Chlamydia: une infection sexuellement transmissible pas toujours apparente

Publié le 06.07.2022
Mise à jour 06.07.2022
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Chlamydia: une infection sexuellement transmissible pas toujours apparente
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L’infection génitale à Chlamydia trachomatis est devenue 50 à 80 fois plus fréquente que la gonococcie, ces dernières années. Au sein des infections sexuellement transmissible (IST), elle est actuellement la première maladie bactérienne sexuellement transmissible dans les pays industrialisés.

Infections génitales à Chlamydia : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
L’infection génitale à chlamydia est une infection sexuellement transmissible (IST) liée à une bactérie de type « Chlamydia ».
Il existe différents types de chlamydia, mais dans les infections génitales, c’est Chlamydiae trachomatis qui est la bactérie la plus souvent impliquée.

Qu'est-ce qu’une infection génitale à chlamydia ?

Les infections génitales à chlamydia sont dues à une bactérie (Chlamydiae trachomatis). Une personne peut s’infecter avec une chlamydia plus d’une fois dans sa vie.
Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible (IST) susceptible de provoquer une inflammation chronique de l'appareil génital. Il s’agit d’un portage humain strict qui s’attrape uniquement par contact direct.
L’infection non traitée peut être à l’origine d’une inflammation chronique qui peut provoquer des lésions cicatricielles de différents organes de la sphère urinaire (« urétrite » chronique avec risque de sténose urétérale secondaire), génitale (« prostatite » et « épididymite » chez l’homme et « cervicite », « endométrite » ou « salpingite » chez la femme).
L’infection non traitée peut conduire à une diffusion de l’inflammation vers la cavité abdominale chez la femme avec des douleurs du ventre.
Chlamydiae trachomatis est une bactérie intracellulaire obligatoire dont certains « sérotypes » (les sérotypes D à K) sont responsables d’infections urogénitales sexuellement transmises. Le développement à l’intérieur des cellules d’une infection à chlamydia fait que l’infection n’est sensible qu’à certains antibiotiques.

Quels sont les signes des infections génitales à chlamydia ?

Souvent, les personnes qui ont une infection génitale à chlamydia n’ont pas de signes : une personne peut donc être infectée sans le savoir (ce qui est responsable de sa contagiosité).
Quand une personne a des signes d’infection à chlamydia (moins de 50 % des cas chez les hommes et moins de 30 % chez les femmes), ils apparaissent de 2 à 3 semaines après la transmission de la bactérie (ce délai peut parfois aller jusqu’à 6 semaines), ce qui est plus long qu’avec une infection à gonocoque.
L’infection génitale à chlamydia se traduit par des signes qui touchent principalement les organes urinaires et génitaux, mais aussi le rectum, la gorge et, parfois, les yeux.
• Chez les hommes, l’infection à chlamydia ne donne le plus souvent pas de signes, mais ces personnes sont contagieuses. Lorsque des signes apparaissent, il s’agit plutôt de picotements ou de brûlures en urinant, ou d’écoulements blanchâtres au niveau du pénis ou du rectum. En cas de co-infection avec le gonocoque (fréquente), les signes peuvent être plus marqués. Parfois, les testicules sont gonflés et douloureux (infection de « l’épididyme » sur les testicules = « épididymite ») et chez certaines personnes, il est possible d’observer une inflammation des yeux est observée (« conjonctivite »).
• Chez les femmes, l’infection à chlamydia est rarement symptomatique. Lorsqu’il existe des signes, les femmes infectées se plaignent de pertes vaginales jaunes ou blanches (« leucorrhées »), parfois peu différentes en quantité des pertes physiologiques : elles correspondent à une infection du col de l’utérus (« cervicite »). Dans certains cas, les femmes peuvent souffrirde sensation de brûlures en urinant ou pendant les rapports sexuels, d’écoulements vaginaux jaunâtres ou sanguinolents et de douleurs du ventre, voire d’une inflammation des yeux (« conjonctivite »). L’examen gynécologique au spéculum montre une fragilité du col de l’utérus, avec des sécrétions mucopurulentes. Il s’agit le plus souvent une découverte d’examen gynécologique systématique ou motivé par l’urétrite du partenaire.
• Les nouveau-nés peuvent être infectés par leur mère pendant la grossesse. L’infection peut toucher leurs yeux (« conjonctivite » avec écoulement et rougeurs des yeux) ou leurs poumons (« pneumonie » avec toux, respiration difficile ou sifflante, pouls rapide).

Qu'appelle-t-on lymphogranulomatose vénérienne ?

La « lymphogranulomatose vénérienne », ou « maladie de Nicolas-Favre », est une forme particulière d'infection par les chlamydia, normalement observée chez les voyageurs séjournant en région tropicale.
Des cas de plus en plus nombreux sont signalés en France, sous la forme d'une infection de l'anus et du rectum, observée essentiellement chez les homosexuels masculins, en particulier ceux séropositifs pour le VIH ou ayant un sida.

Quelles sont les causes des infections génitales à chlamydia ?

L’infection à chlamydia est due à une bactérie, Chlamydiae trachomatis. Cette bactérie se transmet lors de rapports sexuels non protégés.
Tous les types de rapports sexuels peuvent être contaminants, y compris les rapports buccogénitaux (fellation et cunnilingus).
L’infection à chlamydia peut également être transmise pendant la grossesse.

Quels sont les facteurs de risque des infections génitales à chlamydia ?

La contamination se fait en grande majorité lors d’un rapport sexuel non-protégé avec une personne infectée, le plus souvent sans signe apparent.
Les travailleurs de l’industrie pornographique et les prostitués peuvent être contaminés (risque plus élevé de résistance).

Quelles sont les complications des infections génitales à chlamydia ?

Les complications des infections génitales à chlamydia sont potentiellement sérieuses.
• Chez l’homme, une infection à chlamydia non traitée peut provoquer une inflammation de la prostate, des testicules ou de l’épididyme (le cordon situé au-dessus de chaque testicule). Ces complications peuvent être secondairement à l’origine de problèmes d’infertilité.
• Chez la femme, les complications sont plus fréquentes car l’infection à chlamydia est très souvent sans signe évocateur. Après quelques mois à quelques années, une infection à chlamydia non traitée peut provoquer des douleurs chroniques du ventre avec une inflammation de l’utérus et des trompes de Fallope. Ces dernières infections peuvent être à l’origine d’une infertilité secondaire ou de grossesses hors de l’utérus (« grossesses extra-utérines »).
• Pendant la grossesse, l’infection à chlamydia peut être transmise de la mère à l’enfant et provoquer une pneumonie ou une infection des yeux chez le nouveau-né.
• Chez certaines personnes, l’infection à chlamydia peut être responsable de douleurs articulaires dans le cadre d’un « syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter ». Il associe une atteinte inflammatoire des yeux des articulations et de la peau, c’est-à-dire, une conjonctivite bilatérale, des douleurs articulaires inflammatoires prédominant la nuit et le matin (polyarthrite asymétrique aiguë ou subaiguë touchant surtout les grosses articulations et atteinte de la colonne vertébrale, et des signes de la peau (« lésions psoriasiformes ») et des muqueuses génitales (« balanite circinée »).
• L’infection à chlamydia rend les muqueuses plus vulnérables et expose également à un risque accru d’infection par le VIH.

Infections génitales à Chlamydia : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer une infection génitale à chlamydia ?

L’infection à chlamydia se transmet très facilement et il n’y a pas toujours de signes visibles (formes « asymptomatiques ») : il ne faut donc pas attendre d’avoir des signes et des douleurs pour consulter.
Le recours au dépistage des IST améliore le diagnostic précoce, la prise en charge et est associé à une diminution du risque de transmission. Pour savoir si l'on est ou non atteint d'une IST, il est important de se faire dépister.
Les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) proposent un dépistage gratuit du virus du sida, des hépatites et parfois des autres IST. Pour connaître le centre de dépistage le plus proche, il suffit d’appeler Sida Info Service au 0 800 840 800 (appel confidentiel, anonyme et gratuit). La liste des CDAG est disponible sur le site de Sida Info Service.

Comment diagnostiquer une infection génitale à chlamydia ?

Le diagnostic d’une infection à chlamydia se fait à partir d’une analyse d’urine ou d’un prélèvement réalisé en passant un coton-tige (écouvillon) sur les muqueuses des organes touchés (urètre, col utérin au fond du vagin, rectum, gorge, œil).
Le prélèvement est fait au niveau de l’urètre chez l’homme et de l’urètre et du col utérin chez la femme, d’abord pour la recherche du gonocoque à l’aide d’un écouvillon fin (fréquence des co-infections gonocoque-chlamydia), puis pour la recherche de Chlamydia trachomatis à l’aide d’un écouvillon en dacron ou d’une curette ophtalmologique.
Selon le contexte on fera des prélèvements complémentaires de l’anus, de la muqueuse rectale et du pharynx.
Le diagnostic biologique d’infection à Chlamydia trachomatis est délicat, surtout chez la femme car contrairement aux infections à gonocoque, l’examen direct du frottis après coloration n’a pas de valeur pour l’infection à chlamydia. De même, les examens directs rapides (immunofluorescence sur lame ou techniques immuno-enzymatiques) ont une bonne spécificité, mais ils sont très peu sensibles, c’est-à-dire qu’il y a de nombreux faux négatifs, ils sont disponibles en routine dans tous les laboratoires.
L’examen de référence est la culture sur milieux cellulaires (cellules HeLa 229 ou Mc Coy) qui est coûteux et réservé à des laboratoires spécialisés.
Dans les prochaines années, les techniques d’amplification génique de type Polymerase Chain Reaction (PCR) ou Ligase Chain Reaction (LCR), qui ont une excellente sensibilité et sont réalisables sur un premier jet d’urine devraient prendre le pas sur la culture.
Les sérologies de Chlamydiae trachomatis, bien que largement prescrites, n’ont aucun intérêt dans la prise en charge des infections urogénitales basses chez l’homme ou non compliquées chez la femme.

Infections génitales à Chlamydia : TRAITEMENT

Quel est le traitement des infections génitales à chlamydia ?

Le traitement de l’infection à chlamydia repose habituellement sur l’administration par voie orale  d’antibiotiques ayant une action à l’intérieur des cellules pour une durée de 7 jours dans les formes non compliquées ou de 15 jours pour les formes compliquées :
• Soit cycline : tétracycline 500 mg × 4 par jour, ou doxycycline 100 mg × 2 par jour ou minocycline 100 mg par jour.
• Soit azithromycine : une prise orale unique d’un gramme de Zithromax® est aussi efficace que 7 jours de tétracyclines, la tolérance est excellente mais le coût est plus élevé.
Dans certains cas particuliers (notamment lymphogranulomatose vénérienne), un traitement plus long peut être indiqué (injections intramusculaires pendant plusieurs semaines).
La personne traitée doit s’abstenir de tout rapport sexuel dans la semaine qui suit le début de son traitement.

Comment encadrer le traitement des infections génitales à chlamydia ?

Lors du diagnostic d’infection à chlamydia, la personne infectée est invitée à contacter ses partenaires sexuels récents afin qu’ils reçoivent si besoin un traitement.
Un test de contrôle est effectué un mois après la fin du traitement pour s’assurer de son efficacité.
Il est préférable d’instaurer le traitement probabiliste au vu des données de la clinique, sans demander ou sans attendre les résultats d’examens biologiques devant toute personne qui risque de ne pas être revue (urétrite masculine, cervicite purulente ou mucopurulente non compliquée) et chez tout partenaire d’une personne ayant une urétrite ou une cervico-vaginite.
Il faut également proposer une sérologie VIH et une sérologie de la syphilis et faire un traitement minute pour la gonococcie (très fréquemment associée et pas sensible aux mêmes antibiotiques).

Que peut-on faire en cas d’infection génitale à chlamydia ?

Le traitement prend un certain temps pour agir et pour guérir l’infection. Pendant ce temps, la personne demeure contagieuse.
Pour ne pas transmettre la chlamydia ou l’attraper de nouveau, la personne infectée et ses partenaires doivent donc éviter d’avoir des relations sexuelles tant qu’ils ne sont pas guéris. Ils doivent donc attendre jusqu’à la fin de leur traitement, s’ils doivent prendre des comprimés pendant plusieurs jours ou 7 jours après leur traitement, s’ils ont un traitement à dose unique. S’ils ont des signes (urétrite, pertes blanches…), ils doivent attendre jusqu’à ce que ceux-ci aient complètement disparu.
S’ils ne peuvent attendre, la personne infectée et ses partenaires peuvent se protéger avec un préservatif. Ils peuvent aussi utiliser un carré de latex pour couvrir la vulve ou l’anus pendant les relations orales. Ainsi, la bouche n’entre pas en contact direct avec les organes génitaux. Il est possible de fabriquer un carré de latex en le découpant dans un gant de latex ou un préservatif de latex non lubrifié.

Infections génitales à Chlamydia : PREVENIR

Comment prévenir une infection génitale à chlamydia ?

Il n’existe pas de vaccin contre l’infection à chlamydia. Comme toutes les infections sexuellement transmissibles, la prévention de l’infection à chlamydia repose donc sur l’utilisation systématique de préservatifs (même pour la fellation). « VIH, chlamydia, syphilis… La meilleure défense, c’est le préservatif. »
Pour offrir la meilleure protection possible contre la chlamydia, le préservatif doit être utilisé pendant toute la durée de la relation sexuelle orale, vaginale ou anale et lors de chaque relation sexuelle.
L’utilisation d’un carré de latex pour couvrir la vulve ou l’anus pendant les relations orales diminue le risque de transmission de la chlamydia. Il est possible de fabriquer un carré de latex en le découpant dans un gant de latex ou dans un préservatif de latex non lubrifié.
Les personnes qui partagent des jouets sexuels peuvent diminuer le risque de transmission de la chlamydia en les recouvrant avec un préservatif. Elles doivent absolument changer de préservatif entre chaque partenaire.
Chez les jeunes, l’utilisation du préservatif est importante lors du premier rapport sexuel, mais les rapports qui suivent sont souvent moins protégés. Un tiers seulement des moins de 30 ans déclarent que leur dernier rapport était protégé, alors qu’en 2004, ils étaient 50 % à l’affirmer. L’usage du préservatif recule donc, alors que c’est la tranche d’âge qui déclare le plus souvent avoir changé de partenaire au cours des 12 derniers mois.  Et ce n’est pas un test récent de dépistage du VIH qui explique cette décision. Le progrès des traitements antirétroviraux a certainement fait reculer la crainte d’une contamination dans cette tranche d’âge. Conséquence : le préservatif ne paraît plus indispensable pour se protéger.

Infections génitales à Chlamydia : PLUS D’INFOS

Les infections génitales à chlamydia en France

Les infections génitales à chlamydia sont les infections les plus fréquentes entre 15 et 25 ans chez les femmes, et entre 15 et 34 ans chez les hommes.
Dans les pays industrialisés, l'infection à Chlamydiae trachomatis est la principale cause d’infertilité (secondaire à l'inflammation des trompes utérines).?Les risques de complications concernent surtout les femmes.

Les liens des infections génitales à chlamydia

Le site du service info IST
http://www.info-ist.fr/tout-savoir-sur-les-ist/chlamydiose.html
Le site de SIDA Info Service
https://www.sida-info-service.org/?-DEPISTAGE-VIH-sida-

Les liens Pourquoi Docteur

VIH, IST : le plan 2010-2014 n'a pas fait baisser les contaminations
MST : les jeunes adultes sont mal informés
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