Pneumologie
Cytologie pleurale : ne pas hésiter à répéter car beaucoup de faux négatifs
Une première méta analyse sur la sensibilité de la cytologie pleurale dans les épanchements pleuraux malins a été réalisée et retrouve une sensibilité globale de 58 % mais qui reste à nuancer selon l'origine de la tumeur. La répétition des cytologies lors des ponctions évacuatrices peut améliorer cette sensibilité. D’après un entretien avec Gilles MANGIAPAN.
Une étude, dont les résultats sont parus en février 2022 dans Thorax, a fait le point sur la sensibilité de la cytologie pleurale pour diagnostiquer les épanchements pleuraux malins. Les auteurs se sont interrogés sur la variabilité considérable qui est observée dans la littérature, concernant sensibilité rapportée dans le diagnostic des épanchements pleuraux malins. L’étude a été à la fois réalisée de manière globale et par type de tumeur. Il s’agit s’une méta-analyse ayant inclus trente-six études, comprenant au total 6057 patients ayant présenté un épanchement pleural malin. La recherche de la littérature a eu lieu sur EMBASE et MEDLINE. L’analyse des sous-groupes a été réalisée en fonction de la localisation du cancer primitif.
Des résultats venus un peu en retard...
Le docteur Gilles MANGIAPAN, pneumologue au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, rappelle que la cytologie pleurale est un élément important dans la démarche diagnostique des épanchements pleuraux malins. Il souligne que la plupart des études incluses dans cette méta-analyse sont basées sur les recommandations de 2010 qui préconisaient de réaliser une cytologie pleurale avant de faire une biopsie. Or, les recommandations ont changé : depuis 2018, l’ATS et l’ERS recommandent de faire reposer le diagnostic des épanchements pleuraux malins sur une biopsie. En effet, si la cytologie est positive, on peut affirmer la présence d’un cancer, s’il n’est pas connu, mais une cytologie négative ne permet pas de l’exclure. Donc, en pratique quotidienne, c’est la biopsie qui est réalisée pour confirmer le diagnostic. Pour Gilles MANGIAPAN, la cytologie pleurale seule est donc insuffisante pour confirmer un diagnostic et décider d’une prise en charge, la sensibilité étant trop variable d’un type de tumeur à l’autre.
Répéter les cytologies, surtout chez le sujet âgé
Gilles MANGIAPAN explique qu’il est possible d’augmenter la sensibilité de la cytologie par ponction pleurale en réalisant des ponctions répétées. En effet, en réalisant une cytologie à chaque ponction évacuatrice, les faux négatifs sont de moins en moins probables. La répétition des cytologies par ponction est intéressante, notamment chez le sujet âgé ou fragile, pour qui la biopsie représente un geste invasif plus compliqué et dangereux. De plus, Gilles MANGIAPAN souligne que l’une des spécificités de la cytologie sur liquide pleural est que celui-ci doit être transmis au laboratoire dans les plus brefs délais, après prélèvement, et traité rapidement, car les cellules sédimentent rapidement au fond du récipient. Il précise que le liquide pleural ne peut pas attendre l’heure d’ouverture du laboratoire ! Si ces mesures ne sont pas respectées, alors les faux négatifs sont plus fréquents, ce qui pourrait être une explication partielle de la variabilité de la sensibilité de la cytologie pleurale, en cas d’épanchement malin.
En conclusion, ce travail est intéressant mais ne permet pas d’apporter une sensibilité de la cytologie pleurale en cas d’épanchement malin suffisamment importante et stable et laisse encore la part belle à la biopsie...