Onco-Sein
Cancer du sein : une nouvelle génération de SERDs oraux
Le camizestrant est un nouvel inhibiteur sélectif des récepteurs aux œstrogènes (SERD) oral. Dans une étude de phase II le comparant au fulvestrant, les résultats préliminaires montre qu’il apporte un net bénéfice en terme de survie sans progression (PFS).
- Rattankun Thongbun/iStock
Le fulvestrant est actuellement le seul inhibiteur sélectif des récepteurs aux œstrogènes (SERD) disponible sur le marché. L’elacestran a été le 1er SERD oral a montré une efficacité dans l’essai de phase III, EMERALD, par rapport à une hormonothérapie standard (inhibiteur d’aromatase ou fulvestrant).
Néanmoins, le bénéfice clinique était faible (PFS passant de 1,91 à 2,79 mois), soulignant la maladie hormonorésistante de cette population d’étude dont 43,4% avaient déjà reçu 2 lignes d’hormonothérapie. Il est donc important de sélectionner une population pouvant tirer un réel bénéfice de ce traitement.
Camizetrant, SERD oral en 2ème ligne
L’étude de phase II, SERENA 2, dont les résultats ont été présentés par le Dr Mafalda Oliveira au SABCS 2022, compare le camizetrant, un SERD oral de nouvelle génération, au fulvestrant, chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique RHpos HER2neg après une unique ligne d’hormonothérapie.
Dans cette étude, 240 femmes postménopauses ont été incluses. Parmi elles, 73 étaient dans le bras fulvestrant 500 mg, 74 dans le bras camizestrant 75 mg et 73 dans le bras camizestrant 150 mg. De plus, 20 patientes ont reçu une dose de 300 mg finalement non incluses du fait d’un arrêt prématuré dans ce groupe. On retrouve aussi la présence de métastases viscérales chez 58,3% des femmes, une mutation ESR1 chez 36,7% et un traitement préalable par inhibiteur CDK4/6 chez 49,6%.
Doublement de la survie sans progression
Après un suivi médian de plus de 16 mois, il existe un bénéfice en survie sans progression dans le groupe camizestrant 75 mg et dans le groupe camizestrant 150 mg par rapport au fulvestrant avec des PFS respectives de 7,2 mois, 7,7 mois et 3,7 mois. Soit une réduction du risque de récidive de 42% (HR 0,58, IC90% 0,41-0,81, p=0,0124) pour le groupe camizestrant 75 mg et 33% (HR 0,67, IC90% 0,48-0,92, p=0,0161) pour le groupe camizestrant 150 mg.
Bien qu’exploratoires, les analyses en sous-groupe montrent un bénéfice d’autant plus important chez les patientes présentant une mutation ESR1 (PFS respectives de 6,3 mois et 9,2 mois versus 2,2 mois) ou chez les patientes avec les maladies les plus sévères du fait de métastases viscérales (PFS respectives de 7,2 mois et 5,6 mois versus 2 mois) ou d’un pré-traitement par inhibiteur de cycline (PFS respectives de 5,5 mois et 3,8 mois versus 2,1 mois).
Au prix d’une tolérance acceptable
Peu d’évènements indésirables de grade 3 ont conduit à un arrêt de traitement. A la dose de 75 mg, 1,4% des patientes ont présenté un effet indésirable de grade 3 de type élévation de la tension artérielle. A 150 mg on retrouve un nombre plus important d’effets indésirables de grade 3 avec fatigue, anémie, arthralgie, hyponatrémie, augmentation des ALAT et augmentation de la tension artérielle (1,4% pour chaque).
Le futur des SERDs oraux
Ces résultats prometteurs soulignent le potentiel des SERDs oraux dans la prise en charge des cancers du sein RHpos, avec une efficacité supérieure au fulvestrant et une tolérance acceptable. Des études de phase III sont en cours pour confirmer ces résultats et adapter les futurs stratégies thérapeutiques (essai SERENA 4, en 1ère ligne thérapeutique en association à un inhibiteur de CD4/6 et l’essai SERENA 6 dans la suite de PADA 1, en 2ème ligne dès l’apparition d’une mutation ESR1).