Pneumologie
Confinement : réduction du nombre de décès liés à la pollution
Le confinement lié à la pandémie en Chine et en Europe a suscité une étude de modélisation des effets à court et long terme de la réduction de la pollution de l'air ambiant. On peut agir et diminuer le nombre de décès liés à la pollution. D’après un entretien avec Bruno HOUSSET.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2021 dans le Lancet Planetary Health, a fait le point sur l’effet du confinement sur la pollution atmosphérique en Europe et en Chine. Il s’agit d’une étude observationnelle. Les concentrations en particules fines PM2.5 provenant de plus de 2500 stations ont été observée en Europe et en Chine, entre 2016 et 2020. Des études épidémiologiques ont évalué la mortalité due à l’exposition aux pM2.5 associées aux mesures de confinement pendant l’épidémie de COVID-19. Ensuite, différents scénarios de reprise économique ont été élaborés afin de réaliser une modélisation pour explorer la variabilité à long terme de la qualité de l’air et de la mortalité présumée associée à la pollution atmosphérique.
Des mesures de confinement hétérogènes
Le professeur Bruno HOUSSET, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil et président de la Fondation du Souffle, explique que ce travail est une modélisation de la réduction de la pollution aux particules moyennes, en Chine et en Europe. Il souligne que la Chine est trois fois plus polluée que l’Europe, donc que les amplitudes de réduction de la pollution sont plus grandes. De plus, en Europe, les mesures de confinement ont été hétérogènes, ce qui explique les différences entre les modèles chinois et européens. Bruno HOUSSET précise que, même si ce travail n’évalue que les PM2.5 et sous- estime la diminution de la pollution en n’évaluant pas le NO2 par exemple, on a observé des dizaines de milliers de morts en moins, liés à la pollution, pendant le confinement. Cependant, la comparaison du nombre de décès liés à la pollution évités avec le nombre de décès par COVID-19 reste trop aléatoire pour dire que le taux de mortalité à baissé, de manière générale, d’autant plus qu’à la fin du confirment la pollution aux PM2.5 a progressivement ré-augmenté pour atteindre son niveau antérieur.
La question de la perception du risque est posée
Bruno HOUSSET explique que ce travail pose la question de la perception du risque par les individus. En effet, la population a été capable de supporter des mesures drastiques pour lutter contre l’épidémie de COVID-19 alors que la prise de conscience et les efforts pour limiter les risques liés à la pollution ne sont pas réalisés. Se pose donc le problème de la perception du risque par la population. En effet, si celui-ci était mieux perçu, on réduirait considérablement la pollution atmosphérique et on diminuerait le nombre de décès puisque c’est ce qu’il s’est passé lorsque des mesures limitant les émissions de particules polluantes ont été prises. Les scénarios de sortie cde crise devraient donc prendre en compte ces résultats pour augmenter les efforts de lutte contre la pollution atmosphérique.
En conclusion, la modélisation de la réduction de la pollution après le confinement pourrait permettre d’éviter un grand nombre de décès prématurés à la sortie de crise. Les effets du confinement doivent provoquer une prise de conscience, tant ne Chine qu’en Europe et induire des efforts, tels que ceux réalisés pour lutter contre le COVID-19.