Gériatrie
Hospitalisations et mortalité gériatriques : quel impact de la pandémie Covid-19 ?
En France, les mesures de prévention prises dans un contexte de crise sanitaire inhabituelle lié à la Covid-19 en 2020, ont été responsables d’une diminution significative des taux d’hospitalisation pour différentes pathologies gériatriques, et inversement à une augmentation symétriques des taux de mortalité pour ces pathologies.
- gorodenkoff/istock
Une étude de données issues du Système national des données de santé (SNDS) a permis de de visualiser qu’en France les taux d’hospitalisation causée par des pathologies propres aux personnes âgées de plus de 65 ans (appelés pathologies gériatriques) au cours du premier confinement ont diminué significativement.
En parallèle, les taux de mortalité pour ces mêmes pathologies ont, quant à eux, franchement augmenté.
Une méthodologie basée sur des données françaises
Cette étude française a utilisé le SNDS et ses multiples données afin de comparer les taux d’admission à l’hôpital (en excluant le diagnostic principal d’affection à SARS-CoV2 (Covid-19)), et les taux de mortalité liés à 10 pathologies gériatriques (touchant les personnes âgées de plus de 65 ans), à savoir démence, autres troubles et symptômes cognitifs, délire/désorientation, dépression, dénutrition/malnutrition, déshydratation, escarre, incontinence, chute/blessure et fracture du col du fémur.
Dans un premier temps les codes CIM-10 des 10 syndromes gériatriques ont été identifiés à partie de données de la littérature et d’avis auprès d’experts. Puis ces codes ont été utilisés dans les bases du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’informations) afin d’estimer l’incidence des nouvelles hospitalisations toutes causes confondues et pour chaque syndrome gériatrique. Les hospitalisations pour infection à SARS-Cov2 ont été exclues.
La mortalité a été évaluée à partir de la base des statistiques du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de Décès (CépiDc - Inserm). La période d’étude se situe de janvier à septembre 2020 et la comparaison est effectuée par rapport aux taux observés les années précédentes. Les analyses ont été stratifiées par âge, sexe, lieu de résidence ou lieu de décès, et région.
Des résultats inquiétants
Constatation a été faite que les taux d'hospitalisation pour ces pathologies gériatriques ont diminué au cours du premier confinement (de mai à septembre 2020) par rapport aux mêmes périodes en 2017-2019 (de -59% pour l'incontinence urinaire à -13% pour les fractures du col du fémur, en passant par -51% pour la dépression, -49% pour le déclin cognitif, -43% pour la démence, -37% pour la dénutrition, -37% pour la déshydratation, -36% pour une escarre, -30% pour les chutes/lésions, - 18% pour la confusion/désorientation ).
Une relation dose-effet a été observée entre la réduction des hospitalisations et les taux de mortalité liés au Covid-19. À l'inverse, pour presque tous les syndromes gériatriques étudiés, une surmortalité hors Covid-19 a été observée pendant ce confinement par rapport à 2015-2017 (de +74% pour délire/désorientation à +8% pour chute/blessure, en passant par +44 % pour fracture du col du fémur, +32 % pour dépression, +20 % pour déshydratation, +9 % pour dénutrition), notamment dans les maisons de retraite et à domicile.
Quelles conclusions en tirer ?
La crainte de la Covid-19 et les mesures sanitaires prises à son encontre, notamment lors du 1er confinement, ont eu un impact très important sur notre mode de vie et sur les possibilités d’hospitalisation. Des conséquences majeures ont ainsi été mises en évidence avec, entre autres, un isolement profond, une sédentarité accrue, des phénomènes d’auto-restrictions du recours aux soins avec un report ou une annulation de consultations et d’hospitalisations.
Tous ces éléments ont eu une incidence non négligeable sur l’état de santé de la population, en particulier des personnes fragiles comme les personnes âgées. Selon le Dr Marions TORRES, l’un des investigateurs de cette étude, « (celle-ci) a permis de mettre en place un système de surveillance robuste de l’état de santé des personnes âgées et permettra de poursuivre l’étude des impacts de la pandémie au cours des prochaines années ». Une aide potentielle si une nouvelle pandémie refaisait surface.