Pneumologie
BPCO : modélisation du rapport bénéfice/risque de l’azithromycine au long cours
Une modélisation du rapport bénéfice/risque de l'azithromycine au long cours dans la BPCO a montré un possible intérêt chez les exacerbateurs fréquents, comme dans les essais cliniques, mais reste à déterminer la pertinence clinique, avec les limites de la modélisation. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2021 dans Thorax, a réalisé un modèle permettant de démontrer le bénéfice de l’azithromycine au long cours chez les patients atteints de BPCO. Ce modèle a simulé l’évolution de patients BPCO sur 20 ans, selon le modèle de Markov. Les auteurs ont fait une modélisation statistique en incluant une population de patients atteints de BPCO en les suivant sur 20 ans et en faisant varier les caractéristiques de ces sujets. Le rapport bénéfice/risque de l’azithromycine sur le nombre d’exacerbations sur le long terme a ensuite été évalué, en fonction des caractéristiques et de l’historique des patients.
Une confirmation des essais cliniques
Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de pneumologie de l’Hôpital Cochin, à Paris, rappelle que deux essais randomisés ont été réalisés pour évaluer le rapport bénéfice/risque de l’azithromycine au long cours en prévention des exacerbations, chez les patients atteints de BPCO. Ces essais ont tous deux montré une diminution significative du nombre des exacerbations mais la durée de ces travaux n’excédait pas un an. La question du long terme et de la pérennité de ce rapport bénéfice/risque se pose donc. Les résultats du travail de modélisation sur 20 ans ont montré un bénéfice supérieur à 99% chez les patients ayant une à deux exacerbations dans l’historique de leur maladie. Le bénéfice n’était pas si important lorsque les patients n’avaient jamais eu d’exacerbation. De plus, Nicolas ROCHE relève que le bénéfice est également moins important chez les fumeurs actifs. Ces résultats confirmeraient donc les résultats des essais effectués sur un an, avec une réduction globale des exacerbations de 25%.
Mais quelques limites à la modélisation
Nicolas ROCHE explique qu’il existe deux manières d’interpréter ces résultats. La première est qu’ils confirment le rapport bénéfice/risque favorable de l’azithromycine au long cours chez les patients BPCO, comme pressenti dans les essais cliniques. La seconde est que les auteurs nourrissent leur modèle avec des essais randomisés déjà positifs, ce qui aboutit forcément à des résultats favorables. Il précise, qu’en pratique, cette confirmation n’apporte pas réellement d’appréciation en vraie vie. Les recommandations indiquent la prise d’azithromycine chez les exacerbateurs fréquents pendant au moins deux ans, malgré un traitement inhalé bien conduit. Mais faut-il prévoir des interruptions saisonnières ? Nicolas ROCHE souligne que les auteurs ont également bien modélisé la tolérance de l‘antibiothérapie au long cours, notamment cardiovasculaire et auditive, mais que la modélisation sur l’écologie micro-bactérienne est plus compliquée et n’apporte pas d’informations sur l’influence de ce traitement sur les résistances bactériennes.
En conclusion, la modélisation du rapport bénéfice/risque de l’azithromycine au long cours chez les patients BPCO doit prendre en compte l’efficacité, les effets secondaires et l’histoire naturelle de la BPCO, ce qui confère des limites au principe de modélisation même si celui-ci est bien réalisé et très en faveur de l’intérêt de l’azithromycine au long cours chez les exacerbateurs fréquents.