Pneumologie
Traitement des fibroses pulmonaires idiopathiques : peu d’idées nouvelles mais quelques signaux
Une revue systématique et méta-analyse a fait le point sur le traitement médical des fibroses pulmonaires idiopathiques. Rien de très nouveau n’est apparu concernant des médicaments, encore en phase II mais une efficacité potentielle du sildenafil a été mise à jour. D’après un entretien avec Bruno CRESTANI.
Une étude, dont les résultats sont parus en février 2022 dans Thorax, a évalué les traitements médicamenteux des fibroses pulmonaires idiopathiques. Il s’agit d’une méta analyse avec revue systématique. Les auteurs sont partis du fait que les fibroses pulmonaires idiopathiques ont un très mauvais pronostic et ils ont donc voulu comparer l’efficacité de 22 médicaments, déjà utilisés ou encore en cours d’étude. Ils ont donc inclus des essais contrôlés randomisés, à partir de MEDLINE, EMBASE et Cochrane Central Register of Controlled Trials. Tous ces essais incluaient des patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique et recevant un ou plusieurs de ces médicaments. Ils ont alors utilisé la méthode GRADE (Grading of Recommandations Assessment, Development and Evaluation) pour effectuer leur métanalyse.
Une simple synthèse qui rafraîchit la mémoire
Le professeur Bruno CRESTANI, pneumologue à l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris et responsable du Centre de référence des maladies pulmonaires rares, précise que ce travail n’apporte que très peu de données originales ou d’informations nouvelles... Les auteurs valident que le nitedanib et la pirfenidone, qui allonge la survie, sont des traitements utilisés dans la fibrose pulmonaire idiopathique, mais sur la base seulement de données publiées sur des études de phase II, ce qui parait peu utile. Bruno CRESTANI explique que ces médicaments sont testés en essais thérapeutiques depuis une vingtaine d’années, qu’il existe des signaux qui émergent mais que cela n’est qu’une tendance. Il souligne que, concernant le pamrevlumab et la pentraxine, la phase III est attendue mais il précise que ce n’est pas parce que la phase II est positive que la phase III le sera. Pour lui, l’avantage de ce papier est sa bonne synthèse qui rafraîchit la mémoire et surtout l’impact factor de sa publication dans Thorax.
Quelques signaux positifs pour le sildenafil
Bruno CRESTANI souligne que cette méta-analyse soulève un point intéressant qui est l’efficacité potentielle du sildenafil, même si ces résultats n’apparaissent que dans deux études seulement. Il insiste sur l’intérêt des médicaments à tropisme vasculaire, comme le sildénafil, pour lesquels un signal intéressant émerge. Pour Bruno CRESTANI, cet élément représente une vraie nouveauté dans la façon dont on réfléchit à a fibrose pulmonaire idiopathique. Même si l’efficacité du sildenafil sur la survie n’apparait que comme une tendance, c’est un point de départ intéressant pour démontrer que les médicaments à tropisme vasculaire auraient une action sur les fibroses pulmonaires idiopathiques. Ce point mérite des études supplémentaires pour confirmer l’efficacité notamment du sildenafil.
En conclusion, cette étude n’apporte pas de scoop sur les traitements médicamenteux de la fibrose pulmonaire idiopathique dont la plupart sont encore en essais de phase II mais elle a le mérite d’éclairer sur une potentielle efficacité du sildenafil qui mérite que d’autres études s’y intéressent.