Varicelle : une infection dangereuse chez la femme enceinte
La varicelle est une infection virale extrêmement contagieuse qui donne des cloques (« vésicules ») sur tout le corps (peau et muqueuses) et de très fortes démangeaisons. La varicelle est l'une des maladies infantiles les plus fréquentes, mais elle est très dangereuse chez la femme enceinte.
Des mots pour les maux
La varicelle est responsable de l’apparition de lésions de la peau = « éruption cutanée ».
Ces lésions sont de petites cloques appelées « vésicules ».
Qu'est-ce que la varicelle ?
La varicelle est une maladie infectieuse responsable d’une éruption cutanée, très contagieuse et courante chez les enfants. Elle est due à une infection par le « virus varicelle-zona » (VZV) qui appartient au groupe des Herpes-virus. Ce même virus peut également provoquer le zona chez les personnes âgées.
La varicelle est très contagieuse. Elle sévit de façon épidémique à la fin de l'hiver et au début du printemps. La transmission du virus de la varicelle se fait par voie respiratoire, par inhalation de gouttelettes de salive émises par une personne malade ou par contact direct avec les lésions de la peau.
Une personne atteinte de la varicelle est contagieuse entre 1 à 2 jours avant l'apparition des premières vésicules et le reste jusqu'à ce que toutes les cloques soient recouvertes d'une croûte (environ une semaine).
La majorité des cas de varicelle survient chez les enfants de moins de 10 ans. Dans cette tranche d'âge, la maladie est généralement bénigne même si, rarement, il peut y avoir des complications. La varicelle sera plus difficile à supporter pour un adulte, un adolescent ou un enfant plus âgé que pour un jeune enfant. Elle est dangereuse chez la femme enceinte.
Quels sont les signes de la varicelle ?
La contamination d’un enfant par le virus VZV est suivie d’une période d’incubation de 10 à 21 jours qui précède donc l’éruption.
Il existe une phase prodromique avec : fièvre, maux de tête (« céphalées ») et éventuelles douleurs du ventre, pendant 24 à 48 heures.
La phase d'état associe une fièvre modérée et une « éruption vésiculeuse » avec des éléments en nombre très variable (10 à 2 000), d'âges différents (macules, vésicules et croûtes mélangées) car apparaissant par vagues successives, disséminées sur tout le corps et en particulier le cuir chevelu, la face, le tronc. Cette éruption s’accompagne de fortes démangeaisons (« vésicules prurigineuses »). L'atteinte des muqueuses (intérieur de la bouche, paupières et parties génitales) est habituelle.
Cinq pour cent des formes sont inapparentes.
Les enfants qui ont des problèmes de peau, comme un eczéma, peuvent développer un nombre beaucoup plus important de vésicules.
Quelle est l’évolution de la varicelle ?
Les vésicules dues à la varicelle apparaissent généralement en premier sur le visage, le corps et le cuir chevelu puis s'étendent, en plusieurs poussées successives, à la bouche, aux paupières et aux parties génitales.
Les vésicules sèchent et forment des croûtes brunâtres qui ne sont plus contagieuses. Au sixième jour environ, la croûte tombe et laisse une tache rosée qui disparaît sans laisser de séquelles, sauf en cas de grattage.
La guérison est obtenue en 10 à 12 jours et l’enfant peut retourner en collectivité.
Les personnes qui ont eu la varicelle dans leur enfance sont immunisées. Elles sont protégées contre cette maladie, mais le virus n'est pas éliminé complètement. Il reste présent en petite quantité dans l'organisme, au niveau des ganglions des racines nerveuses près de la moelle épinière. Chez 15 à 20 % des personnes, il peut se réactiver et descendre dans les nerfs de la peau et provoquer un zona.
Quelles sont les complications de la varicelle ?
Une complication est observée dans 2 à 4 % des cas de varicelle :
• Les surinfections cutanées bactériennes (« impétigo ») sont possibles en raison des lésions de grattage, surtout chez le jeune enfant ou en cas d'eczéma préexistant ou de corticothérapie.
• Une atteinte pulmonaire (« broncho-pneumopathie ») est possible surtout chez le nourrisson et la femme enceinte, en cas d'asthme, de tabagisme ou de corticothérapie.
• Une atteinte neurologique peut être rencontrée sous forme de méningo-encéphalites chez le nourrisson (formes virales étendues) ou de syndrome de Reye (en cas de prise d’aspirine chez le nourrisson et l’enfant).
• Chez la femme enceinte, la varicelle peut être mortelle en cas d’infection pendant la première moitié de la grossesse.
• La « varicelle congénitale » n'existe qu'en cas de primo-infection maternelle durant la première moitié de la grossesse. Les manifestations de l'embryopathie de la varicelle comprennent « microcéphalie », « cataracte », « choriorétinite », « microphtalmie », retard de croissance et de développement, plus rarement « hypoplasie » d'un membre. L'incidence de la varicelle congénitale est de 1 à 5 cas pour 10 000 grossesses.
Le zona est une complication tardive de la varicelle : elle correspond à la réactivation chez la personne âgée ou immunodéprimée des virus VZV restés quiescents à l’intérieur des ganglions neurologiques sensitifs qui sont proches de la moelle épinière.
Le zona se manifeste par les mêmes lésions érythémateuses, puis vésiculeuses, mais qui siègent uniquement dans la zone d’innervation de la racine nerveuse dont le ganglion est infecté (ou de plusieurs racines nerveuses contiguës) : cette zone qui est innervée par la racine est un « métamère ».
La localisation unilatérale, sur un « métamère » et l'aspect vésiculeux sont caractéristiques du zona, avec groupement des vésicules « en bouquet », puis en « bulles polycycliques », confluentes.
Ces éléments cicatrisent en 2 semaines. Les principales complications sont des douleurs névralgiques secondaires, dont l'incidence augmente avec l'âge.
Quand faut-il évoquer une varicelle ?
L'apparition de petites lésions érythémateuses, puis vésiculeuses, avec de fortes démangeaisons (« prurigineuses »), débutant sur le visage, puis s’étendant à tout le corps par poussées successives, évoque le diagnostic de la varicelle.
Comment diagnostiquer une varicelle ?
Le diagnostic est essentiellement clinique : apparition sur le visage de petites lésions érythémateuses, puis vésiculeuses, « prurigineuses », puis s’étendant à tout le corps par poussées successives, mélangeant les lésions d’âge différent, y compris sur le cuir chevelu et les muqueuses, confirme généralement le diagnostic de la varicelle.
Le diagnostic peut être plus difficile lorsque le nombre de vésicules est faible : il faut en rechercher sur le cuir chevelu, dans la bouche, les espaces interdigitaux. Les enfants qui ont eu un vaccin contre la varicelle développent généralement des cas de varicelle bénins. Ils guérissent ainsi habituellement beaucoup plus rapidement que les autres et ont très peu de vésicules sur le corps. Ces cas sont alors beaucoup plus difficiles à diagnostiquer par le médecin.
Des tests en laboratoire peuvent si besoin aider à confirmer le diagnostic de la varicelle. Le diagnostic sérologique de la primo-infection doit détecter la séroconversion avec présence d'IgM spécifiques du VZV. La présence d'IgG isolée est le témoin d'une infection ancienne. La réactivation (zona) peut s'accompagner d'une présence transitoire d'IgM.
Le diagnostic biologique peut être fait rapidement par PCR sur liquide de vésicule, mais surtout sur le LCR en cas de signes neurologiques et sur le liquide amniotique en cas de varicelle maternelle.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Dans la plupart des cas, la varicelle est une maladie bénigne. Cependant une consultation médicale est nécessaire dans la journée si :
• L’enfant a moins de six mois,
• L’enfant souffre d’une maladie de la peau chronique (« eczéma ») qui favorise l'extension des lésions de varicelle,
• L’enfant ou le parent a un déficit immunitaire ou suit un traitement corticoïde au long cours,
• Une femme enceinte non immunisée a été en contact avec une personne ayant la varicelle,
• Les vésicules se remplissent de sang, se creusent et la fièvre est élevée (varicelle grave),
• Les vésicules se remplissent de pus et se creusent (surinfection bactérienne = « impétigo »),
• L’enfant ou les parents toussent avec des lésions de varicelle (atteinte pulmonaire).
Il faut consulter un médecin en urgence si le comportement de l’enfant change au cours d’une varicelle : forte fièvre, troubles de l'équilibre, état confus. On peut craindre une atteinte neurologique, cependant très rare (« encéphalite »).
Que peut-on faire en cas de varicelle ?
Pour le malade atteint de varicelle, le traitement consiste d'abord à se soulager :
• Éviter de porter des vêtements rêches, comme des vêtements en laine.
• Prendre des bains tièdes avec peu de savon et bien se rincer.
• Appliquer une crème hydratante apaisante après le bain pour adoucir et rafraîchir la peau.
• Éviter l'exposition prolongée à la chaleur excessive et à l'humidité.
• Essayer éventuellement des antihistaminiques oraux (uniquement sur le conseil au médecin).
• Appliquer des crèmes d'hydrocortisone sur les zones qui démangent (uniquement sur le conseil au médecin).
Puis à éviter de compliquer la varicelle :
• Éviter de gratter ou de frotter les zones qui démangent pour éviter des cicatrices futures.
• Se couper les ongles courts afin d'éviter d'endommager la peau en se grattant par inadvertance.
Un enfant avec la varicelle ne doit, ni retourner à l'école, ni jouer avec d'autres enfants, jusqu'à ce que toutes les vésicules ou érosions liées à la varicelle soient recouvertes de croûtes ou desséchées. Même attitude pour les adultes avec la date de retour au travail.
Quel est le traitement de la varicelle ?
Le traitement de la personne immunocompétente est surtout non spécifique et dirigé contre les signes les plus gênants = traitement « symptomatique » :
• Médicaments antipyrétiques : paracétamol (l'aspirine est formellement contre-indiquée car elle est responsable de la survenue du syndrome de Reye, de même que l’ibuprofène qui aggrave le risque de complications infectieuses).
• Médicaments antihistaminiques, bains quotidiens suivis de l'application d'une solution antiseptique sur les lésions pour éviter leur surinfection.
Un traitement antibiotique est indiqué uniquement en cas de surinfection bactérienne (« impétigo »).
Le traitement antiviral est recommandé uniquement dans les formes graves de la varicelle :
• Femme enceinte.
• Varicelle du nouveau-né.
• Nouveau-né si la mère a débuté une varicelle 5 jours avant ou 2 jours après l’accouchement (avant toute éruption).
• Forme grave de varicelle chez un l’enfant de moins de 1 an.
• Varicelle compliquée, en particulier de pneumopathie varicelleuse.
• Enfant ou personne immunodéprimée.
Pour bien fonctionner, les médicaments antiviraux (aciclovir, valaciclovir…) doivent être pris dans les 24 premières heures après le début de l'éruption de varicelle.
Il est formellement déconseillé de prendre de l'Aspirine ou de l'Ibuprofène si on est susceptible d'avoir la varicelle.
Comment prévenir une varicelle ?
La varicelle est une maladie très contagieuse. Elle est le plus souvent bénigne chez l'enfant, mais les risques de complications sont importants chez le nourrisson, la femme enceinte et chez les personnes fragiles. Il est donc important de prendre des précautions pour éviter la transmission aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, aux adultes qui n'ont jamais eu la maladie et aux femmes enceintes.
En cas d’infection chez une personne à risque, il est possible d’administrer des immunoglobulines varicelle-zona. Elles peuvent être utilisées chez la femme enceinte non immunisée ainsi que chez les nourrissons et chez les enfants et adultes immunodéficients après exposition au virus (contact avec une personne présentant la varicelle).
Un vaccin est désormais disponible contre la varicelle. Il s’agit d’un vaccin à virus vivant atténué disponible en France sous forme monovalent (Varivax®, Varilrix®). La vaccination comporte alors deux doses espacées de 4 à 8 semaines.
Un vaccin est également disponible contre le zona (Zostavax®) et il est recommandé à partir de 65 ans. Le rationnel est que dans cette classe d’âge, une personne sur 3 fera un zona et 13 % auront des douleurs post-zostériennes. Le vaccin est le même que celui de l’enfant contre la varicelle mais il est beaucoup plus dosé. Son efficacité est partielle, mais on peut espérer une réduction de 50 % du risque de zona et de douleurs post-zostériennes.
Comment prévenir la transmission de la varicelle ?
Pour éviter que le virus de la varicelle ne se propage, quelques gestes simples sont à appliquer pendant une infection par la varicelle :
• Il faut se laver les mains à l'eau et au savon, avant et après chaque contact avec son enfant.
• Lorsque l’on se lave les mains, il faut penser à frotter entre les doigts.
• Il faut apprendre à son enfant, lorsqu'il éternue ou tousse, à se couvrir la bouche et le nez avec un mouchoir jetable. S'il n'a pas de mouchoir, il faut lui apprendre à se couvrir la bouche et le nez avec sa manche (au niveau du pli du coude).
• A partir de deux ans, il faut apprendre à son enfant à se laver les mains correctement et fréquemment.
• Il faut couper souvent les ongles de l’enfant pour qu'ils restent propres.
• Il ne faut pas échanger les biberons, les sucettes et les couverts au sein de la famille et il faut les nettoyer et les sécher tout de suite après les avoir utilisés.
• Il faut éviter d'embrasser son enfant pendant la varicelle.
• Il faut aérer la chambre de son enfant tous les jours en maintenant une température à 19 °C.
• Il faut éviter d'emmener son enfant dans des lieux publics (transports en communs, centres commerciaux, hôpitaux...).
• Il faut éviter que son enfant malade ne s'approche trop près de personnes fragiles : malades, femmes enceintes.
La varicelle en France
En France, environ 660 000 cas de varicelle sont recensés.
• 66 % concernaient des enfants entre 1 et 4 ans.
• 92 % sont survenus chez des enfants de moins de 10 ans.
• 4.5 % sont observés chez des adultes de 20 ans et plus.
Les liens de la varicelle
La page Varicelle du site de la Société Française de Pédiatrie
http://www.sfpediatrie.com/page/varicelle
Les liens Pourquoi Docteur
Varicelle : une mère alerte sur les dangers de l'ibuprofène
Epidémie de varicelle : comment s’en protéger
Zona : une réactivation douloureuse du virus de la varicelle
Zona : le vaccin recommandé pour les plus de 65 ans
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