Pneumologie

Fibrose pulmonaire idiopathique : une incidence augmentée par l’interaction entre génétique et pollution

Une interaction entre polymorphisme génétique et exposition prolongée à la pollution jouerait un rôle dans l’incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique. Ces résultats permettent d’entrevoir des perspectives de prévention chez des sujets génétiquement prédisposés. D’après un entretien avec Lucile SESE.

  • 20 Oct 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2022 dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur le rôle de la pollution et son interaction avec le polymorphisme génétique dans le développement de la fibrose pulmonaire idiopathique.

    Il s’agit d’une étude de cohorte réalisée sur un très grand nombre de patients, issus de la UK Bio Bank, base de données anglaises comportant près d’un demi-million de sujets. Les auteurs ont observé, sur une année, l’effet de la pollution en calculant une part attribuable par polluant sur l’incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique, tout en tenant compte de toutes les variables d’ajustement.

    Un travail particulièrement solide

    Le docteur Lucile SESE, pneumologue à l’hôpital Avicenne à Bobigny, explique que ce travail est très intéressant car il fournit des éléments solides sur le lien entre la pollution et la survenue de la fibrose pulmonaire idiopathique. Elle explique que la méthodologie de cette étude est très intéressante puisqu’elle est réalisée à partir de données individuelles, issues de la UK Bio Bank qui est une cohorte d’un demi-million de sujets, qui permet donc d’évaluer les facteurs de risque et l’incidence des maladies rares. La méthodologie utilisée est proche de celle employée lors des travaux sur des maladies respiratoires fréquentes comme la BPCO.

    Lucile SESE souligne que les auteurs ont tenu compte de plusieurs variables d’ajustement et ne sont passés à côté d’aucun facteur de confusion, ce qui rend la probabilité du lien entre pollution et développement de fibrose pulmonaire idiopathique très solide. Le seul biais pourrait résider dans le fait que données de pollution ne soient étendues que sur une seule année, mais la performance de ce travail n’en est pas moins présente.

    La part attribuable à la pollution ouvre des perspectives

    Lucile SESE précise que les auteurs de ce travail démontrent l’interaction entre l’effet de la pollution et le risque génétique sur l’incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique. Ils ont élaboré un score polygénique, qu’ils ont  associé à un score de pollution. Lorsque ces scores étaient augmentés, avec une interaction synergique forte, le risque de développer une fibrose pulmonaire idiopathique était accru. La pollution et le score polygénique se potentialisent et, le rôle néfaste des particules fines, présent tout au long de l’histoire naturelle de la fibrose pulmonaire idiopathique, est de nouveau mis en avant.

    Lucile SESE estime que l’un des plus grands intérêts de ce travail est que les auteurs ont quantifié une part attribuable de la pollution sur l’incidence de la maladie. On savait déjà que 30% des fibroses pulmonaires idiopathiques étaient secondaires à une exposition professionnelle mais cette étude est la première à présenter une part attribuable par polluant. La pollution étant un facteur modifiable, des actions peuvent être menées pour éviter la maladie  chez les sujets qui ont une prédisposition génétique, en leur évitant l’exposition à la pollution de fond.

    En conclusion, le rôle de la pollution dans la genèse de la fibrose pulmonaire idiopathique est plus marquée qu’on ne l’attendait, et il est nécessaire d’obtenir des études expérimentales, qui tiendraient compte de plusieurs expositions en même temps.

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