Pneumologie
COVID-19 : pas de corticoïdes précoces chez les patients hospitalisés moyennement sévères
Même si elle a beaucoup été utilisée, la corticothérapie orale n'est pas justifiée voire délétère en l'absence d'une oxygénothérapie chez les patients hospitalisés souffrant de COVID, lorsqu’ils ne sont pas d’une forme sévère avec insuffisance respiratoire.
Une étude canadienne, dont les résultats sont parus en décembre 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer si la dexamethasone introduite dans les 48 heures chez les patients hospitalisés pour SARS-COV2 apportait un bénéfice en terme de mortalité si oui, chez quels types de patient.s Pour cela, une volumineuse cohorte comprenant 19 973 patients hospitalisés pour SARS COV2 admis dans les hôpitaux d’anciens combattants au Canada, entre juin 2020 et mai 2021. Les patients ayant reçu de la dexamethasone dans les 14 jours qui ont suivi leur test positif au SARS-COV2 ont été observés en fonction de la présence d’oxygénothérapie et/ou d’une intubation.. La mortalité à 90 jours, toutes causes confondues, a ensuite été évaluée.
Une volumineuse cohorte canadienne
Les auteurs de cette étude ont inclus une cohorte de près de 20 000 patients, dont 95% étaient des hommes avec une moyenne d’âge de 71 ans et 227% d’entre eux étaient de race noire. Les patients exclus étaient ceux qui avaient récemment reçu un traitement par corticoïdes ou des IRS dans les 48 heures précédent leur hospitalisation. Parmi les patients inclus, environ 15 000 d’entre eux étaient sans IRS dont 3500 patients sans oxygène, ayant reçu de la dexaméthasone. Sur ces 3500 patients, plus de 1000 sont décédés. En revanche, sur les 4472 patients incubés, sous dexamethasone, 857 sont décédés. Compte tenu du volume de la cohorte, ces résultats semblent suffisamment significatifs pour pouvoir évoquer une association entre la mortalité et la corticothérapie précoce chez les patients hospitalisés pour SARS-COV2, avec une forme moyennement sévère.
Un préjudice potentiel de la corticothérapie précoce
Compte-tenu de ces résultats, les auteurs de ce travail ont donc conclu que les patients sans oxygénothérapie qui ont reçu de la dexaméthasone dans les 48 heures suivant leur test positif au SARS-COV2 ont un risque accru de mortalité à 90 jours de 76. Concernant les patients ayant été incubés, aucune association entre la mortalité et la prise précoce de dexaméthasone n’a été retrouvée. L’initiation rapide de dexaméthasone, bien qu’elle soit fréquente, n’apporte donc aucun bénéfice en terme de mortalité chez les patients n’ayant pas besoin d’oxygène ou de corticothérapie dans les 48 premières heures. Il y aurait même un préjudice potentiel pour ces patients, en terme de mortalité.
En conclusion, malgré sa fréquente utilisation, la prescription précoce de la dexaméthasone n’est donc pas recommandée chez les patients hospitalisés pour SARS-COV2 avec une fore moyennement sévère, sans oxygénothérapie ou intubation. Le préjudice, sur la mortalité, est non négligeable.