Rhumatologie
Spondyloarthrite axiale précoce : certains patients peuvent arrêter leur anti-TNF
Un quart des patients souffrant de spondylarthrite axiale, non-radiographique, et résistante au traitement AINS, seraient susceptibles d’arrêter un traitement anti-TNF, l’étanercept, au bout de 6 mois.
- Antonio_Diaz/istock
Chez les patients atteints de spondylarthrite axiale non-radiographique, c’est-à-dire à un stade précoce, les données sur l’évolution de la maladie inflammatoire après l'arrêt d’un traitement anti-TNF, ainsi que les caractéristiques des patients qui pourraient le mieux y répondre, font défaut. Les dernières recommandations internationales ne font état que d’une diminution des doses en cas de rémission sous traitement, sans recommander l’arrêt complet du traitement.
Dans l'étude ouverte multicentrique RE-EMBARK, chez les patients atteints de spondylarthrite axiale non radiographique qui ont atteint une maladie inactive sous étanercept pendant 6 mois, environ 25% sont restés sans poussée 40 semaines après l'arrêt du traitement anti-TNF. Ces données sont issues d’une étude ouverte multicentrique publiée dans le Journal of Rheumatology.
Une étude en 3 phases
Pour analyser l'impact de l'arrêt du traitement chez les patients atteints de SpA axiale non radiographique sous étanercept, les chercheurs ont mené RE-EMBARK, une étude multicentrique ouverte de septembre 2015 à septembre 2019. L'étude comprenait trois périodes.
Au cours de la première, tous les patients inclus ont reçu de l'étanercept 50 mg une fois par semaine pendant 24 semaines. Les patients étaient également autorisés à prendre en parallèle un AINS, à une dose déterminée par l'investigateur avec lequel ils travaillaient.
Les patients qui ont obtenu un Ankylosing Spondylitis Disease Activity Score-CRP (ASDAS-CRP) inférieur à 1,3 à la semaine 24 sont entrés dans la deuxième période. Cette période comprenait une période d’arrêt de l’anti-TNF de 40 semaines au cours de laquelle les patients continuaient uniquement à prendre leur AINS.
Si les patients présentaient une poussée de la maladie avant la semaine 64, ils entraient dans la troisième période, où ils recevaient de l'étanercept 50 mg par semaine.
Le critère primaire était la proportion de patients qui ont eu une poussée de la maladie après l'arrêt du traitement. Parmi les critères d'évaluation secondaires prédéfinis figurait le temps estimé avant la poussée de la maladie après l'arrêt du traitement.
Trois-quarts des SpA axiales en rechute
Parmi les 209 patients, âgés de 18 à 49 ans, atteints d'une SpA axiale active, confirmée non radiographique, et qui ont reçu de l'étanercept en ouvert dans la première partie, 119 ont atteint une maladie inactive et sont entrés dans la période d’arrêt. Des données manquaient pour trois patients de ce groupe.
Parmi ceux dont les données étaient complètes, 22,3% ont eu une poussée dans les 4 semaines suivant l'arrêt de l'étanercept, et 67% ont eu une poussée dans les 40 semaines après l’arrêt. Au total, 74,8% des patients ont connu une poussée à un moment donné au cours de la deuxième période, selon les chercheurs.
Parmi les patients qui sont entrés dans la troisième période après avoir connu une poussée pendant l'arrêt du traitement, 62,1% ont pu retrouver un statut de maladie inactive sous étanercept à la dose 50 mg par semaine. Il n'y a pas eu de résultats inattendus en matière de sécurité, ont écrit les chercheurs.
IRM et CRP négatives sont des facteurs pronostiques positifs
Environ 25% des patients ont conservé une maladie inactive pendant 40 semaines après l'arrêt de l’anti-TNF dans cette large étude ouverte sur la spondylarthrite axiale non-radiographiques, soit à un stade précoce. L'absence à la fois de sacroiliite par IRM et de hs-CRP élevé au début de l'étude permettrait de prédire le maintien de la réponse après l'arrêt de l’anti-TNF.
Confirmant des études antérieures de moindre taille ou qualité, il semble donc exister une fenêtre d’opportunité également dans la spondylarthrite axiale pré-radiologique, au moins pour certains patients. Cet arrêt possible du traitement remettrait en cause les recommandations actuelles de traitement qui recommandent un traitement continu.
Cette hypothèse doit être vérifiée dans un suivi à plus long terme, mais le risque d’arrêt du traitement est modeste dans la mesure où la majorité des malades (presque les 2/3) a retrouvé un statut de maladie inactive avec la reprise de l’étanercept. De plus d'autres traitements, comme les anti-IL17, marchent chez les malades en échec d'un anti-TNF.