Pneumologie
Asthme allergique : encourager la désensibilisation aux graminées.
Les effets positifs de la désensibilisation allergénique ont été démontrés chez les patients atteints d’asthme allergique saisonnier et per annuel. Ce bénéfice est obtenu tant pour la désensibilisation aux acariens qu’aux graminées. Il est donc nécessaire d’encourager cette démarche. D’après un entretien avec Alain DIDIER.
Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2022 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer l’efficacité de la désensibilisation aux acariens et aux graminées chez les patients asthmatiques allergiques saisonniers ou per annuels. Il s’agit d’une étude danoise, pour laquelle les auteurs se sont appuyés sur la base de données des prescriptions médicamenteuses nationales pour évaluer le nombre d’exacerbations de ces patients après désensibilisation. Les auteurs de ce travail ont donc étudié les prescriptions médicamenteuses au moins trois fois après la fin de la désensibilisation au pollen et graminées pour les asthmatiques saisonniers et aux acariens pour les asthmatiques per annuels. Ils ont pris en compte les prescriptions de corticoïdes et/ou d’antibiotiques, lors d’événements aigus.
Une réduction significative des exacerbations
Le professeur Alain DIDIER, pneumo-allergologue à l’Hôpital Larrey de Toulouse, explique qu’’il s’agit d’une étude intéressante car elle inclut un grand nombre de patients et s’étale sur une longue durée, même si elle a ses limites car elle utilise le système de données de santé Danois, ce qui peut conférer quelques imprécisions puisque les données de la cohorte ne sont évaluées qu’à partir des prescriptions médicamenteuses. Il précise que la définition des exacerbations utilisées par les auteurs de ce travail correspond à un évènement nécessitant l’utilisation ponctuelle d’une corticothérapie et/ou d’une antibiothérapie. Les résultats ont montré une réduction significative des exacerbations à la fois pour les asthmes saisonniers et per annuels, avec une diminution des évènements aigus de 74% pour les asthmes saisonniers et de 57% pour les asthmes per annuels. Alain DIDIER souligne que ces résultats se maintiennent sur une durée de trois années, ce qui conforte ce qui a été démontré lors des essais cliniques.
Des recommandations ciblées à élargir
Alain DIDIER rappelle que les patients atteints d’asthme allergique saisonnier ont, dès le départ, plus d’exacerbations que les patients asthmatiques per annuels (23% versus 16%). Il insiste donc sur le fait que ces résultats sont très encourageants et poussent à recommander la désensibilisation, ou immunothérapie allergénique, pour les patients allergiques asthmatiques saisonniers. En effet, Alain DIDIER précise que la désensibilisation aux acariens, c’est-à-dire initiée pour les sujets asthmatiques per annuels est très bien placée dans les recommandations, jusque-là très ciblées, mais que ces résultats doivent encourager à aller plus loin et les élargir vers la désensibilisation aux graminées.
En conclusion, l’immunothérapie allergénique a fait la preuve de son efficacité chez les patients atteints d’asthme allergique saisonnier et per annuel et son utilisation doit être encouragée par les recommandations pour ces deux types d’asthme allergique.