Santé publique
La santé pollue : il faut aussi la décarboner pour soigner durablement
Le secteur de la santé a lui aussi un impact négatif sur le changement climatique. Il est urgent pour la santé de se mettre au vert, sous peine d'être à moyen terme plus néfaste que bénéfique pour la santé des Français.
- ADELART/istock
L'association française The Shift Project, œuvrant pour une économie libérée de la contrainte carbone a récemment publié un rapport contenant des propositions concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé. Dans le cadre du Plan de transformation de l'économie française dont l'objectif est de proposer des voies pragmatiques pour décarboner l'économie, le fameux « monde d'après », le secteur de la santé doit aussi initier sa transition énergétique.
L'association explique qu'étant responsable de 8% des émissions de gaz à effets de serre en France, le système de santé pourrait lui aussi contribuer paradoxalement à la dégradation de la santé de la population qu'il a pourtant mission de préserver. Il est donc temps d'agir.
Réduire l'impact carbone lié à la consommation de médicaments et dispositifs à usage unique
Les filières du médicament et des dispositifs médicaux sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur santé. L'équipe du Shift Projet souligne donc l'importance d'adapter les pratiques pour réduire le coût carbone unitaire de chaque médicament et limiter leur consommation et leur gaspillage.
A l'échelle de l'industrie pharmaceutique, cela implique de relocaliser certaines productions en Europe, là où actuellement la Chine produit 80% des principes actifs des médicaments consommés en France.
A l'échelle des professionnels de santé, le rapport invite à adapter les pratiques de soins pour diminuer le recours aux médicaments et réduire la quantité de Médicaments Non Utilisés, ces derniers étant estimés à plus d'une dizaine de tonnes par an.
Pour limiter la surconsommation et le gaspillage de médicaments, la vente à l'unité en pharmacie et une prescription optimisée sont des pistes proposées par le rapport.
Diminuer la consommation d'énergie du secteur de la santé
La réduction de l'empreinte carbone du secteur de la santé passera aussi par la promotion de la sobriété énergétique des usages en réduisant la consommation d'eau, de chaleur et d'énergie du secteur. Ainsi, par exemple, la rénovation énergétique des bâtiments hospitaliers et médico-sociaux doit être poursuivie ainsi que l'utilisation de sources d'énergie bas carbone pour le chauffage et la production d'eau chaude.
A l'échelle des professionnels de santé, il s'agit de réduire l'empreinte carbone liés aux déplacements : délaisser la voiture au profit de la marche à pied, du vélo ou des transports en commun pour les trajets domicile-travail, remplacer les véhicules thermiques (ambulances, VSL) par des véhicules électriques en priorisant les véhicules d'occasion, développer la télémédecine et les formations et conférences à distance.
L'application stricte de ces pratiques d'ici 2050, pourraient permettre selon le rapport la réduction de 99% des émissions de gaz à effet de serre du secteur santé en lien avec les déplacements.
Bonnes résolutions 2022
Chaque acteur du système de santé peut donc à son échelle contribuer à cet indispensable effort collectif. Puisque l'heure est aux bonnes résolutions, pourquoi ne pas dès maintenant initier le changement dans nos pratiques et devenir des ambassadeurs de la santé verte auprès de nos collègues et patients ?