Grippe pandémique : les virus à risque sont toujours en circulation
Une pandémie grippale peut résulter d’un virus mutant, né de la rencontre entre un virus humain et un virus animal chez la même personne. Les virus aviaires A(H5N1) et A(H7N9) ont causé de graves infections chez l’homme, comme d’autres sous-types : le virus aviaire H9 et les virus porcins H1 (A(H1N1)) et H3.
Des mots pour les maux
Une « pandémie » et une « épidémie » se définissent toutes deux comme une forte augmentation des cas d’une même maladie à un moment donné. La différence se situe dans l’étendue du phénomène : la pandémie se caractérise par une diffusion géographiquement très étendue à plusieurs continents, voire tous.
Ces épidémies ou pandémies se produisent lors de l’apparition d’un nouveau sous-type de virus résultant d’une « modification génétique » substantielle.
Cette évolution génétique se fait, soit de façon modérée par « glissement » (« shift ») lors des épidémies saisonnières, soit de façon plus importante par « mutation » ou « cassure » (« drift ») lors des pandémies. Ce dernier phénomène ne concerne que les virus de type A. Il est responsable de l’apparition de nouveaux virus contre lesquels la population n’est pas protégée.
Qu'est-ce qu’une grippe pandémique ?
Une pandémie grippale est une épidémie caractérisée par la diffusion rapide et très étendue géographiquement (plusieurs continents ou le monde entier) d’un nouveau sous-type de virus résultant d’une transformation génétique conséquente. Le virus possédant des caractéristiques immunologiques nouvelles par rapport aux virus habituellement circulants, l’immunité de la population est faible voire nulle, ce qui a pour conséquence de permettre à la maladie de se propager rapidement.
Une transmission du virus aviaire à l’homme, possible mais exceptionnelle, risque de favoriser, chez une personne déjà contaminée par le virus de la grippe classique humaine, des échanges de matériel génétique entre ces deux virus. Un tel « réassortiment génétique » pourrait engendrer l’apparition d’un nouveau type de virus, aussi létal que le virus aviaire, mais plus facilement transmissible d’homme à homme. Ce mécanisme aboutirait à un risque de pandémie, comme cela s’est vu par le passé.
La grippe aviaire, ou « grippe du poulet », est une infection due à un virus de la grippe qui comprend plusieurs types dont Influenzavirus A. Celui-ci est divisé en sous-types en fonction de ses protéines de surface (Hémaglutinine ou Neuraminidase), parmi lesquels les sous-types H5 et H7. Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux sauvages ou domestiques et peut être fortement contagieuse, surtout chez les poulets et les dindes, avec un risque de mortalité élevée dans ces espèces. Après une période d’incubation de 3 à 5 jours, peuvent apparaître : une diminution de l’appétit, une réduction considérable de la production d’œufs, puis une évolution vers une mort subite des volailles (la mortalité des volailles peut atteindre de 90 à 100 %).
Le virus influenza aviaire peut éventuellement infecter d’autres espèces animales, comme le porc ou d’autres mammifères. On parle « d’épizootie » de grippe aviaire lorsque la maladie affecte brutalement un grand nombre d’animaux à la fois dans une région donnée.
La grippe A(H1N1) de 2009 est une infection à un virus qui résulte de phénomènes de recombinaison à partir de virus de porc, d’un virus humain et d’un virus aviaire, mais qui s’est transmis d’homme à homme. Dans l’épidémie de 2009, les virus isolés chez les malades étaient des virus qui appartenaient à la famille A(H1N1), mais ce nouveau virus est différent du virus A(H1N1) de la grippe saisonnière.
Un virus influenza animal est-il transmissible de l’animal à l’homme ?
Le virus de la grippe aviaire de type A(H5/N1) peut se transmettre de l’animal à l’homme. Le phénomène est observé depuis janvier 2004 en Asie avec l’existence de plusieurs cas confirmés de transmission de ce type. Un phénomène semblable de transmission d’un virus aviaire à l’homme a été observé en Chine en 1997 (« grippe du poulet à Hong Kong ») avec un virus A(H5/N1) et aux Pays-Bas au printemps 2003 avec un virus A(H7/N7).
La majorité des cas humains d’infection à virus aviaire qui ont été recensés, A(H5N1) et A(H7N9), étaient associés à des contacts directs ou indirects avec des volailles contaminées, vivantes ou mortes. Le virus se transmet essentiellement par contamination aérienne (secrétions respiratoires), soit par contact direct, notamment avec les sécrétions respiratoires et les matières fécales des animaux malades, soit de façon indirecte par l’exposition à des matières contaminées (par l’intermédiaire de la nourriture, de l’eau, du matériel et de vêtements contaminés). Les espaces confinés favorisent la transmission du virus. Il n’existe aucune donnée tendant à prouver que la maladie puisse être transmise à l’homme par des aliments convenablement cuits.
Une transmission secondaire d’homme à homme est possible mais reste exceptionnelle (3 cas intra-familiaux documentés aux Pays-Bas au printemps 2003 avec le virus A(H7/N7)). Selon l’OMS, il n’existe pas de preuve d’une transmission inter-humaine simple de ces virus. Il s’agit d’événements assez rares, par exemple entre malades et soignants.
Les virus aviaires A(H5N1) et A(H7N9) demeurent cependant des virus grippaux à « potentiel pandémique », car ils continuent à circuler à grande échelle dans certaines populations de volailles dans différentes parties du monde. La plupart des personnes ne sont pas immunisées contre ces virus qui peuvent donc provoquer chez eux de graves maladies et des décès.
Quand faut-il évoquer une grippe pandémique chez l’homme ?
Chez de nombreux malades, la maladie induite par le virus A(H5N1) présente une évolution particulièrement brutale, avec une dégradation rapide de l’état du général et un taux de mortalité élevé.
Après une durée d’incubation plus longue que la grippe classique, et pouvant aller jusqu’à sept jours selon l’OMS, la maladie se présente d’abord comme une grippe banale (fièvre supérieure à 38°C associée à des maux de gorge, des douleurs musculaires et des troubles respiratoires comme une toux), mais elle s’aggrave rapidement du fait de l’apparition de troubles respiratoires sévères.
Chez de nombreux malades, on observe une atteinte des voies respiratoires inférieures dès le début de la maladie. Une détresse respiratoire, un enrouement et des craquements à l’inspiration sont fréquemment observés. La production d’expectorations, parfois sanglantes, est variable. Parmi les complications des infections à virus A(H5N1) et A(H7N9), il faut signaler l’hypoxémie, de multiples défaillances d’organes, en particulier respiratoires, et des surinfections bactériennes et à champignons.
Quels sont les facteurs de risque d’infection chez l’homme ?
Le principal facteur de risque d’infection humaine semble être l’exposition directe ou indirecte à des volailles infectées, vivantes ou mortes, ou à des environnements contaminés.
Les personnes les plus exposées sont donc celles qui travaillent ou interviennent dans une zone contaminée :
- Les éleveurs et leur famille quand elles résident à proximité des élevages,
- Les techniciens de coopératives et les vétérinaires,
- Les techniciens et vétérinaires des services,
- Les équipes de dépeuplement (personnels qui collectent les volailles vivantes avant euthanasie ou mortes après l’euthanasie, et les carcasses),
- Les équipes d’euthanasie qui manipulent le matériel spécifique,
- Les équipes de nettoyage et de désinfection,
- Les équipes d’intervention et de ramassage des carcasses (équarrisseurs),
- Et le personnel technique des laboratoires de diagnostic et de recherche.
Comment faire le diagnostic de grippe pandémique chez l’homme ?
Il existe des tests de diagnostic rapide de grippe qui permettent simplement de confirmer ou non l’existence du virus grippal sans en préciser le type.
Les tests de diagnostic précis du sous-type de virus sont pratiqués dans les laboratoires spécialisés de référence du réseau mondial de la grippe.
Quel est le risque de complications chez l’homme ?
Chez l’homme, le taux de mortalité lié aux infections par les virus A(H5N1) et A(H7N9) est beaucoup plus élevé que celui imputable à la grippe saisonnière. Le virus A(H7N9) touche particulièrement les personnes souffrant d’affections médicales préexistantes.
La mortalité chez l’homme est essentiellement liée à de multiples dysfonctionnements d’organes, en particulier respiratoires (SDRA), et des surinfections bactériennes et à champignons.
Quand faut-il consulter en urgence ?
L’installation d’un essoufflement avec une détresse respiratoire, un malaise et des troubles de la conscience doit faire appeler le SAMU.
Quel est le traitement de la grippe pandémique chez l’homme ?
• Les données dont on dispose tendent à prouver que certains antiviraux, en particulier l’oseltamivir, peuvent réduire la durée de multiplication (« réplication ») du virus et améliorer les chances de survie. Il n’est théoriquement efficace que s’il est administré dans les 48 premières heures après le début des premiers signes de l’infection.
Compte tenu de la forte mortalité actuellement associée à l’infection à A(H5N1), A(H7N9) et 1(H1N1) et des données indiquant une « réplication plus prolongée » du virus dans ces maladies, l’administration de ce médicament doit aussi être envisagée chez les malades qui consultent à un stade plus tardif de l’évolution de la maladie.
• L’administration de corticoïdes n’est pas recommandée.
• Les antibiotiques, non actifs contre les virus, ne sont utilisés qu’en cas de surinfection bactérienne avérée.
• En cas de survenue d’un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA), une hospitalisation en réanimation respiratoire avec assistance à l’oxygénation est possible, mais le nombre de place est limité.
Quels sont les moyens généraux de prévention chez l’homme ?
Le virus de la grippe se transmet principalement par des gouttelettes respiratoires émises lors de la parole, de l’éternuement ou de la toux. Différentes mesures doivent être respectées afin de ralentir la propagation du virus :
• Le maintien à domicile des personnes atteintes, en l’absence de complications graves, permet d’éviter la transmission du virus notamment en milieu de soin. Les professionnels de santé libéraux assureront la prise en charge à domicile et décideront de l’hospitalisation des cas graves.
• Une quarantaine à domicile pendant 6 jours des personnes ayant eu des contacts sans protection avec des malades est recommandée.
• Le port de masque permet de limiter le risque de transmission du virus. Deux types de masques sont recommandés :
- Le masque de type chirurgical porté par une personne malade afin de limiter la contamination de son environnement et de son entourage proche (évite la projection de gouttelettes respiratoires),
- Le masque de protection respiratoire (type FFP2 ou à défaut FFP1) porté par le personnel soignant en charge d’une personne malade afin de le protéger d’une contamination.
• Le virus peut aussi se trouver sur les mains et les surfaces inertes. Le respect strict des mesures classiques d’hygiène permet également de limiter le risque de transmission du virus : le lavage des mains est essentiel.
Il doit se faire soigneusement au savon durant au moins 30 secondes et doit être répété dans la journée, en particulier après les mouchages et les éternuements, après chaque contact avec un malade, après chaque sortie et retour au domicile.
• Il est également essentiel de se couvrir la bouche et le nez chaque fois qu’on tousse ou qu’on éternue, ne pas cracher par terre, mais toujours dans un mouchoir, d’utiliser des mouchoirs en papier à usage unique et de toujours se laver les mains après chacune de ces actions.
• Enfin, en situation pandémique, des mesures visant à interdire les lieux de rassemblement publiques pourront être prises.
Quels sont les moyens médicaux de prévention chez l’homme ?
• Le vaccin contre la grippe humaine saisonnière qui est élaboré chaque année, ne protège pas contre le virus de la grippe aviaire.
• Un vaccin efficace ne pourra être fabriqué que lorsque la souche du virus responsable de la pandémie sera connue et isolée. Le délai de fabrication serait de plusieurs mois à partir du début de la pandémie.
Le vaccin dirigé contre le virus H5N1 actuellement observé en Asie (appelé vaccin pré-pandémique) pourrait être utilisé pour vacciner d’une part les professionnels de santé qui traiteraient les personnes malades en provenance d’Asie, d’autre part les professionnels en contact avec un élevage français touché par le virus actuellement en circulation en Asie.
En cas de pandémie, ce vaccin ne serait efficace que si le nouveau virus est proche du virus pré-pandémique actuellement connu (H5/N1).
• Il n’y a pas de traitement médicamenteux préventif contre la grippe aviaire mais, dans certaines circonstances (malades immunodéprimés), un traitement anti-viral post-exposition par oseltamivir (Tamiflu®) pourrait être proposé.
Les autorités sanitaires ont des plans d’utilisation de ces médicaments.
La grippe pandémique en France
Les différentes pandémies de grippe ont toujours été associées à un surcroît de mortalité par rapport à la mortalité des épidémies classiques.
De plus, elles ont touché certaines populations habituellement peu concernées par les décès grippaux, comme les sujets jeunes.
Les liens de la grippe aviaire
Le site dédié du Ministère de la Santé
http://www.sante.gouv.fr/grippe-aviaire-grippe-du-poulet,444.html
Le site de l’OMS
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/avian_influenza/fr/
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