Pneumologie
Application numérique après réadaptation respiratoire : un maintien sans progression
L’intérêt d'une application numérique, mise ne place après un stage de réadaptation respiratoire a été évalué. Un maintien des acquis a été démontré mais pas de réelle progression sur le long terme. Rien ne remplace l’intervention humaine et la stimulation par un professionnel. D’après un entretien avec Frédéric COSTES.
Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2022 dans Thorax, a fait le point sur l’efficacité d’une application numérique, utilisée par les patients souffrant de BPCO après un séjour de réadaptation respiratoire en centre spécialisé, en vue de la poursuite d’une activité physique régulière. Il s’agit de la mise ne placer d’un programme de maintient avec une application déjà validée chez les sujets atteints de BPCO, au cours d’une étude de faisabilité. Dans cette étude, un actimètre a été intégré à l’application. Au total, 60 participants ont complété l’étude et ont été suivis pendant 6 mois. Tous ces patients ont été recrutés au sein de deux cliniques de réadaptation respiratoire dans lesquelles ils étaient hospitalisés. L’actimètre a donc évalué le nombre de pas quotidiens de ces patients au cours des 6 mois de l’étude.
A la recherche du Graal
Le professeur Frédéric COSTES, pneumologue dans le service de Médecine du Sport et des Explorations Fonctionnelles au Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand, souligne qu’il s’agit d’un travail bien mené, réalisée par une équipe reconnue. Il rappelle que cette application avait des qualités mais aussi des défauts. En effet, elle proposait des exercices d’activité physique fondées sur du renforcement musculaire mais sans activités endurantes. L’intégration d’un actimètre a amélioré le procédé. Toutefois, Frédéric CSOTES estime que l’on est à la recherche du Graal en espérant obtenir une activité physique sur le long terme après réadaptation, avec seulement des aides techniques, remplaçant la présence humaine. IL explique que cela est envisageable sur le court terme, c’est-à-dire un à deux mois, mais plus difficilement sur le long terme. Dabs cette étude, le taux d’adhésion a cependant été relativement bon puisque 43 % des sujets ont réalisé le minimum indiqué au bout de 6 mois. Frédéric COSTES explique que la transition entre le stage de réadaptation et le domicile est favorisée si le lieu de vie favorise l’activité physique, ce qui n’est pas toujours le cas et les patients sont livrés à eux-mêmes. Cette étude ne peut pas montrer que l’application est en mesure de changer leur comportement de manière massive, puisqu’aucun des sujets inclus ne l’a été en ambulatoire.
Un maintien des acquis, mais pas de preuve d’une progression
Frédéric COSTES explique que le programme proposé par l’application n’a pas d’efficacité au bout de 3 mois mais seulement au bout de 6 mois. Les résultats ont montré qu’il existe un gain modeste car le groupe contrôle a perdu en activité physique au bout de 6 mois alors que le groupe ayant utilisé l’application, même s’il n’a pas eu de progression, a maintenu ses acquis, ce qui est d’autant plus intéressant que les patients inclus étaient assez sévèrement atteints, puisque la moitié d’entre eux était sous oxygénothérapie. Frédéric COSTES regrette que le critère d’étude principal ne concerne que l’activité physique et qu’il n’y ait aucune analyse des exacerbations ni de l’état de santé des patients, en comptabilisant par exemple les consultations médicales au cours de l’étude. Selon lui, cela n’a pas de sens de maintenir une activité physique régulière si aucun critère ne donne d’informations sur d’éventuelles hospitalisations. Il manque la mesure de l’intensité des activités réalisées et le temps de sédentarité journalier. Frédéric COSTES explique que ces applications, même si elles ont une part d’éducation à la santé, ne remplacent pas le face à face humain et la stimulation par un professionnel de santé. Tant qu’il n’y a pas de rendez-vous réguliers, environ tous les 15 jours, on ne peut pas maintenir un niveau d’activité physique en progression. L’application sert à maintenir le niveau, ce qui est déjà une étape.
En conclusion, une application qui permet de poursuivre une activité physique régulière chez les sujets atteins de BPCO à l’issue d’un séjour en réadaptation hospitalière peut leur permettre de maintenir leur niveau sans toutefois les amener à une progression. L’intervention humaine n’est pas encore remplaçable...