Spondylarthrite ankylosante : la douleur lombaire qui réveille tôt le matin
La spondylarthrite ankylosante est une maladie auto-immune caractérisée par des douleurs du dos qui prédominent le matin, voire qui peuvent réveiller la personne atteinte, et qui s'améliorent dans la journée. Cette douleur inflammatoire de la colonne vertébrale et du bassin peut s’associer à une raideur prolongée le matin, à des tendinites multiples, à des arthrites et à des atteintes de l’œil, de l’intestin et de la peau. Le retard diagnostic est important et s'améliore peu avec les nouveaux examens.
Par le Dr Jean-Paul Marre, rhumatologue, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
Des mots pour les maux
La spondylarthrite ankylosante est une « spondyloarthrite » (anciennement appelée « spondylarthropathie »).
Elle est caractérisée par des atteintes inflammatoires de la colonne vertébrale et des articulations du bassin avec en particulier une « sacroiliite ».
Ces atteintes s’associent à des inflammations des zones d'insertions des tendons sur les os, les « enthèses », en particulier au talon où cela donne une « calcanéite ».
Des atteintes inflammatoires extra-squelettiques peuvent se voir à l’œil (« uvéite »), aux intestins (« iléite ») et sur la peau (« psoriasis »).
Qu’est-ce que la spondylarthrite ankylosante ?
La spondylarthrite ankylosante est une « spondylarthrite », c’est-à-dire une maladie inflammatoire articulaire chronique (ou « rhumatisme inflammatoire ») touchant préférentiellement les enthèses, les zones d'insertion des tendons sur les os, et d’origine auto-immune.
Au squelette, la spondylarthrite touche de façon prédominante la colonne vertébrale (spondylos en Grec), les insertions des tendons sur les os du squelette donc (les « enthèses » dont les talons), certaines articulations (« arthrites ») et le bassin (« sacroiliite »), en particulier chez les hommes de moins de 35 ans, mais aussi les femmes.
Ces atteintes squelettiques axiales et périphériques peuvent s’associer à des atteintes inflammatoires extra-articulaires : œil (« uvéite »), intestins (« iléite » et MICI) et peau (« psoriasis » ou autre).
La spondylarthrite ankylosante se manifeste par des douleurs dont la caractéristique essentielle est qu’elles sont de type « inflammatoire », c’est-à-dire qu’elles prédominent dans la 2ème partie de la nuit et le matin au réveil, et qu’elles s’améliorent généralement au cours de la journée et à l’effort (à la différence des douleurs mécaniques qui s'aggravent à l'effort). C'est le cas en particulier des douleurs des talons (ou talalgies), qui se manifestent le matin, lorsque l'on se lève et que l'on fait les premiers pas, et s'atténuent au cours de la journée et à la marche? C'est de qui différencie ces calcanéites des autres douleurs du talon (talalgies) liées à une dégénérescence.
Ces douleurs d'insertions des tendons et des capsules articulaires sur l'os s'associent dans 30 à 40% des cas avec des douleurs articulaires, qui sont de véritables arthrites avec inflammation de la membrane synoviale de l'articulation, mais qui ont la caractéristique d'être régressives. Ceci complique le diagnostic car ces arthrites ne sont souvent retrouvées qu'à l'interrogatoire.
Ces douleurs évoluent par crises douloureuses (dites « poussées inflammatoires »), plus ou moins régressives, et touchant essentiellement la colonne vertébrale et les articulations du bassin (en particulier les sacro-iliaques avec des douleurs des fesses). Mais elles peuvent également entraîner des atteintes inflammatoires des articulations (« arthrites »), des tendons et surtout de leurs insertions (« enthésites »), en particulier au talon (« calcanéite »).
Après de nombreuses années, cette maladie peut évoluer vers un enraidissement des zones touchées (ou « ankylose ») qui est lié à une « ossification » de type cicatriciel des zones touchées par la maladie inflammatoire (colonne vertébrale, sacro-iliaques ou enthèses). Toutefois, grâce à une amélioration des conditions générales d’hygiène et à un traitement plus précoce et plus efficace des malades, cette évolution est devenue rare : les signes radiologiques classiques sont donc la plupart du temps, soit absents, soit tardifs.
La spondylarthrite ankylosante se déclare souvent entre 20 et 30 ans, mais parfois à l’adolescence ou à un âge plus tardif. Plus fréquente chez l’homme, elle peut néanmoins toucher les deux sexes. Chez les femmes, on diagnostique de plus en plus les formes mineures qui étaient non diagnostiquées auparavant, voire étaient attribuées à des douleuyrs diffuses psychosomatiques.
Quels sont les rapports de la spondylarthrite ankylosante avec les autres spondylarthrites ?
La spondylarthrite ankylosante est une maladie au sein d’un groupe de rhumatismes inflammatoires chroniques avec atteinte des enthèses : les « spondylarthrites ». Ces maladies vont partager des atteintes inflammatoires du rachis, des enthèses et des articulations, un terrain génétique commun et vont se différencier par l’atteinte des autres organes touchés par l’inflammation ou par leur cause (car certaines sont rattachables à une cause).
En dehors de la spondylarthrite ankylosante (50 % des cas), on dénombre ainsi : les rhumatismes liés aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (ou « MICI »), c’est-à-dire la maladie de Crohn ou la Rectocolite Hémorragique), les « arthrites réactionnelles », qui associent une infection génitale ou digestive initiale à une inflammation articulaire (grosse articulation des membres inférieurs), le « SAPHO » (syndrome Acné-Pustulose-Hyperostose-Ostéite) et le « Rhumatisme psoriasique » (où l’atteinte articulaire prédomine nettement par rapport à l’atteinte de la peau).
Quelle est la cause de la spondylarthrite ankylosante ?
Les causes de la spondylarthrite ankylosante restent encore inconnues, mais il existe des facteurs favorisants et en particulier un terrain génétique prédisposant. Il n’est pas rare que plusieurs membres d’une même famille soient atteints par la spondylarthrite ankylosante ou une autre spondylarthrite, mais la maladie n’est pas héréditaire au sens propre.
Il est, en effet, probable que certains facteurs génétiques prédisposent à développer une spondylarthrite ankylosante. Ainsi, 80 à 90% des patients qui souffrent de la maladie sont porteurs du HLA B 27 (HLA = Human Leucocyte Antigen), un antigène de surface des globules blancs qui est cependant présent chez 7 à 8% des Français, alors que la fréquence de la maladie dans la population est de 0,3 à 0,4%. Il est donc manifeste que l’on peut être porteur de cet antigène et donc du gène codant dans le complexe majeur d’histocompatibilité, et ne jamais présenter la maladie. A l’inverse, on peut avoir la maladie sans posséder ce gène de prédisposition.
La présence de ce gène HLA B27 semble être associée à un dérèglement de la réponse immunitaire de l’organisme à un agent extérieur, agent qui n’est pas connu dans le cas de la spondylarthrite ankylosante. En revanche, au sein des spondylarthrites, les arthrites réactionnelles sont classiquement déclenchées par une infection génitale (Chlamydia) ou digestive (Shigella, Salmonella ou Campylobacter). Les spondyloarthrites dans le cadre d’une maladie inflammatoire de l’intestin (MICI) sont associées à des déséquilibres de la flore intestinale (« microbiote intestinal ») et à la sur-représentation de certains germes dans ce microbiote.
Plus récemment, le rôle du tabagisme a été identifié comme facteur favorisant du déclenchement, ou de l’aggravation, de la spondylarthrite ankylosante ou même de sa résistance au traitement.
Quelles sont les atteintes articulaires de la spondylarthrite ankylosante ?
La spondylarthrite ankylosante concerne essentiellement la colonne vertébrale, le bassin et/ou la cage thoracique. Elle peut également toucher les articulations des membres inférieurs, le talon, un doigt ou un orteil. Les atteintes non articulaires (œil, peau, intestins) sont beaucoup moins fréquentes.
La spondylarthrite ankylosante débute par une inflammation aiguë de l’enthèse (« enthésite »), la partie de l’os où s’insèrent les tendons, ligaments et capsules articulaires (enveloppes entourant les articulations). Après résolution de la poussée inflammatoire, cette inflammation se transforme en cicatrice constituée de tissu fibreux, qui va s’ossifier petit à petit. Cette ossification, visible à la radiographie, est nommée « enthésophyte » en général, et « syndesmophyte » à la colonne vertébrale.
La spondylarthrite ankylosante se déclenche en divers endroits du corps mais débute essentiellement au niveau des vertèbres du milieu du dos (« charnière dorso-lombaire ») et au bassin (articulations sacro-iliaques). Elle se traduit par un mal de dos ou une lombalgie inflammatoire située plus haut que la lombalgie classique. Au fur et à mesure, l’inflammation peut s’étendre vers le bas et le haut du dos et les vertèbres cervicales, et donner des lombalgies basses, des douleurs fessières, des dorsalgies ou des cervicalgies inflammatoires.
Au niveau du bassin, la spondylarthrite ankylosante touche préférentiellement l’articulation sacro-iliaque : la zone en arrière où le sacrum s’articule de chaque côté avec les deux os iliaques. L’inflammation se déclare d’un seul ou des deux côtés, mais souvent en s’exprimant par une douleur fessière « à bascule » (c’est-à-dire tantôt d’un côté, tantôt de l’autre). Cette atteinte s’associe généralement à une inflammation de l’articulation de la hanche ou des enthèses sur les ischions (les os des fesses sur lesquelles on s’assoit).
La spondylarthrite ankylosante peut également toucher la cage thoracique antérieure où elle peut concerner les articulations entre le sternum (os plat situé à l’avant et au milieu de la cage thoracique) et les clavicules et celles situées entre le sternum et les côtes.
La spondylarthrite ankylosante peut également atteindre des zones dites « périphériques », avec des atteintes de différentes insertions des tendons sur le squelettes, se manifestant par des douleurs diffuses et des tendinites à répétition, et surtout des arthrites inflammatoires des grosses articulations des membres inférieurs (hanches, genoux, chevilles), ainsi que les enthèses du talon, au niveau du tendon d’Achille ou de la plante du pied (cela provoque alors des douleurs appelées « talalgies » inférieures ou postérieures.
Une atteinte aussi caractéristique que l’enthésite est la « dactylite » qui est une atteinte inflammatoire de l’ensemble d’un doigt ou d’un orteil (« tri-arthrite »). Celui-ci devient alors gonflé et douloureux sur toute sa longueur en faisant disparaître le relief habituel des articulations (on parle de « doigt ou d’orteil en saucisse »).
L’ensemble de ces atteintes peuvent survenir au tout début de la maladie (même avant les atteintes extra-articulaires) ou n’importe quand au cours de son évolution.
La spondylarthrite ankylosante peut-elle atteindre d’autres organes ?
Beaucoup plus rarement, la spondylarthrite ankylosante touche d'autres organes en dehors du squelette.
Il s’agit principalement de l’œil chez environ 20 % des spondyloarthrites, avec une inflammation qui touche principalement la partie antérieure de l'œil (« uvéite antérieure »).
Un psoriasis de la peau est observé chez 15 à 20 % des malades et d’autres lésions cutanées peuvent être observées (pustulose palmo-plantaire).
L’intestin peut quelques fois être atteint par une crise inflammatoire, se traduisant le plus souvent par des douleurs et des diarrhées (MICI).
Plus rarement, la maladie touche le cœur (atteinte d’une valve ou trouble du rythme), les poumons ou les organes génitaux.
Quand faut-il évoquer le diagnostic de spondylarthrite ankylosante ?
Souvent, au début de la maladie, il est difficile de faire le diagnostic, d’autant qu’en France, les lésions radiologiques sont souvent absentes lors de la première consultation.
La spondylarthrite ankylosante peut se manifester par des douleurs dorsales ou lombaires qui peuvent paraître banales, si ce n'est qu'elles durent ou réapparaissent : elles sont donc chroniques. Ces douleurs évoluent par poussées de quelques jours à quelques semaines et finissent par se calmer, d’autant plus facilement qu’un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien aura été prescrit. Dans ce contexte, le diagnostic peut être posé jusqu’à huit ans après le début de la maladie, ce qui retarde d’autant une prise en charge adaptée.
En cas de douleur lombaire ou dorsale, certains signes évocateurs doivent inciter à consulter :
• Les douleurs sont maximales le matin ou la deuxième partie de la nuit et peuvent réveiller vers deux ou trois heures du matin (« douleur réveil matin »).
• Les douleurs ne sont pas spécialement calmées par le repos et s’améliorent au cours de la journée.
• Les douleurs s’accompagnent d’une raideur des articulations ou de la colonne vertébrale de plus d'une demi-heure le matin au réveil.
• Il existe des irradiations des douleurs dans une fesse, parfois dans les deux et parfois les 2 en alternance (douleurs « à bascule »).
• Les douleurs touchent l’un des talons (ou les deux) et font mal le matin au réveil lorsque l’on pose le pied par terre, la situation s'améliorant peu à peu dans la journée et à la marche.
• La douleur de toutes les articulations d’un doigt ou d’un orteil (« tri-arthrite ») s’accompagne d’un gonflement de la totalité du doigt ou de l’orteil, comme une saucisse.
• Les crises douloureuses durent pendant au moins trois mois et ont tendance à durer de plus en plus longtemps.
Pourquoi et comment faire le diagnostic précoce de spondylarthrite ankylosante ?
Plus le diagnostic de spondylarthrite ankylosante est précoce, plus il est possible de mettre en place une prise en charge rapide qui soulagera les douleurs et évitera les complications (notamment l'enraidissement de la colonne vertébrale en mauvaise position ou « ankylose »). C’est pourquoi il faut consulter rapidement en cas de symptômes évocateurs de la maladie : le médecin traitant réalisera un bilan soigneux des douleurs avec un examen clinique et il demandera un bilan sanguin simple à la recherche d’une inflammation qui n’est présente que chez un malade sur deux et des radiographies à la recherche des lésions les plus fréquentes (charnière dorsolombaire, sacro-iliaques et talons). Cependant, même si les résultats des radiographies sont normaux, et même d'autant plus s'il existe des douleurs avec des radiographies normales, on ne doit pas écarter le diagnostic de spondylarthrite ankylosante. Dans ce cas, il faut prendre l’avis d’un rhumatologue qui est le spécialiste qui connaît le mieux cette maladie.
Ce spécialiste s’appuiera sur des critères diagnostiques qui ont été mis au point. En France, on se sert des critères d’Amor ou des critères Européens
Critères diagnostiques d’Amor pour les spondylarthropathies
Signes articulaires ou vertébraux 1. Douleurs nocturnes ou raideur matinale de siège lombaire ou dorsal 2. Oligoarthrite asymétrique 3. Douleurs fessières sans précision 4. Doigt ou orteil en saucisse 5. Talalgies ou autre enthésopathie |
1 2 1 2 2 2 |
Signes extra-articulaires |
2 1 1 2
|
Signes radiologiques |
3
|
Terrain particulier |
2
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Sensibilité aux AINS |
2
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Spondylarthropathie si 6 points ou plus (sensibilité 92 % et spécificité 98 % |
|
Parfois, d’autres examens d’imagerie médicale se révèlent nécessaires : scanner ou IRM des sacro-iliaques pour dépister une atteinte précoce des articulations sacro-iliaques et de la colonne vertébrale (IRM dorsale, lombaire et sacro-iliaque), écho-doppler des enthèses douloureuses pour démontrer leur caractère inflammatoire, scintigraphie osseuse pour dépister une atteinte inflammatoire occulte (pas très spécifique et tendant à être remplacée par le PET-scan), demande d’un typage HLA B27 pour rechercher un terrain génétique favorisant s'il n'y a pas d'antécédents familiaux évidents.
Enfin, en cas d’atteintes de la peau ou de l'œil, l’avis d'un dermatologue ou d'un ophtalmologiste est nécessaire.
Le diagnostic final repose sur un ensemble d'éléments obtenus grâce à ces différents bilans et qui permet de calculer un score diagnostic qui est désormais validé au plan international (score européen ou score ASAS).
Comment évolue une spondylarthrite ankylosante ?
La maladie évolue de façon extrêmement variable : elle peut être peu évolutive et bien répondre aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, mais elle est parfois plus évolutive et partiellement résistante au AINS, ce qui impose de prescrire des traitements plus forts pour éviter la diminution de la mobilité des articulations, leur enraidissement ou leur déformation. Cependant, il faut se rappeler qu’il n’y a pas de correspondance stricte entre l’intensité de la douleur et le développement de l’ankylose.
En début de maladie, l'évolution de la spondylarthrite ankylosante est souvent imprévisible. Toutefois, une atteinte inflammatoire de l’articulation de la hanche (« coxite »), un début précoce de la maladie (avant l’âge de 16 ans), l’importance du syndrome inflammatoire biologique (VS ou CRP élevée), la résistance aux anti-inflammatoires non stéroïdiens sont classiquement des signes de moins bon pronostic. Ils doivent rendre la surveillance médicale plus étroite et faire recourir à des traitements plus forts.
Dans certains cas, l’inflammation gagne progressivement toute la colonne vertébrale qui peut s'enraidir progressivement jusqu'à l'ankylose totale, ce qui entraîne une déformation et une gêne très importantes : la cambrure normale de la colonne lombaire disparaît et le dos est voûté (cyphose dorsale). Lorsque les articulations périphériques sont touchées, leur mobilité peut aussi être limitée.
En cas d’atteinte de l’œil, l’apparition de cicatrices à l’intérieur de l’œil et gênant la vision est possible. Pour prévenir et dépister ces complications éventuelles, une surveillance ophtalmologique est programmée. Toutefois, la plupart des malades souffrent de formes intermédiaires de la spondylarthrite.
Comment traiter une spondylarthrite ankylosante ?
La spondylarthrite ankylosante est un rhumatisme inflammatoire chronique d’origine auto-immune qui fait souffrir le malade et dont le risque est d’évoluer vers une ankylose. L’objectif du traitement est donc de soulager les malades et de prévenir l’ankylose et les destructions articulaires dans les atteintes psoriasiques.
Pour lutter contre la douleur, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont utilisés en première intention, parfois en association avec des médicaments antidouleur purs (« antalgiques »). Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont en effet particulièrement efficaces sur la douleur inflammatoire de cette maladie chez 80% des malades et le bénéfice qu’ils apportent le plus souvent en moins de 48 heures constitue même un critère de diagnostic, en particulier à la colonne lombaire où l'on ne s'attend pas à ce qu'une atteinte dégénérative réagisse aussi bien et aussi vite. C'est également un argument contre le diagnostic de fibromyalgie qui est parfois évoqué devant l'absence de signes radiologiques les AINS ne font strictement rien chez les fibromyalgiques. La plupart des malades seront traités avec ces seuls AINS. En revanche, les malades ne sont pas sensibles de la même façon à tous les anti-inflammatoires et, en cas de réponse insuffisante, il est conseillé d’en essayer un autre. Il est également nécessaire de vérifier que la prise maximale est réalisée le soir au coucher avec les AINS dont la durée d’action est courte : le maximum d’efficacité de l’AINS ingéré sera ainsi disponible pendant la période où l’inflammation est la plus forte : c’est-à-dire la 2ème partie de la nuit.
Parmi les AINS, la phénylbutazone est particulièrement efficace au cours de la spondylarthrite ankylosante. L’existence de cas d’allergie entraînant une chute des globules blancs fait qu'on la réserve aux malades résistants aux autres AINS. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont actifs sur la douleur et certaines études seraient en faveur de leur action préventive, au moins partielle, sur l’apparition de certaines lésions osseuses, mais ceci n’est pas confirmé dans d’autres études.
Les corticoïdes oraux ne sont généralement pas efficaces à faible dose dans les atteintes de la colonne vertébrale de la spondylarthrite ankylosante, mais ont leur utilité dans les atteintes extra-articulaires (inflammation de l’œil ou de l’intestin) ou dans certaines arthrites ou enthésites et c’est pour cette raison qu’ils sont utilisés dans la majorité des cas en infiltration intra-articulaire ou en infiltration des sacro-iliaques ou des enthésites rebelles aux AINS.
A côté des AINS et des antalgiques qui agissent sur la douleur (ou « traitements symptomatiques »), il existe des traitements qui n’ont pas d’efficacité immédiate mais qui agissent à long terme sur le cours évolutif de la maladie, ce sont les « traitements de fond » : salazopyrine et méthotrexate essentiellement et leflunomide dans le rhumatisme psoriasique. Ces traitements n’ont pas démontré leur intérêt dans les spondylarthrites touchant uniquement la colonne vertébrale ou les enthèses. Par contre, plusieurs études démontrent leur bénéfice sur les arthrites périphériques. Ils doivent être administrés sous surveillance médicale par un spécialiste.
Plus récemment, les anti-TNF, qui appartiennent au groupe des biothérapies, ont été utilisés avec succès dans la spondylarthrite ankylosante, tant axiale que périphérique. Ils sont de prescription initialement hospitalière et uniquement en cas de résistance du malade à au moins 3 AINS différents et ce pendant au moins 3 mois. D’autres biothérapies sont sont aussi, voire plus efficaces sur certaines atteintes, que les anti-TNF dans les spondyloarthrites (anti-IL17, anti-IL23, inhibiteurs de JAK...).
A côté du traitement médicamenteux, la rééducation est particulièrement importante dans la spondylarthrite ankylosante et en particulier pour prévenir l’enraidissement et l’ankylose dans de mauvaises positions. En période de crise, on utilise surtout la physiothérapie pour tenter de soulager la douleur. Le kinésithérapeute apprend au malade les positions à privilégier pour éviter de déformer la colonne vertébrale et les articulations. En période d'accalmie, le kinésithérapeute emploie des techniques de renforcement musculaire et d'assouplissement et apprendra au malade des exercices à réaliser à domicile entre les séances de kinésithérapie.
La chirurgie est indiquée dans certains cas, par exemple pour mettre en place une prothèse de hanche après une « coxite » évolutive, et, rarement, pour compenser une déformation vertébrale.
Comment suivre une spondylarthrite ankylosante ?
La spondylarthrite ankylosante est une maladie chronique, le plus souvent peu dangereuse si elle est bien prise en charge, mais qui nécessitera néanmoins d’être traitée pendant de nombreuses années. Dans cette perspective, il est nécessaire que le malade s’informe et connaisse mieux sa maladie et ses traitements, afin d’être, en quelque sorte, « un bon partenaire » pour le médecin.
La spondylarthrite ankylosante évolue souvent par poussées qu’il est nécessaire d’évaluer afin d’adapter le traitement au plus près de l’activité de la maladie. A cet effet, les médecins essayent d’utiliser des scores d’activité de la maladie qui sont basés sur l’évaluation d’un groupe de signes et sur la consommation de médicaments.
Il est nécessaire de bien suivre les prescriptions du médecin et, en cas de signe d’alerte (douleurs aiguës, fièvre, douleurs de l’estomac…), ne pas hésiter à consulter rapidement le médecin traitant, voire les urgences, afin d’éviter la perte de contrôle de la maladie et de prendre en charge correctement une éventuelle complication. En cas de douleur ou de rougeur d’un œil, ou encore de simple hyper-sensibilité à la lumière, il faut consulter rapidement un ophtalmologue pour éliminer ou traiter au plus vite une « uvéite ».
Certains traitements de fond, comme les biothérapies, nécessitent une surveillance médicale plus étroite avec des examens qu’il est absolument nécessaire de réaliser.
Comment vivre avec une spondylarthrite ankylosante ?
La spondylarthrite ankylosante touche souvent des adultes jeunes qui doivent pouvoir continuer à travailler entre les poussées de la maladie.
En cas de poussée, un arrêt de travail sera souvent prescrit. A distance d’une poussée, le recours au médecin du travail pourra être nécessaire pour envisager, le cas échéant, un aménagement du poste de travail ou un reclassement professionnel. Ceci devient moins fréquent avec les traitements par biothérapies. Dans les formes les plus sévères, un handicap peut apparaître et des aides à la vie quotidienne peuvent être proposées. Un ergothérapeute est susceptible d’aider les malades pour la confection des aides techniques, l’aménagement de l’environnement (cuisine, sanitaires, moyens de déplacement).
Aucun aliment n'est particulièrement déconseillé au cours de la spondylarthrite ankylosante, mais il est intéressant d’adopter une alimentation équilibrée et de conserver un poids normal pour éviter toute surcharge mécanique sur les articulations et la colonne vertébrale.
Aucune vaccination n'est contre-indiquée et tous les vaccins sont aussi efficaces que chez le sujet normal. En revanche, le méthotrexate et les anti-TNF pourraient rendre dangereux des vaccins à base de virus vivants « atténués » comme par exemple celui de la fièvre jaune. Ils sont donc contre-indiqués pendant ce type de traitement et, s’ils doivent absolument être réalisés, ils doivent l’être après l’interruption de ces traitements pendant plusieurs semaines.
S’il est conseillé de se reposer pendant les poussées, il est par contre indispensable d’avoir une activité physique à distance, et celle-ci peut même remplacer une partie de la rééducation. L’activité physique sera choisie en fonction des goûts du malade ainsi que des possibilités offertes par la maladie. La natation est bien sûr toujours excellente car elle favorise le redressement de la colonne vertébrale, de même que le volley-ball. Pour le vélo, il est nécessaire d’éviter la position penchée en avant et de privilégier les vélos avec un guidon haut, comme les vélos « hollandais ».
La Spondylarthrite Ankylosante en France
En France, entre 250 000 et 300 000 personnes souffrent d’une spondylarthrite (soit 0,4 % de la population française) et autant que la polyarthrite rhumatoïde.
Bien qu'avec des formes différentes, la spondylarthrite est aussi fréquente chez la femme que chez l'homme.
Les personnes atteintes ont souvent en commun un terrain génétique prédisposant : ils sont porteurs du HLA B 27 (Human Leucocyte Antigen).
80 à 90 % des patients qui souffrent de la maladie sont porteurs du HLA B 27, mais celui-ci est aussi présent chez 7 à 8% des Français.
Les liens de la Spondylarthrite Ankylosante
Le site de l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR)
http://www.aflar.org/
Les liens Pourquoi Docteur
Spondylarthrite ankylosante : les momies d'Egypte livrent leurs secrets
Rhumatisme psoriasique : une arthrite potentiellement très destructrice
Crohn : une maladie inflammatoire auto-immune de tout l’intestin
Psoriasis : une maladie inflammatoire de la peau et des ongles
La rectocolite hémorragique : des solutions contre les coliques et les diarrhées sanglantes
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commentaires (3)
Bonjour Mathias et les autres,
La SPA entraîne souvent des enthésites cad inflammation de l'insertion des tendons. Ces dernières se traitent de la même manière que les tendinites : anti-inflammatoires, infiltrations, froid...
Il faut trouver le bon traitement de fond et cela peut être long : anti-tnf, salazopyrine, méthotrexate, anti-Jak.... Et surtout de la kiné pour limiter l'ankylose et des antalgiques contre la douleur : paracétamol, codéine, Tramadol....
À voir avec le rhumatologue mais aussi le généraliste
Bon courage
Bonjour je suis diagnostiqué spondylarthrite ankylosante, ... Mon rhumatologue a mis sous simpony 3 mois sans résultat .
Là je suis sous cosentyx 150 en phase d attaque piqûre par semaine et après encore 2 mois .
Mon problème est là le rhumatologue me dit que les tendinite ne font pas partie de spondylarthrite alors que je lis l'inverse sur votre article comme sur d'autres.
Mon kiné dit que je fais de enthésopathie
Alors je n'y comprends plus rien et j'ai de plus en plus de douleurs:
Je fais le bilan depuis que ça a commencé il y a 8 ans
Tendon d'Achille bursite tendinite les 2
Après je faisais encore 110kg a l époque là donc on me disait que c'était le point.... maintenant 60 kg voir moins.
J'avais mal au dos le bas du dos j'ai eu un IRM et c'est là qu'ils ont vu que mes sacro-iliaque était esquinté la le 4 et 5 aussi je crois début Hernie mais je suis pas sûr
Après j'ai commencé à avoir mal dans la fesse qui descend jusque au genou le gros tendon du genou qui raccorde la cuisse et ça me remonte jusqu'à la fesse même allongé ça me tire derrière nous les tendons
Et maintenant donc 8 ans après j'ai commencé à avoir un point entre l'omoplate et la colonne suivi d'un point du trapèze gauche qui se suit derrière l'épaule et maintenant l'avant-bras qui rejoint le poignet ça commence à faire beaucoup
L'avant-bras droit ça me fait de vraiment de temps en temps donc ça c'est rien
Et partiellement j'ai les tendons des poignées les tout-petits tendons
Donc je vois bien que mon problème est plus tendineux mon kiné lui dit que je fais de enthésopathie
Voilà donc je suis perdu j'espère avoir de vos nouvelles pour quelques conseils merci beaucoup d'avance
Description précise des spondylarthrites et de la spondylarthite ankylosante.