Pneumologie
Dispositifs d'inhalation et environnement : un sujet à la mode, plus complexe qu’il n’y parait
L’impact environnemental des traitements par dispositifs d’inhalation est loin d’être anodin mais ce sujet ne se résume pas à l’effet de serre produit parles inhalateurs la mesure de l’empreinte carbone doit tenir compte de l’efficacité du dispositif , qui lorsqu’elle n’est pas optimale peut aggraver l’empreinte carbone. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2022 dans l’Australian Journal of General Practitioners, a fait le point sur l’impact environnemental des inhalateurs utilisés en traitements respiratoires pour les patients asthmatiques ou atteints de BPCO. Les auteurs ont également discuté des options disponibles pour les praticiens pour atténuer cet impact. Il s’agit d’une étude australienne qui a pris en compte la consommation d’inhalateurs-doseurs pressurisés, qui contiennent de puissants gaz à effet de serre. En Australie, le salbutamol en inhalateur-doseur pressurisé est en vente libre, ce qui provoque une large consommation de ces produits. La discussion menée par les auteurs de ce travail a conclu que le meilleur inhalateur pour tout patient est celui qu’l peut utiliser et utilisera tel que prescrit.
Un sujet plus complexe que le gaz à effet de serre
Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de pneumologie de l’hôpital Cochin, à Paris souligne que l’impact environnemental des traitements par dispositifs d’inhalation utilisés pour traiter l’asthme et la BPCO est un sujet d’actualité qui représente un outil de promotion et de discussion entre les fabricants de ce type de produits. En effet, les aérosols doseurs ,les poudres ou les brumisas auraient une influence sur l’environnement, notamment par l’effet de serre. Les inhalateurs à gaz propulseurs ont un effet de serre mais le sujet est plus complexe que cette simple conséquence. Nicolas ROCHE rappelle que l’empreinte carbone est liée, non seulement, à l’effet de serre, mais aussi au processus de fabrication du produit, à la qualité du matériel utilisé et à sa capacité de recyclage ou de destruction. Ainsi, beaucoup de facteurs ayant un impact sur l’environnement sont liés au type de dispositif utilisé.
La mesure de l’empreinte carbone doit prendre en compte l’efficacité du dispositif
Nicolas ROCHE souligne l’importance de se pencher sur l’efficacité du dispositif pour mesurer son empreinte carbone. En effet, si celui-ci est mal utilisé, son efficacité sera moindre et on observera plus d’exacerbations ainsi qu’une augmentation de la prise de traitements symptomatiques ou de traitements de secours, qui représentent d’autres dispositifs qui vont eux-mêmes augmenter l’empreinte carbone. Nicolas ROCHE précise que l’asthme instable entraine une empreinte carbone supplémentaire, encore aggravée si une hospitalisation est nécessaire. Pour lui, le calcul de l’empreinte carbone est complexe et va au-delà du fait que les dispositifs contiennent des gaz propulseurs. Il explique que le simple fait de dire que les dispositifs à poudre ont une empreinte carbone moindre que les aérosols doseurs est à prendre avec précautions car ces dispositifs doivent être parfaitement bien utilisés. Le « switch » par un dispositif à poudre est conditionné par la bonne technique d’utilisation, en se basant sur des critères cliniques d’acceptabilité, de préférences et de savoir du patient. Un « switch » brutal et forcé serait contre-productif sur la tentative de diminution de l’empreinte carbone. L’accompagnement des patients par une éducation thérapeutique est nécessaire pour éviter une déstabilisation de leur asthme ou de leur BPCO.
En conclusion, l’objectif de diminution de l’empreinte carbone par les dispositifs d’inhalation doit être attient avec intelligence, en gardant principalement à l’esprit les critères cliniques qui permettent une personnalisation du traitement, chez les patients atteints d’asthme ou de BPCO.