Verrues génitales, condylomes : l’infection à papillomavirus est très contagieuse
Le « condylome », ou « verrue génitale », est une infection sexuellement transmissible due à un papillomavirus, ou virus HPV. Certaines souches de ce virus peuvent provoquer une transformation des cellules infectées et l'apparition de cancers.
Des mots pour les maux
Les verrues génitales ou « condylomes » sont des infections sexuellement transmissibles ou IST.
Le virus responsable est un virus de type « papillomavirus » ou HPV pour « Human PapillomaVirus », dont il existe plus d’une centaine de « sous-types ».
Sur les organes génitaux externes, les verrues génitales peuvent prendre une forme « en forme de chou-fleur » ou en « crêtes de coq ».
Qu'est-ce qu’un condylome ?
Les « condylomes », ou « verrues génitales », sont l'une des manifestations de l'infection virale par le papillomavirus humain (ou virus HPV). Ils sont considérés comme les plus fréquentes des infections sexuellement transmissibles après les infections à chlamydia.
Chez l'homme comme chez la femme, les condylomes sont liés à l'infection des muqueuses par des HPV de sous-types 6 et 11 dans plus de 80 % des cas. Il existe aussi des HPV 16 et 18, à risque oncogène, qui ont été associés à des cancers du col de l’utérus, de l’anus, le la bouche ou de la gorge.
Les condylomes se manifestent parfois plusieurs années après la contamination et ne sont pas toujours visibles à l'œil nu. Lorsqu’elles le sont, les verrues sont des excroissances de la muqueuse ou de la peau, le plus souvent de la même couleur, mais parfois blanches ou grisâtres.
Les condylomes sont parfois également présents dans la bouche, le canal urinaire (« l’urètre »), le vagin ou sur le col de l’utérus. Ils entraînent parfois des démangeaisons ou des saignements lors des rapports sexuels.
Compte tenu des délais d'incubation très variables du virus, allant de 3 semaines à plusieurs années après la contamination, la survenue de condylomes ne doit pas systématiquement faire suspecter une infidélité sexuelle du partenaire. De nombreuses formes sans aucun signe apparent (« asymptomatiques ») expliquent les survenues retardées ou la négativité du bilan chez le partenaire.
Quels sont les signes du condylome ?
Le risque de contamination après un seul contact sexuel contaminant est de l'ordre de 60 à 70 %. Les signes cliniques apparaissent 3 à 6 mois après l'infection initiale, mais le virus peut également rester à l'état latent, c'est-à-dire endormi, pendant plusieurs mois ou même plusieurs années.
Les condylomes apparents se présentent sous la forme d’excroissances de la muqueuse ou de la peau, le plus souvent de la même couleur qu’elle, mais parfois blanches ou grisâtres. Elles peuvent être plates ou légèrement surélevées, voire avec une forme « en forme de chou-fleur » ou en « crêtes de coq », lorsqu’elles se trouvent sur les organes génitaux externes (vulve, pénis, prépuce, scrotum), le périnée et l’anus.
Chez l’homme, les condylomes peuvent se développer sur le gland, le frein, le prépuce, l’orifice urinaire et autour de l’anus ou à l’intérieur du rectum. Elles sont généralement indolores, mais causent parfois des démangeaisons.
Chez la femme, les condylomes peuvent se localiser sur la vulve, le périnée, les grandes lèvres et les petites lèvres, et sur la région péri-anale. Les lésions bénignes externes étant associées dans 20 à 30 % des cas à des lésions du col ou de l'anus, potentiellement cancéreuses, il est indispensable de rechercher ces dernières, en particulier au niveau du col utérin, par la pratique d'un frottis gynécologique.
Quelles sont les causes des verrues génitales ?
Les condylomes sont dus à l'infection de la muqueuse génitale par des papillomavirus humains (HPV) dont il existe de nombreux sous-types. Très contagieux, il en existe une centaine de types, dont seuls certains provoquent des condylomes et, parmi eux, seuls quelques sous-types peuvent entraîner l’apparition de cancers.
Les HPV de type 6 et 11 sont responsables de 90 % des cas de verrues génitales : on parle de virus « à bas risque oncogène » (bas risque de cancer). Alors que 70 % des cancers du col de l'utérus sont dus aux types 16 et 18 : il s'agit des papillomavirus « à haut risque oncogène » (haut risque de cancer). Ces derniers virus sont associés au développement de lésions précancéreuses et cancéreuses, en particulier du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, de l'anus, du pénis, de la bouche et de la gorge.
Les personnes qui ont débuté leur vie sexuelle très jeunes et celles qui ont eu de nombreux partenaires sexuels ont un risque plus élevé de contamination par les virus du papillome humain, en particulier si elles ont eu des relations sexuelles sans protection. Les personnes qui souffrent d'une autre infection sexuellement transmissible sont également plus à risque d'être infectées par les papillomavirus.
Des petites lésions de la peau, des défenses immunitaires affaiblies et la présence d’une inflammation sont autant de facteurs qui favorisent la transmission d’un HPV.
D’autres facteurs, comme le tabagisme, l’abus de drogues (cannabis et cocaïne) ainsi que la prise de médicaments immunosuppresseurs peuvent favoriser l’infection.
Une mère peut contaminer son enfant à la naissance lors du passage du fœtus dans le vagin.
Les papillomavirus étant résistants aux conditions environnementales (écarts de température, froid, chaleur…), une transmission indirecte par l'eau, du linge de toilette ou du matériel souillés est possible, voire dans les saunas ou les jacuzzis.
Quelles sont les complications des condylomes ?
Malgré le traitement, le taux de récidive des verrues génitales est élevé : une récidive est observée dans environ 20 % à 30 % des cas malgré un traitement rigoureux. Même les verrues ayant déjà été guéries peuvent réapparaître et des contrôles réguliers sont indispensables.
Les HPV à bas risque, responsables de lésions bénignes, peuvent coexister avec des infections par un HPV à haut risque, tel que l'HPV 16 ou 18, à l’origine de lésions précancéreuses ou dysplasiques, qui peuvent ensuite devenir cancéreuses.
Chez l'homme, ces lésions dysplasiques surviennent sur le pénis et au niveau de l'anus. Chez la femme, elles se localisent surtout au niveau du col, faisant ainsi le lit de plus de 99 % des cancers du col de l'utérus, mais on peut les retrouver au niveau de la vulve, du vagin ou de l'anus. Chez l’homme, comme chez la femme, on peut les retrouver au niveau de la bouche et de la gorge.
La coexistence fréquente des HPV à bas risque et des HPV à haut risque justifie la pratique d'un frottis cervical (du col de l’utérus) chez la femme porteuse de condylomes ainsi qu'un examen attentif de l'ensemble du périnée à la recherche de lésions suspectes, chez l'homme comme chez la femme.
Chez les femmes enceintes porteuses de condylomes, une contamination de l’enfant peut se produire lors de l’accouchement et provoquer des verrues dans la bouche du nourrisson.
Quand faut-il évoquer un condylome ?
Il faut plusieurs semaines, après une contamination sexuelle éventuelle, pour que les verrues soient apparentes, voire plusieurs années.
Les infections à HPV peuvent ne pas être apparentes (être « asymptomatiques »), cela signifie qu’il n'y a aucun signe apparent de maladie. Néanmoins, les personnes atteintes peuvent quand même transmettre le virus.
Il faut évoquer une infection à HPV quand des verrues apparaissent sur les parties génitales (les lèvres de la vulve chez la femme, le prépuce, la verge ou l’orifice externe de l'urètre chez l'homme ou l'anus.
Comment diagnostiquer une verrue génitale ?
Si le diagnostic de condylomes est assez simple, quand les lésions sont visibles à l'œil nu, il est indispensable de rechercher la coexistence éventuelle de lésions potentiellement cancéreuses au niveau du col utérin par la réalisation d'un frottis cervical. La biopsie n'est indiquée qu'en cas de doute diagnostique.
La constatation de l'existence de condylomes nécessite un examen des sites moins visibles et éventuellement suspects d'être le siège de lésions précancéreuses ou cancéreuses (anus, pénis, vagin, col de l'utérus, bouche et gorge).
Il est aussi possible de rendre des verrues génitales plus visibles : le médecin applique de l’acide acétique sur les zones concernées et les verrues vont apparaître sous la forme de zones ou de points blancs.
Des examens complémentaires permettant de voir l'intérieur de l'urètre (« urétroscopie ») ou de l'anus (« anuscopie ») ne seront réalisés qu'en cas de localisation des condylomes à proximité de l'anus ou du méat urétral chez l'homme ou de doute clinique. Un avis spécialisé auprès d'un urologue et/ou d'un proctologue peut être nécessaire dans ce cas. De même, la réalisation d'un frottis cervical chez la femme sera proposée afin de repérer l'existence de lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l'utérus.
Une biopsie peut être réalisée en cas de doute diagnostique, de lésions atypiques et dans les formes de condylomes résistantes aux traitements.
La découverte de condylomes chez un individu nécessite l'examen du ou des partenaires sexuels à la recherche de lésions. Si un simple examen de la région génitale à l'œil nu ou à la loupe suffit chez l'homme, un examen gynécologique complet (périnée, vulve, vagin, col) s'impose chez la femme, avec réalisation d'un frottis cervical afin de dépister la présence d'HPV et un éventuel cancer du col de l'utérus.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut consulter un médecin suite à une contamination potentielle par rapport sexuel (génital ou oral) si des verrues se forment sur la muqueuse de la vulve ou du pénis. Les verrues peuvent grossir rapidement et même prendre l’aspect d’un chou-fleur.
Chez la femme, un avis spécialisé auprès d'un gynécologue sera systématiquement proposé. Un avis spécialisé auprès d'un urologue et/ou d'un proctologue peut être nécessaire en fonction de la localisation des condylomes.
Pourquoi les condylomes peuvent réapparaître ?
On ignore pourquoi certaines personnes contaminées vont développer des lésions et d'autres pas. De même, on ne sait pas pourquoi le virus peut être actif d'emblée, provoquant l’apparition de lésions dans les mois qui suivent la contamination, ou au contraire rester endormi pendant longtemps avant de réapparaître des années plus tard, y compris en l’absence de tout déficit de l’immunité.
Quel est le traitement des verrues génitales ?
Il faut savoir que la plupart des condylomes disparaissent sans aucun traitement. Il ne faut cependant pas hésiter à consulter son médecin pour un traitement qui permettra d’éliminer les lésions visibles plus rapidement, réduisant ainsi le risque de transmission à d’autres partenaires sexuels.
Le traitement dépend de la forme, de la taille et de la localisation des verrues génitales. Le taux de récidive est identique quelle que soit la méthode choisie et se situe aux environs de 30 %. Les malades dont le système immunitaire est perturbé ou affaibli (séropositifs) et les femmes enceintes font l'objet d'un traitement différent.
Le traitement vise à détruire les lésions visibles. Ce traitement n’élimine pas le virus qui persiste dans le corps et d’autres lésions peuvent apparaître dans les semaines ou les mois qui suivent. Une surveillance prolongée est donc nécessaire pour prendre en charge toute récidive. Une personne dont les condylomes génitaux ou anaux ont disparu après traitement peut néanmoins transmettre le virus lors de relations sexuelles non protégées avec un partenaire parce que le virus reste à l’état latent dans le corps.
• Les traitements médicamenteux peuvent être faits à domicile en appliquant des crèmes ou des pommades contenant de la « podophylline », un produit chimique qui brûle les verrues génitales. D’autres crèmes ont pour effet de stimuler le système immunitaire, comme l’imiquimod, et c’est l’immunité qui va éliminer les verrues. Mais, il faut souvent répéter ces traitements locaux.
• Au cabinet, le médecin peut aussi brûler les verrues avec de « l’acide trichloracétique ». Dans certains cas, les condylomes peuvent être retirés avec un laser, ou avec la « cryothérapie » à l’azote liquide, ou encore avec « l’électrocoagulation » où un courant électrique est utilisé pour brûler les verrues.
Enfin, il faut absolument se souvenir que les condylomes sont une infection sexuellement transmissible, et d'autres infections également sexuellement transmissibles peuvent avoir été contractées en même temps comme l'infection par le VIH, l'hépatite B, la syphilis, la blennorragie ou une infection à chlamydiae. Il est donc indispensable de consulter un médecin qui prescrira une prise de sang et/ou des prélèvements afin de pouvoir dépister ces maladies et de les traiter.
Comment prévenir les condylomes ?
Parce que la contamination se fait par voie sexuelle, l’utilisation du préservatif est indispensable pour prévenir l’apparition de condylomes mais le préservatif n’offre pas une protection absolue.
Pour offrir la meilleure protection possible contre le virus HPV, le préservatif doit être utilisé pendant toute la durée de la relation sexuelle orale, vaginale ou anale et lors de chaque relation sexuelle.
L’utilisation d’un carré de latex pour couvrir la vulve ou l’anus pendant les relations orales diminue le risque de transmission. Il est possible de fabriquer un carré de latex en le découpant dans un gant de latex ou dans un préservatif de latex non lubrifié.
Les personnes qui partagent des jouets sexuels peuvent diminuer le risque de transmission du virus en les recouvrant avec un préservatif. Elles doivent absolument changer de préservatif entre chaque partenaire.
Les condylomes peuvent se transmettre par contact de peau à peau et les lésions peuvent se situer à des endroits non protégés par le préservatif. La contamination peut également se faire par des doigts souillés.
Comment prévenir les cancers ?
Deux vaccins efficaces sont disponibles contre certains types d'HPV, ceux à l’origine de la plupart des condylomes et ceux qui peuvent provoquer un cancer du col de l’utérus.
Ces vaccins sont recommandés pour toutes les jeunes filles de 14 à 23 ans avant leur première expérience sexuelle ou dans l’année qui suit celle-ci. Ces vaccins n’ont pas été testés chez l’homme et des études ont révélé que le vaccin n'a aucun effet thérapeutique chez les femmes déjà infectées par les HPV.
Ces vaccins ne protègent que contre certains sous-types d'HPV (type 16 et 18 responsables d'environ 70 % des cancers du col) et le dépistage par frottis, même de manière moins fréquente, reste indispensable.
On ignore encore si les vaccins disponibles pour prévenir les cancers du col de l'utérus liés au HPV sont également capables de prévenir les cancers induits de l’anus, de la bouche et de la gorge, mais des recommandations ont été faites en ce sens pour les homosexuels.
Le condylome en France
En France, on estime que 3 à 5 % de la population aura des verrues génitales. Le maximum de fréquence se retrouve dans les populations de 25 à 35 ans.
Les liens du condylome
Le site du service info IST
http://www.info-ist.fr/tout-savoir-sur-les-ist/chlamydiose.html
Le site de SIDA Info Service
https://www.sida-info-service.org/?-DEPISTAGE-VIH-sida-
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