Pneumologie
Asthme allergique aux acariens : moins d’évènements infectieux après la désensibilisation
L'immunothérapie sublinguale aux acariens améliore la réponse innée de l'épithélium des voies respiratoires à l'infection virale chez les patients atteints d'asthme allergique aux acariens. Des résultats confirmatoires sur le bénéfice de la désensibilisation malgré un effectif insuffisant. D’après un entretien avec Alain DIDIER.
Une étude dont les résultats sont parus en février 2022 dans l’asthme all, a cherché à expliquer les mécanismes physiopathologiques expliquant le fait, déjà connu, que la désensibilisation aux acariens par immunothérapie sublinguale permettait d’améliorer la réponse aux infections virales chez les patients asthmatiques, allergiques aux acariens. Pour cela les auteurs ont inclus 39 patients asthmatiques allergiques aux acariens. Vingt d’entre eux ont été désensibilisés aux acariens par immunothérapie sublinguale et 19 d’enter eux ont reçu un placebo. La désensibilisation ou le placebo ont été réalisés sur une durée de 24 semaines. Les patients inclus ont ensuite accepté de réaliser une biopsie bronchique, dans le but de mettre en culture les cellules de l’épithélium bronchique et d’observer leur réponse à un équivalent de virus. Les synthèses des protéines de la réponse antivirale et inflammatoire ont été évaluées par test ELISA et l’expression génique par test PCR.
Explication d’un mécanisme physiopathologique
Le professeur Alain DIDIER, pneumologue dans le service de pneumo-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, souligne le grand intérêt de cette étude qui fait suite à un travail du même auteur, publié récemment dans l’European Respiratory Journal, au cours duquel il a été démontré, sur une cohorte danois, que les patients asthmatiques traités par immunothérapie aux acariens étaient moins souvent attins d’exacerbations infectieuses ou inflammatoires. Il précise que cette étude apporte un intérêt supplémentaire car elle va plus loin en expliquant les mécanismes physiopathologiques de ces observations. En effet, les différences avant et après désensibilisation au niveau de l’épithélium bronchique ont été observées grâce à une biopsie bronchique et la réponse antivirale, via les interleukines et interférons, était augmentée chez les sujets désensibilisés. D’autre part, l’alarmine, qui participe à l’inflammation bronchique était diminuée. Pour Alain DIDIER, ces explications du mécanisme physiopathologique de ce phénomène semblent satisfaisantes.
Des limites liées à un trop faible effectif
Alain DIDIER précise que le différence de réponse de l’épithélium bronchique avant et après la désensibilisation est bien démontrée mais que l’effectif est toutefois insuffisant pour en tirer des conclusions formelles. En effet, la diminution de la synthèse de l’IL 33 est significative mais les différences de synthèses des interférons béta ou gamma ne le sont pas. Pour Alain DIDIER ce manque de significativité est lié à la trop petite taille de l’effectif de patients inclus. Toutefois, ce travail est confirmatoire du potentiel antiviral de la désensibilisation aux acariens et Alain DIDIER rappelle, qu’il existe une volumineuse littérature sur ce sujet, qui mériterait peut-être une méta-analyse pour confirmer les mécanismes physiopathologiques.
En conclusion, l’effet antiviral de la désensibilisation aux acariens chez les patients asthmatiques allergiques a été démontré et son mécanisme physiopathologique est entrevu via les protéines antivirales et de l’inflammation, sans toutefois donner de résultats totalement significatifs. La richesse de la littérature à ce sujet mériterait une méta analyse…