Diabétologie
Diabète de type 2 : bénéfice potentiel des inhibiteurs du SGLT-2 contre la goutte
Chez les patients diabétiques de type 2, la réduction du risque de goutte serait plus importante sous inhibiteurs du SGLT-2 que sous inhibiteurs du DPP-4.
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Les patients diabétiques de type 2 traités par un inhibiteur du SGLT-2 auraient un risque de goutte inférieur à ceux prenant un inhibiteur du DPP-4 : ceux qui prennent un inhibiteur du SGLT-2 auraient une réduction de 11% du risque de goutte après ajustement sur les facteurs de risque potentiels de goutte (HR 0,89, IC à 95 % 0,82-0,96).
Le lien serait le plus fort chez les diabétiques de moins de 65 ans par rapport à ceux de 65 ans et plus (p=0,02), mais cette réduction du risque de goutte se maintiendrait largement dans tous les sous-groupes de patients.
Ce sont les résultats d'une étude observationnelle rétrospective portant sur une cohorte taïwanaise de près de 100 000 diabétiques de type 2 et publiés dans JAMA Network Open.
Une étude observationnelle rétrospective
L'analyse rétrospective s'est focalisée sur les diabétiques de type 2 de la base de données de santé de Taïwan qui prenaient un inhibiteur du SGLT-2 (n=47 405) ou un inhibiteur du DPP-4 (n=47 405) : elle a porté au final sur 47 405 paires de diabétiques de type 2, prenant l’un ou l’autre de ces antidiabétiques, appariés en utilisant le score de propension.
La plupart des diabétiques de type 2 prenaient également de la metformine, ainsi qu’une statine. L'âge moyen était de 61 ans à l’inclusion et près de la moitié étaient des femmes. La goutte a été identifiée selon les codes CIM-9-CM et CIM-10-CM.
Réduction modeste du risque
Lorsque le diagnostic de goutte est certain, la réduction du risque associé à un inhibiteur du SGLT-2 serait de 15% par rapport à un inhibiteur du DPP-4 (HR 0,85, IC à 95% 0,74-0,97). La réduction serait meilleure avec la dapagliflozine.
Dans les analyses de sous-groupes, les chercheurs notent qu'il n'y a pas de réduction du risque de goutte chez les patients diabétiques qui ont une insuffisance rénale chronique et qui prennent un inhibiteur du SGLT-2 (HR 1,01, IC à 95 % 0,86-1,19).
Cela pourrait s'expliquer par le fait que les inhibiteurs du SGLT-2 ne réduiraient pas les taux d’acide urique dans le sang chez les insuffisants rénaux chroniques.
Un mode d’action multiple
Les patients diabétiques ont traditionnellement un risque plus élevé d'hyperuricémie, principal facteur de risque de la goutte, en raison du surpoids, de la résistance à l'insuline ou de l'hyperinsulinémie.
Il existerait plusieurs mécanismes par lesquels les inhibiteurs du SGLT-2 pourraient réduire ce risque de goutte. Ils pourraient augmenter la sécrétion urinaire d’acide urique, probablement en inhibant les transporteurs d’acide urique des tubules rénaux. Ils pourraient renforcer la sirtuine-1, qui inhibe la xanthine oxydase et diminue également les taux d’acide urique dans le sang. Enfin, ils réduiraient de manière significative l'activation de l'inflammasome NLRP3 et la sécrétion résultante d'interleukine 1β, qui sont associées aux poussées aiguës de goutte, selon les chercheurs.
Effets pléiotropiques des iSGLT-2
Les données d'observation basées sur les dossiers médicaux électroniques n'ont bien sûr pas le poids d'un essai clinique randomisé, mais une précédente étude américaine avait signalé également une réduction de 36% du risque de goutte chez les patients sous inhibiteur du SGLT-2 par rapport à ceux sous agoniste du GLP-1, ces derniers n’ayant aucun effet sur l’uricémie, à la différence peut-être des inhibiteurs du DPP-4.
Au final, il s'agit d'une nouvelle étude qui montrerait que les inhibiteurs du SGLT-2 seraient susceptibles de protéger en partie les diabétiques de type 2 contre la goutte, un effet qui s'ajouterait aux autres effets pléiotropiques des inhibiteurs du SGLT-2.