Pneumologie
SADS : intérêt incontestable de la poursuite de la CPAP
L’impact en vie réelle de l'arrêt de la pression positive continue sur la mortalité a été mesuré lors d’une étude française, dont la méthodologie est très solide et a conclu qu’il vaut mieux poursuivre le traitement par CPAP et réfléchir sur les facteurs d’observance de cette prise en charge. D’après un entretien avec Jean-Louis PEPIN.
Une étude française, dont les résultats sont parus en février 2022 dans CHEST, a fait le point sur l’intérêt de la poursuite du traitement par pression positive chez les patients atteints de syndrome d’apnée du sommeil. L’impact sur la mortalité et les complications cardio-vasculaires a été mesuré. Pour cela, 480 000 patients suivis pour un SADS entre le premier janvier 2015 et le 31 décembre 2016 ont été évalués, et séparés en deux groupes : un groupe de patients ayant poursuivi leur traitement par CPAP et un groupe l’ayant interrompu. Les cohortes ont ensuite été « matchées », en fonction des facteurs confondants que sont l’âge, le sexe, les antécédents cardiovasculaires, les antécédents anxiodépressifs, la somnolence...
Neutralité des études randomisées
Le professeur Jean-Louis PEPIN, directeur de recherche clinique en pneumologie et physiologie au Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble-Alpes, et auteur de ce travail, explique que la poursuite ou non de la CPAP dans le traitement du SADS est une question centrale, notamment sur l’impact que peut avoir l’interruption de cette prise en charge sur la mortalité et l’augmentation des évènements cardio-vasculaires. Il rappelle que des études randomisées ont déjà été réalisés, incluant au total environ 2000 patients et que les résultats de ces travaux s’approchaient plutôt de la neutralité. Jean-Louis PEPIN souligne que ces études ont inclus des populations présélectionnées et que l’observance du traitement par CPAP n’était pas toujours correcte. Il précise donc qu’il était important de regarder l’impact du traitement par CPAP en vie réelle avant de décider s’il fiat ou non encourager les patients à poursuivre leur traitement par CPAP, les études précédentes n’étant pas suffisamment solides pour conclure.
Enfin un travail robuste !
Jean-Louis PEPIN explique que le travail qu’il a réalisé avec son équipe est d’une grande robustesse puisque tous les patients atteints de SADS et traités par CPAP ont été inclus de manière exhaustive à partir des bases de données françaises, entre janvier 2015 et décembre 2016. Près de 480 000 patients ayant abandonné ou non leur CPAP ont été inclus. Les résultats ont montré, qu’en population réelle, le groupe de patients ayant continué le traitement par CPAP a eu une réduction de mortalité significative de 39%. Jean-Louis PEPIN souligne que 5000 décès ont été dénombrés, ce qui confère une grande puissance à cette étude, qui reflète mieux l’impact du traitement par pression positive que les études randomisées antérieures. De plus, les résultats de ce travail ont montré une réduction également significative de 25% de l’incidence de l’insuffisance cardiaque. Cette étude sur le SADS est donc un travail d’une importance primordiale car très robuste en matière de résultats. Jean-Louis PEPIN précise qu’une étude du même design mais moins volumineuse a été réalisée en Catalogne et que ses résultats sont semblables.
En conclusion, pour diminuer la mortalité et l’incidence de l’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de SADS, il est préférable de ne pas interrompre la CPAP, comme cela a commencé à être fait aux USA, alors que les professionnels ne se basaient que sur les résultats des études randomisées.