Pneumologie
Pneumopathies interstitielles fibrosantes : un rôle de la pollution sur la progression
L'exposition à la pollution et notamment aux PM2,5 est associée à la sévérité, la progression et la mortalité des pneumopathies interstitielles diffuses fibrosantes avec un rôle plus marqué des sulfates, ammoniums et nitrates. Un nouveau pas vers la connaissance des facteurs de progression de la maladie. D’après un entretien avec Lucile SESE.
Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 2022, dans le JAMA International Medicine, a démontré l’effet de la pollution de l’air et notamment des particules 2,5 contenant des sulfates, les ammoniums et des nitrites, sur la progression des pneumopathies interstitielles fibrosantes. Il s’agit d’une étude multicentrique canadienne et américaine, pour laquelle les auteurs ont émis l’hypothèse que la pollution de l’air pourrait représenter un facteur de risque potentiel de la progression de la maladie. Ils ont donc utilisé un registre incluant 6683 patients canadiens et américains, tous atteints de pneumopathies interstitielles diffuses. Ils ont, d’autre part, réalisé des mesures par satellites de la qualité de l’air par densité optique, afin d’évaluer la concentration en particules 2,5. Enfin, les auteurs ont affiné leur travail en précisant les données sur la nature des ces particules et leur contenu en ammoniums, sulfates et nitrites.
Un effet de la pollution sur la progression de la maladie
Le docteur Lucile SESE, pneumologue à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, rappelle qu’il a déjà été démontré que la pollution de l’air a des effets sur l’incidence, les exacerbations et la mortalité de la fibrose pulmonaire interstitielle. Elle souligne, cependant, qu’il existe peu d’informations dur les éléments de progression de la maladie, la littérature ne s’y étant pas largement intéressée. Les pneumopathies interstitielles fibrosantes ont, pour certaines, un phénotype de progression dont peu d’éléments sont connus concernant les facteurs prédictifs de progression. Dans ce travail, les auteurs ont donc émis l’hypothèse que la pollution aurait un rôle sur cette progression et ont montré que les particules PM 2,5 sont associées à la sévérité de la progression et à la mortalité des maladies pulmonaires fibrosantes. Ils ont, de plus détaillé leur analyse en démontrant que les particules contenant des sulfates, des ammoniums et des nitrates étaient plus particulièrement responsables de la progression de la maladie.
Un très beau travail avec des résultats solides
Lucile SESE félicite l’originalité de ce travail qui apporte de nouveaux éléments sur les effets de la pollution de l’air sur les maladies interstitielles fibrosantes. En effet, cette étude, réalisée avec un très volumineux effectif apporte un premier élément de réponse sur les facteurs de risque de progression des pneumopathies interstitielles fibrosantes. Elle souligne que c’est une étude solide, dans laquelle les malades sont bien diagnostiqués et bien phénotypés. Cette solidité est également argumentée par le fait que , malgré un effectif important, les auteurs ont contrôlée l’association du facteur de risque par différentes variables d’ajustement comme la précarité, l’âge, le sexe ou encore l’évolution initiales. Lucile SESE relève seulement que les auteurs ont discuté la période et la durée d’exposition de sujets au cours de cette étude et qu’ils ont précisé que la pollution à une adresse était différente de la pollution subie par un individu, mais que ces maigres critiques n’enlevaient rien à la qualité de ce travail.
En conclusion, la pollution aux PM2,5 joue donc un rôle significatif sur la progression des maladies interstitielles fibrosantes, notamment lorsqu’elles contiennes des sulfates, des ammoniums et des nitrites . Il faut désormais compléter la recherche sous un autre angle, en réalisant des travaux dans d’autres endroits et avec d’autres éléments de pollution.