Pneumologie
La prématurité expose à un risque majoré d’asthme jusqu’à l’âge adulte.
Une étude a fait le point sur les risques d’asthme dans l’enfance et à l’âge adulte chez les anciens prématurés. Celui-ci est accru dans cette population, même en l’absence de complications respiratoires à la naissance. Ces sujets doivent donc être suivis, dépistés et traités le plus rapidement possible.
Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2022 dans Thorax, a cherché à évaluer le risque de développer un asthme dans l’enfance et à l’âge adulte chez les sujets nés prématurément. Il s’agit d’une étude de cohorte suédoise, étendue de 1973 à 2013, auprès de plus de 4 millions de patients identifiés grâce aux registres nationaux, à partir des leurs diagnostics, leurs soins, leurs consultations externes spécialisées et leurs hospitalisations. Tous les patients avaient au maximum l’âge de 46 ans et étaient tous célibataires. Au total, 14,9% des sujets avaient un diagnostic d’asthme, soir plus de 600 000 sujets. L’analyse du diagnostic d’asthme a été affinée en fonction de l’âge gestationnel de naissance des patients, en regroupant les patients extrêmement prématurés (22 à 27 semaines d’aménorrhée), très ou modérément prématurés (28 à 33 semaines d’aménorrhée), prématurés tardifs (34 à 36 semaines d’aménorrhée) et nés à terme précoce, entre 39 et 41 semaines.
Une étude solide avec une très volumineuse cohorte
Les résultats de ce travail ont montré que les naissances prématurées et précoces présentaient un risque plus élevé de développer un asthme dans l’enfance et à l’âge adulte. Ces résultats sont confortés par la durée de l’étude, le volume de la cohorte et la méthode statistique précise utilisée. Les risques liés aux facteurs familiaux, qu’ils soient génétiques ou environnementaux, potentiels facteurs de confusion, ont été analysés. Les auteurs de ce travail ont donc démontré que plus la naissance était prématurée plus le risque de développer un asthme dans l’enfance et à l’âge adulte était élevé. Ce risque diminue progressivement avec l’augmentation de l’âge gestationnel à la naissance. De plus, ce risque, qui n’était pas lié à d’éventuels facteurs familiaux, ne dépendait pas non plus du fait que la naissance prématurée soit spontanée ou provoquée pour une raison médicale. La présence ou non de complications respiratoires périnatales n’avait également aucune influence sur l’accroissement du risque de développer un asthme.
Dépister et traiter les anciens prématurés
Jusque-là, les risques du développement d’un asthme à long terme chez les enfants nés prématurément n’étaient pas clairement définis. Les résultats de cette étude ayant démontré qu’il ne dépendait pas d’autre facteurs, doivent donc inciter à suivre tous les sujets nés prématurément, sur le long terme et jusqu’à l’âge adulte, même en l’absence d’antécédant de complication respiratoire à la naissance. Ce suivi doit être prolongé et régulier, afin de dépister le plus tôt possible les signes d’un asthme naissant et proposer une prise en charge rapide de ces patients.
En conclusion, le risqué de développer un asthme en cas de prématurité est accru, quels que soient les antécédents respiratoires périnataux et les facteurs familiaux. Cette vaste cohorte solidifie ces résultats et cela doit inciter à suivre, jusqu’à l’âge adulte, tous les patients ayant un antécédent de prématurité ou de naissance précoce.