Cancers du nez, de la bouche et de la gorge : trop de tabac et d'alcool
Le cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) atteint une partie de cet organe respiratoire et digestif qui est situé au niveau de la tête ou du cou (nez, bouche, gorge). Sa survenue est très souvent liée à une consommation trop élevée d’alcool et de tabac... mais parfois à un virus.
Des mots pour les maux
Les « cancers des voies aérodigestives supérieures » (ou « VADS ») regroupent les cancers des cavités nasales, des sinus, de la bouche, de l’arrière-gorge (« pharynx » ou « larynx »).
Le « papillomavirus humain » (ou « HPV ») est responsable d’infections sexuellement transmissibles (IST) et joue un rôle dans le cancer du col de l’utérus et de certains cancers des VADS ou de l’anus.
Que sont les cancers du nez, de la bouche et de la gorge ?
Ces cancers touchent les surfaces de revêtement interne, les « muqueuses », des « voies aérodigestives supérieures » (VADS), c’est-à-dire les conduits de la tête et du cou où passent l’air et les aliments.
Sont donc concernés les fosses nasales, les sinus, les lèvres, la bouche, les glandes salivaires, le pharynx et le larynx. Ce dernier contient les « cordes vocales » dont les vibrations permettent la voix. Les VADS jouent donc un rôle important dans la respiration, l’alimentation et la parole.
La grande majorité de ces cancers sont des « carcinomes épidermoïdes » qui prennent naissance dans les cellules superficielles des muqueuses.
Quelles sont les causes ?
Deux facteurs favorisants sont au premier plan dans le survenue de ces cancers : le tabac et l’alcool. Ils sont en cause dans près de 95 % des cancers des VADS. Plus les consommations sont élevées et prolongées, plus le risque de cancer augmente et leur association aggrave encore le risque.
Certains agents infectieux tels que le « papillomavirus », qui est responsable de certaines infections sexuellement transmissibles (IST), favorisent la survenue de cancers du col de l’utérus, mais aussi de cancers des VADS, notamment des amygdales et de l’arrière-gorge.
Un mauvais état bucco-dentaire et une hygiène bucco-dentaire déficiente peuvent aussi être responsables d’irritations chroniques de la bouche qui peuvent évoluer en cancer.
Des substances irritantes cancérigènes inhalées sur le lieu de travail sont parfois en cause (solvants, peintures, chrome, poussière de bois…) et certains cancers peuvent faire l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle.
Quand faut-il évoquer un cancer des VADS ?
Au début de leur développement, ces cancers donnent peu ou pas de signes.
Ils se manifestent tardivement par une gêne ou une douleur, l’apparition d’un ganglion au cou, une difficulté pour avaler ou parler, une rougeur ou une plaie ne guérissant pas dans la bouche, parfois un saignement.
Comment faire le diagnostic ?
C’est le médecin spécialiste, appelé « oto-rhino-laryngologue » ou « ORL », qui se charge de l’examen ORL complet.
Lorsqu’une lésion suspecte a été identifiée, elle doit être « biopsiée », c’est-à-dire qu’un petit fragment de la zone est prélevé puis examiné au microscope. Cet examen permet d’affirmer le diagnostic de cancer.
Selon la localisation de la lésion, une endoscopie peut être nécessaire pour la réaliser : il s’agit d’introduire un tube (« laryngoscope ») par la bouche.
Le diagnostic de cancer posé, le bilan d’extension de la maladie doit être réalisé. Un scanner ou une IRM (imagerie par résonnance magnétique) et une TEP (tomodensitométrie par émission de positons) sont alors pratiqués.
Ces examens permettent de savoir si des ganglions sont atteints et s’il existe des métastases.
Faut-il consulter en urgence ?
Une douleur ou une gêne persistante dans les zones concernées par ces cancers, ou la découverte d’une lésion qui ne guérit pas, ou d’un ganglion régional, doivent faire consulter le médecin traitant sans délai.
Après examen, ce dernier décide alors de la nécessité de consulter un spécialiste ORL.
Quel est le traitement ?
Trois modes de traitement peuvent être proposés pour soigner un cancer des VADS : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Ils sont réalisés séparément ou en association. Le traitement dépend du type de la tumeur, de sa taille, de sa localisation et de l’état de santé du malade.
• La chirurgie est le traitement principal. Elle permet d’enlever la tumeur, si possible en totalité, et de l’analyser avec précision.
Parfois, le chirurgien est contraint d’enlever une partie ou la totalité de pharynx ou du larynx, cordes vocales comprises. Ces interventions peuvent entraîner des séquelles temporaires ou définitives concernant les fonctions de la parole, la respiration et la déglutition.
Parfois, le chirurgien a recours à une « trachéotomie » (ouverture de la trachée à la base du cou pour permettre la respiration) transitoire ou définitive. Il peut également pratiquer une « gastrostomie », c’est-à-dire la mise en place provisoire d’une sonde reliant l’estomac à la peau pour garantir un apport alimentaire satisfaisant.
• La radiothérapie et la chimiothérapie sont souvent utilisées en complément de la chirurgie. Leur but est d’éliminer les cellules cancéreuses restant après la chirurgie pour éviter les récidives.
La « curiethérapie » est une technique de radiothérapie locale en continu par des implants radioactifs introduits dans la tumeur qui peut être utilisée pour certains cancers des VADS.
La chimiothérapie nécessite la mise en place sous la peau d’une « chambre implantable » dans laquelle le médicament est injecté : sels de platine, 5-FU (fluoro-uracile), docétaxel et méthotrexate sont les médicaments chimiothérapeutiques les plus utilisés.
Depuis quelques années, des « thérapies ciblées » ont été mises au point, c’est-à-dire des médicaments attachés à des anticorps qui vont se fixer directement sur les cellules cancéreuses pour les détruire : c’est la « vectorisation ». Le cétuximab est un anticorps qui appartient à cette nouvelle classe de médicament.
Dans tous les cas, l'arrêt de la consommation de tabac et d'alcool est indispensable.
Le traitement des maladies associées et les soins de support font partie de la prise en charge de la maladie.
Qu’est-ce qu’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) ?
La stratégie de traitement d’un cancer n’est pas mise au point par un seul médecin, elle est décidée de façon collégiale au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) pendant laquelle plusieurs médecins de spécialités différentes déterminent en commun les meilleures solutions de traitement pour chaque malade. Cette réunion regroupe généralement un chirurgien ORL, un oncologue, un radiologue et un anatomopathologiste.
Quelle est l’évolution ?
Le cancer des VADS peut être guéri quand le diagnostic a été précoce et le traitement bien conduit.
Dans certains cas, la maladie récidive et nécessite un nouveau traitement.
Le traitement chirurgical est parfois responsable de séquelles invalidantes qui demandent une rééducation.
Dans tous les cas, le malade fait l’objet d’un suivi régulier par une équipe spécialisée.
Comment vivre avec un cancer des VADS ?
Que ce soit au moment de l’annonce du diagnostic, puis pendant le traitement et la convalescence, le malade doit être bien entouré pour mieux faire face à la maladie.
Il ne doit pas hésiter à se faire aider par des professionnels spécialisés. Les psychologues, les psychiatres, les assistantes sociales, les associations de patients sont là pour informer et aider les malades et leurs proches.
Les traitements des cancers des VADS peuvent provoquer des séquelles perturbant la parole et l’alimentation. La rééducation orthophonique et l’assistance diététique font donc partie des soins de support et de la prise en charge.
Les cancers du nez, de la bouche et de la gorge en France
Les cancers des voies aérodigestives supérieures sont fréquents, environ 20 000 nouveaux cas sont diagnostiqués par an en France, 75 % chez les hommes.
Les cancers de la gorge représentent 30 % des cancers des voies aérodigestives supérieures, ceux de la bouche 25 à 30 %, ceux du larynx 20 % et ceux des amygdales environ 15 %.
Les liens des cancers du nez, de la bouche et de la gorge
Le site de l’INCa, l’Institut national du cancer
http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-des-voies-aerodigestives-superieures
Le site de la Ligue contre le cancer
https://www.ligue-cancer.net/localisation/levre-bouche-larynx/
Le site Pourquoi Docteur
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