Neurologie

Maladies du spectre MOG : des critères diagnostiques pour les différencier de la NMO

Les manifestations neurologiques associées aux anticorps anti-MOG, ou MOGAD, longtemps considérées comme des maladies proches de la neuromyélite optique, sont désormais bien différenciées par des critères diagnostiques.

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  • 20 Fév 2023
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    Les manifestations associées aux anticorps anti-MOG (Myelin Oligodendrocyte Glycoprotein Antibodies Associated Disorders, MOGAD) ont été décrites il y a environ dix ans, initialement chez des patients qui présentaient un phénotype clinique de maladie démyélinisante à rechute et à tropisme optico-spinal, proche de la neuromyélite optique (NMO), sans anticorps anti-aquaporine-4 (ou anti-AQP4) (Kitley et al., 2012).

    En conséquence, ce spectre de maladie a été initialement rapproché des maladies du spectre NMO.

    Les maladies du spectre MOG

    Par la suite, des études prospectives ont pu montrer que la MOGAD se distinguait des maladies associées aux anticorps anti-aquaporine-4 (Calvo et al., 2018 ; Cobo‐Calvo et al., 2021; Jarius et al., 2016). Chez l’enfant, la maladie s’exprime essentiellement par des tableaux apparentés à des encéphalomyélites aigues disséminées (EMAD) alors que chez l’adulte, les neuropathies optiques inflammatoires sont majoritaires. La fréquence et le pronostic des poussées est souvent meilleur en comparaison à la sclérose en plaques même si des formes sévères sont décrites. La cortico-sensibilité est en général très marquée.

    Sur le versant thérapeutique, la conduite à tenir reste débattue. Les anti-CD20, largement employés dans les maladies associées aux anticorps anti-AQP4, sont vraisemblablement moins efficaces (Whittam et al., 2020). L’utilisation de corticoïdes au long cours, d’immunoglobulines intraveineuses polyvalentes ou de thérapies ciblant l’interleukine-6 a été rapportée sur des cas isolés ou des petites séries avec des résultats positifs.

    Tout cela a progressivement conduit à considérer les MOGAD comme un spectre à part entière, totalement individualisé des maladies du spectre NMO.

    Élaboration de critères diagnostiques

    Un panel d’expert international a proposé récemment une première édition des critères diagnostiques des MOGAD. Ces critères sont un pas important pour une meilleure caractérisation du spectre, une meilleure connaissance des facteurs pronostiques et la mise en place d’essais thérapeutiques.

    Les critères ont été établis après analyse des données issues de six grandes cohortes de patients Européens et Asiatiques (1361 patients en tout, adultes et enfants).

    Le diagnostic requiert la présence de trois critères (clinique, biologie et imagerie) supportant l’hypothèse d’une MOGAD, ainsi que l’exclusion des diagnostics alternatifs.

    Les critères diagnostiques de MOGAD

    Cliniquement, en addition aux manifestations cardinales (névrite optique, myélite, EMAD), les atteintes du tronc cérébral et les tableaux encéphalitiques avec atteinte corticale prédominante (se caractérisant par des crises d’épilepsie) font également partie des phénotypes possibles.

    Sur le plan biologique, l’accent est mis sur l’importance de la technique de détection des anticorps anti-MOG (cell based assay). Contrairement aux maladies liées aux anticorps anti-aquaporine-4, le diagnostic de MOGAD ne peut pas être retenu en cas de négativité des anticorps, qui peuvent néanmoins être retrouvés exclusivement dans le LCR dans une minorité de cas.

    Enfin, l’IRM doit être caractéristique. Les atteintes du nerf optiques sont souvent extensives et antérieures, volontiers bilatérales. Une inflammation de la gaine du nerf optique (périnévrite optique) est également possible. Les myélites sont d’aspect longitudinal et extensif avec une atteinte centro-médullaire prédominante, pouvant se traduire par un hypersignal marqué de la substance grise prenant l’aspect d’un « H sign » sur les coupes axiales. Enfin les lésions parenchymateuses sont souvent de grande taille, floues, et peuvent toucher la substance blanche mais aussi les noyaux gris centraux. Les tableaux encéphalitiques sont bien corrélés à l’imagerie avec une implication corticale et leptoméningée.

    Comme dans les critères diagnostiques de la sclérose en plaques, la nécessité d’exclure les diagnostics alternatifs figure à titre de précaution. La spécificité de détection des anticorps anti MOG étant probablement plus faible que pour les anticorps anti AQP4, le risque de détection de faux positifs avec de faibles taux d’anticorps anti MOG est possible. Une réflexion globale sur les éléments cliniques, biologiques et IRM et/ou une discussion collégiale du dossier en réunion de concertation permettra le plus souvent de trancher.

     

    Référence :

    Banwell, B., Bennett, J.L., Marignier, R., Kim, H.J., Brilot, F., Flanagan, E.P., Ramanathan, S., Waters, P., Tenembaum, S., Graves, J.S., Chitnis, T., Brandt, A.U., Hemingway, C., Neuteboom, R., Pandit, L., Reindl, M., Saiz, A., Sato, D.K., Rostasy, K., Paul, F., Pittock, S.J., Fujihara, K., Palace, J., 2023. Diagnosis of myelin oligodendrocyte glycoprotein antibody-associated disease: International MOGAD Panel proposed criteria. Lancet Neurology. https://doi.org/10.1016/s1474-4422(22)00431-8

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