Pneumologie
BPCO: des événements aigus liés à la diminution du réflexe de toux
La diminution du réflexe à la toux en réponse à la capsaïcine serait associée à une augmentation des hospitalisations pour exacerbation de BPCO ou pour pneumonie aiguë communautaire. Des liens avec l’éosinophilie et les troubles de la déglutition existeraient et ces pistes seraient à explorer. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.
Une étude dont les résultats sont parus en février 2023 dans le BPJ Open Respiratory Research, a cherché à évaluer si la diminution du réflexe de toux pouvait avoir un lien avec l’augmentation du nombre d’événements aigus chez les patients atteints de BPCO. Pour cela, les auteurs ont inclus 68 patients atteints de BPCO dont 75% étaient au stade Gold 1 ou 2. Ces patients ont été suivis pendant un an et le nombre d’hospitalisation pour exacerbation ou pneumonie a été observé. Tous les patients ont bénéficié d’un test à la capsaïcine puis une corrélation entre ces résultats et le nombre d’évènements aigus a été recherchée, grâce à des analyses multivariées. Au total, cinq patients ont été hospitalisés pour une pneumonie et trois patients ont été hospitalisés pour une exacerbation
La diminution du réflexe de toux entrainerait des évènements aigus
Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumo-allergologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, rappelle qu’il est connu depuis très longtemps que la toux chronique est associée à la sévérité de la BPCO. Le réflexe de la toux est évalué par le test à la capsaïcine : en augmentant progressivement les concentrations de capsaïcine, on obtient des valeurs à deux toux (C2) ou à cinq toux (C5). L’hypothèse des auteurs de ce travail est que, si le réflexe de toux diminue, le nombre d’événements aigus va augmenter. Laurent GUILLEMINAULT explique que les résultats de ce travail vont à l’encontre de ce qui a, jusqu’à maintenant, été observé, c’est-à-dire qu’un réflexe de toux diminué en sensibilité est à l’origine d’une augmentation du nombre d’hospitalisations pour pneumonie ou exacerbation et, de plus, l’association à une éosinophilie supérieure à 300 rend ces résultats encore plus significatifs.
Un lien avec les troubles de la déglutition
Laurent GUILLEMINAULT précise qu’au cours de cette étude, les auteurs ont conjointement observé les hospitalisations pour exacerbations et pour pneumonies or il rappelle que l’hyperéosinophilie est très liée aux exacerbations et que les troubles de la déglutition associés à une diminution du réflexe de toux sont à l’origine de pneumonies. Pour lui, les micro-inhalations liées aux troubles de la déglutition sont des éléments à évaluer, de même que l’état du larynx, ce qui n’a pas été fait dans ce travail. Le faible nombre de patients inclus, sans la connaissance de leur score de toux à l’inclusion ne permet d’obtenir que des conclusions limitées . Laurent GUILLEMINAULT souligne que ces résultats sont intéressants mais qu’il y a trop peu de patients, trop peu explorés. Des projets sont en cours pour conforter ces conclusions, en prenant largement en compte les troubles de la déglutition.
En conclusion, la diminution du réflexe de toux serait associée à une augmentation du nombres d’hospitalisation pour exacerbation et pneumonie chez les patients BPCO, mais il faut prendre en compte d’autres paramètres tels que l’hyperéosinophilie et les troubles de la déglutition pour conclure formellement. Des travaux plus volumineux sont nécessaires….