Gastroentérite : une diarrhée aiguë surtout virale et épidémique
La gastroentérite aiguë est une infection digestive avec inflammation de la paroi de l’intestin. Elle est responsable de nausées, de vomissements, de douleurs du ventre et de la diarrhée. Il existe parfois une fièvre et elle peut conduire à une déshydratation. Dans deux tiers des cas, la gastroentérite est due à une infection par un virus tel qu’un rotavirus, un norovirus, un adénovirus…
Des mots pour les maux
La gastroentérite est aussi appelée Gastro.
Les diarrhées aiguës les plus fréquentes sont des gastroentérites virales l’hiver et des turistas d’origine bactérienne au cours des voyages en pays exotiques.
Qu’est-ce qu’une diarrhée aiguë ?
Une diarrhée est définie par des émissions de selles liquides ou pâteuses qui sont quotidiennes, trop fréquentes et trop abondantes (poids supérieur à 300 g/j). En pratique, on parle de diarrhée lorsqu'il y a plus de trois selles molles ou liquides par jour.
Une diarrhée aiguë dure en général moins de 8 à 10 jours. Elle est précédée d'un transit normal et ne récidive pas à court terme. Une diarrhée chronique dure en général des mois ou des années. Le début d'une diarrhée chronique peut cependant être confondu avec une diarrhée aiguë.
Quelles sont les causes ?
Les principales causes de la diarrhée aiguë sont virales, bactériennes (la bactérie elle-même ou sa toxine), parasitaires ou médicamenteuses (antibiotiques, colchicine, digitaliques, chimiothérapie...).
Une diarrhée aiguë en rapport avec une inflammation de la muqueuse du tube digestif d’origine virale ou bactérienne est souvent appelée « gastroentérite aiguë ». Elle est le plus souvent virale et est alors très contagieuse. Les gastroentérites virales surviennent chaque année par épidémie en décembre-janvier-février.
Plus de 10 % des patients recevant des antibiotiques peuvent souffrir d'une diarrhée. Celle-ci est le plus souvent bénigne, peu abondante et transitoire. Elle est due le plus souvent à une diminution de la capacité de fermentation du côlon. Mais, plus rarement, elle peut être liée à la sélection d’une bactérie pathogène dans le côlon, tout particulièrement le Clostridium difficile.
Plus rarement, la diarrhée aiguë peut être liée à une intolérance alimentaire. Exceptionnellement, chez le sujet âgé « polyvasculaire » (atteintes vasculaires ischémiques multiples), une diarrhée aiguë peut être liée à une obstruction des artères nourricières des intestins qui entraîne un infarctus de l’intestin.
Comment attrape-t-on une gastroentérite ?
La transmission de la gastroentérite infectieuse se fait par un contact direct avec une personne malade, ou indirectement par ingestion d’aliments ou de l'eau contaminés par une personne malade ou par contact avec des objets ou les mains sur lesquels se sont déposées de fines particules de selles des personnes malades (infection « manu-portée »).
La gastroentérite est donc favorisée par la vie en collectivité et la restauration collective.
Des épidémies de gastroentérites à rotavirus surviennent chaque année en décembre-janvier-février.
Comment évolue-t-elle?
La gastroentérite virale dure généralement moins de trois jours et ne réapparaît pas à court terme.
La diarrhée bactérienne peut durer jusqu'à deux semaines.
Au cours d’une diarrhée aiguë, surtout si elle est accompagnée de vomissements, peuvent apparaître des complications comme une déshydratation. Ce risque est particulièrement fréquent chez les nourrissons, les personnes âgées ou celles qui souffrent d’une maladie chronique.
Quels sont les signes ?
Dans la majorité des cas, la gastroentérite se manifeste par une diarrhée aiguë d'apparition brutale en contexte épidémique.
Cette diarrhée se caractérise par une augmentation soudaine de la fréquence des selles (plus de trois selles en 24 heures) et de leur consistance (molles ou liquides). La diarrhée peut s'accompagner de nausées et/ou de vomissements, de douleurs abdominales (crampes), d'une fièvre modérée et, parfois, de sang dans les selles.
Comment faire le diagnostic ?
Lorsqu'un avis médical est nécessaire, le médecin traitant interroge le malade sur la fréquence, la consistance et le volume des selles et procède à un examen général pour vérifier l'absence de déshydratation. C’est la survenue d’une diarrhée aiguë associée aux signes usuels en contexte épidémique qui suffira pour porter le diagnostic.
Un examen bactériologique des selles est rarement utile, mais il sera demandé en cas de présence de sang dans les selles, de diarrhée sévère ou persistante, si une épidémie est suspectée ou si le malade revient d'un pays tropical.
Lors d’une diarrhée aiguë survenant lors de la prise d’un antibiotique et si une diarrhée à Clostridium difficile est suspectée par le médecin, une endoscopie intestinale pourra être demandée.
Comment faire la différence ?
La gastroentérite est à différencier d’une toxi-infection alimentaire où la diarrhée liquide est brutale et s’accompagne de douleurs abdominales, de vomissements, rarement de fièvre, et, très rarement, d’un état de choc. L'évolution est le plus souvent bénigne et spontanément résolutive en quelques jours.
L'allergie alimentaire est un autre diagnostic différent de la gastroentérite. La diarrhée aiguë survient lors de la prise de l'aliment en cause et peut s’accompagner de signes allergiques (démangeaisons, urticaire, crise d’asthme, rhinite allergique…). Le traitement repose sur l'éviction de l'aliment.
Une diarrhée qui survient sous antibiotique n’est pas une gastroentérite. Il faut consulter en cas de diarrhée abondante qui retentit sur l'état général. La crainte est alors qu’il s’agisse d’une colite pseudomembraneuse, qui est la forme la plus sévère d'infection liée à la bactérie Clostridium difficile. Son diagnostic repose sur la mise en évidence du micro-organisme en excès et de ses toxines dans les selles et/ou sur la mise en évidence de pseudomembranes lors d'une coloscopie.
La gastroentérite ne doit pas non plus être confondue avec un syndrome dysentérique. Celui-ci est défini par des évacuations glaireuses et sanglantes qui peuvent ne pas contenir de matières fécales. Ces évacuations s’accompagnent habituellement de douleurs abdominales à type de coliques s'achevant par une fausse envie pressante et impérieuse d’aller à la selle (« épreintes ») et d’une sensation de brûlure anale avec envie constante d’aller à la selle (« ténesme »).
La diarrhée des voyageurs ou turista
Un voyageur sur trois environ sortant de son pays et voyageant généralement dans un pays où l’hygiène n’est pas aux normes occidentales, fait un épisode diarrhéique. Cette diarrhée aiguë est le plus souvent sans gravité et de durée brève (24 à 48 heures), mais elle peut l’obliger à garder le lit ou même à modifier son voyage (30 % des cas).
La turista est essentiellement liée à une infection digestive par certaines souches d'Escherichia coli, qui provoquent une diarrhée en raison des « entérotoxines » qu’elles sécrètent, ou de Shigella dysenteriae. Ces germes sont sensibles aux médicaments qui sont généralement prescrits dans ces circonstances comme le triméthoprime-sulfaméthoxazole ou les fluoroquinolones.
Les salmonelles non typhiques, les clostridies, les lambliases, les virus ou les amibes sont parfois en cause.
Que faut-il boire et manger en cas de gastroentérite ?
Dans la plupart des cas, la diarrhée aiguë peut être prise en charge au domicile, en particulier si l’affection est récente et n’empêche pas de boire. La diarrhée aiguë est donc le plus souvent soignée en suivant quelques conseils alimentaires.
Il faut boire plus que d'habitude, notamment des boissons contenant du sucre et du sel (eau sucrée, bouillons de légumes) pour compenser les pertes en eau et en sel liées à la diarrhée.
Il est nécessaire de prendre des repas plus petits mais plus fréquents, composés d'aliments salés, riches en sucres et sans résidus (riz, pâtes, carottes cuites).
À l'exception des bananes, il vaut mieux éviter les fruits et les légumes crus, les boissons glacées.
Les sodas ne sont pas vraiment contre-indiqués mais sont souvent mal tolérés. Il est moins difficile de les tolérer en les dégazéifiant un peu.
Dans la plupart des cas, ces règles alimentaires sont suffisantes et les symptômes disparaissent en quelques jours.
Cependant, pour soulager les symptômes et limiter la diarrhée, il est possible de prendre en plus des médicaments disponibles sans ordonnance comme des pansements intestinaux (argiles…) ou des ralentisseurs du transit.
Les diarrhées aiguës sont, la plupart du temps, d'origine virale et ne nécessitent pas d'antibiotiques. Le traitement antibiotique ne se justifie que si la cause bactérienne de la diarrhée a été établie par un examen de selles en laboratoire ou en cas de complication.
Dans de rares cas, la diarrhée peut entraîner une déshydratation et nécessiter une hospitalisation pour réhydrater le malade au moyen d’une perfusion.
Peut-on prendre les anti-diarrhéiques ?
La prise en charge de la gastroentérite consiste d'abord à prévenir la déshydratation et à éviter la contamination de l'entourage. En cas de diarrhée aiguë, deux types de médicaments existent :
Les plus simples à utiliser sont les « pansements » intestinaux (ou protecteurs intestinaux) qui vont tapisser la muqueuse intestinale ou absorber les gaz. Ils peuvent cependant diminuer l'effet d'autres médicaments qui seront pris par ailleurs (bien lire la notice).
Les autres médicaments qu’il est possible d’utiliser avec prudence sont des ralentisseurs du transit. Ceux-ci réduisent les contractions de l'intestin ou limitent l’excrétion d’eau par la muqueuse intestinale et diminuent donc la fréquence des selles. Dans la mesure où la diarrhée aiguë est une forme de défense de l’organisme pour éliminer les germes, ils doivent être utilisés avec prudence.
En particulier, en cas de diarrhée avec du sang dans les selles, les ralentisseurs sont contre-indiqués et il faut consulter un médecin.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut consulter le médecin traitant si la diarrhée et les vomissements persistent au-delà de deux jours, si la diarrhée récidive, si les selles contiennent du sang ou des glaires, si la diarrhée survient après un voyage dans un pays tropical et si la diarrhée est apparue après la prise d’un nouveau médicament.
Le délai de consultation sera rapide (24 à 48 heures) chez les sujets fragiles : le nourrisson, la personne de 75 ans et plus et en cas de maladie chronique ou d’immunodépression. Il faut consulter dans la journée s’il existe des douleurs, une fatigue, un amaigrissement brutal, une forte fièvre et si le malade ne parvient pas à boire.
Il faut appeler le 15 ou le 112 en cas de signes de déshydratation (soif intense, bouche sèche et petit volume urinaire avec urines foncées), en cas de somnolence ou de confusion.
Quelles sont les questions que va poser le médecin ?
Le médecin interrogera le malade sur la fréquence, la consistance et le volume des selles. Il demandera s’il y a une soif importante et procèdera à un examen général pour vérifier l'absence de déshydratation.
Il est important également de rapporter toutes les maladies chroniques éventuelles dont souffrirait le malade, ainsi que les médicaments qui ont été pris et les voyages récents qui ont pu être effectués.
Comment éviter la gastroentérite en période d’épidémie ?
La gastroentérite est très contagieuse, surtout si elle est d’origine virale. Afin de limiter sa propagation à l’entourage, quelques précautions d'hygiène sont nécessaires :
• Il faut se laver les mains fréquemment (avant de préparer les repas, avant de manger, après être allé aux toilettes...).
• Il faut ranger les brosses à dents séparément.
• Il faut nettoyer les toilettes avec un désinfectant, après chaque diarrhée.
• Il faut nettoyer les surfaces qui sont fréquemment touchées par tout le monde telles que les poignées de porte, le téléphone, les toilettes, les lavabos.
• Les essuie-mains doivent être changés régulièrement.
• Il faut éviter de partager les verres et les couverts à table.
Les personnes qui ont une diarrhée ne doivent pas intervenir dans la préparation des repas.
Combien de temps reste-t-on contagieux après une gastroentérite ?
En cas de contamination, sachez qu’il n’est pas bon de reprendre une activité collective trop tôt. Même après la fin des symptômes, il est encore possible de transmettre le virus, que se soit à la crèche, à l’école ou au travail.
L’assurance maladie recommande pour les gastro-entérites virales un arrêt de travail de trois jours, à adapter selon la sévérité des symptômes. Ces conseils sont basés sur les gastro-entérites virales les plus communes, à norovirus. Dans ce cas précis, le taux le plus élevé d’excrétion dans les selles survient 24 à 48 heures après que tous les symptômes ont disparu, et diminue ensuite rapidement. Certaines personnes ne seront donc plus contagieuses à partir de 24 heures. Mais pour être tout à fait certain de ne contaminer personne, tous les malades devraient reprendre leurs activités collectives 48 heures après fin des symptômes. Le délai de 48 heures est considéré comme particulièrement nécessaire pour certaines catégories de personnes plus à risque, comme celles qui préparent de la nourriture, le personnel de santé ou les enfants de moins de cinq ans vivant en communauté (crèches, groupes d’activités).
Concernant les gastro-entérites d’origines moins courantes (bactérienne ou parasitaire), les délais de contamination peuvent s’allonger considérablement (jusqu'à 100 jours pour les salmonelles.
La Haute Autorité de Santé précise : "le retour (ou la levée d’isolement) d’un sujet malade (enfant ou adulte) en collectivité n’est sous tendu à la prescription d’antibiotiques que de façon exceptionnelle (coqueluche, streptocoque du groupe A, shigelles...). Dans ces cas seulement, la collectivité peut demander à la personne ou sa famille la preuve que cet antibiotique a bien été prescrit (copie de l’ordonnance)." Les experts ajoutent : "par ailleurs, dans de rares cas, le retour en collectivité peut être subordonné à la production d’examens microbiologiques négatifs. Par contre, la collectivité est infondée à demander la fourniture d’un certificat de non contagion, que les médecins doivent s’abstenir de rédiger."
Comment prévenir la turista en cas de voyage dans un pays à risque ?
Les pays où l’ont peut attraper une turista sont les pays généralement chauds où le niveau d'hygiène est plus faible que dans les pays occidentaux. Pour prévenir la diarrhée des voyageurs, il faut respecter quelques règles d'hygiène :
• Il faut boire uniquement de l'eau en bouteille fermée, des boissons chaudes (thé) ou de l'eau traitée.
• Il faut éviter les glaçons, les glaces et l'eau du robinet (même pour se laver les dents).
• Il ne faut pas manger de légumes crus, ni de fruits, sauf ceux que l’on peut laver et peler soi-même.
• Il ne faut manger que de la viande et du poisson bien cuits.
• Il ne faut pas manger les fruits de mer ou les plats préparés à consommer froids.
• Il faut se laver régulièrement les mains.
La diarrhée aiguë en France
Le rotavirus est la cause la plus courante de diarrhée et de déshydratation chez l'enfant, en particulier dans les pays développés. En France, une épidémie hivernale de gastroentérite à rotavirus est responsable de 1 à 2 millions de consultations en 8 semaines chez le généraliste.
Il s'agit donc d'un problème de santé publique, d’autant que cette épidémie survient souvent en même temps que les épidémies de bronchiolite et de grippe. Cela peut être responsable d’une surcharge des unités de soins en pédiatrie.
La surveillance de l'évolution de ces épidémies en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm qui publie ces données.
Nous vous recommandons :
Le site de la caisse nationale d’assurance maladie
http://www.ameli-sante.fr/gastro-enterite-de-ladulte/liste-des-medicaments.html
Le site de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie
http://www.snfge.org/content/diarrhee-aigue
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