter les bains en piscine et la plongée jusqu’à la guérison.
Que faire en cas de récidives trop fréquentes ?
En cas de terrain allergique, il peut être nécessaire d’associer des antihistaminiques en cas de survenue d’une rhinopharyngite pour prévenir la persistance d’une muqueuse inflammatoire à distance du rhume, celle-ci pouvant favoriser une réinfection et une surinfection.
L’usage des antihistaminiques nécessite certaines précautions liées aux effets possibles des diverses substances qu’ils contiennent (notamment en cas de glaucome à angle fermé, d’adénome de la prostate ou de troubles du rythme cardiaque).
La sinusite en France
On estime que 1 % des rhinopharyngites se compliquent d’une sinusite, sachant que les rhinopharyngites représentent 10 millions de consultations.
Les liens de la sinusite
Le site du service d’ORL de l’hôpital Lariboisière
http://www.orl-hopital-lariboisiere.com/sinusite-aigue.html
Le site du Collège Français d’ORL
http://www.orlfrance.org/college/DCEMitems/DCEMECNitems90.html
Les liens Pourquoi Docteur
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