Pneumologie
Exposition professionnelle aux nanoparticules et maladies respiratoires : un lien possible
La relation entre la présence de nanoparticules dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire, l’exposition professionnelle et les maladies respiratoires semble fortement possible. Une confirmation de l’effet pathologique de ces particules reste à prouver. D’après un entretien avec Valérie FOREST.
Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2021 dans Toxics, a cherché à évaluer le lien entre la présence de nanoparticules et de particules submicroniques présentes dans le liquide lavage bronchoalvéolaire, l’exposition professionnelle et la présence de maladies respiratoires idiopathiques ou non, telles que la sarcoïdose ou la fibrose pulmonaire idiopathique. Il s’agit d’une étude clinique avec une cohorte ayant inclus 100 sujets, tous porteurs de pathologies respiratoires de causes connue ou inconnue. La concentration en particules dans le liquide bronchoalvéolaire a été relevée avec, au total douze éléments différents étudiés.
Des analyses minéralogiques des liquides de lavage bronchoalvéolaires
Valérie FOREST, responsable du département Activité Biologique des Particules Inhalées
au Centre Ingénierie et Santé à Saint-Etienne, auteure de ce travail, explique que ce travail est parti de l’hypothèse qu’il existerait un lien entre les nanoparticules manufacturées et un effet pathologique et biologique sur les voies respiratoires, ce qui a motivé une analyse minéralogique dans les échantillons de lavages bronchoalvéolaires. Les résultats ont montré que la concentration en particules submicroniques de silice était plus importante chez les sujets atteints de sarcoïdose. Ces particules auraient donc un rôle potentiel dans le développement de la maladie. D’autre part, les nanoparticules de titane sont plus fréquemment retrouvées chez les patients atteints de fibrose pulmonaire interstitielle. Valérie FOREST insiste cependant sur le fait qu’il s’agit d’une tendance et que ces résultats sont à prendre avec précautions, car le nombre de patients inclus est faible. Elle précise que l’idée est d’aller plus loin en évaluant la charge pulmonaire en particules et confirmer leur effet pathologique.
Une relation avec l’exposition et les maladies professionnelles plus que probable
Valérie FOREST explique que la seconde étape a été d’élaborer un curriculum laboris pour ces sujets en évaluant leur exposition professionnelle aux particule manufacturées, et plus précisément en nanoparticules pour chaque emploi, en calculant la probabilité d’exposition la plus importante dans leur carrière. Dans cette cohorte, une forte proportion de patients présentait des exacerbations de leur maladie pulmonaire et 88% des patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique ont présenté une très forte probabilité d’exposition aux nanoparticules. Pour les patients atteints de sarcoïdose, 50% d’entre eux présentait cette forte probabilité d’exposition. Valérie FOREST souligne donc que ces résultats vont dans le même sens que ceux issus des études minéralogiques et que ces différentes approches sont complémentaires et constituent un faisceau de présomptions sur l’implication des nanoparticules dans les maladies respiratoires professionnelles. Elle rappelle que la sarcoïdose une origine antigénique d’une nature encore inconnue mais que les nanoparticules pourraient jouer un rôle sur la nature de cet antigène. Valérie FOREST précise que le fait de retrouver des particules en plus forte quantité ne suffit pas à établir le lien de cause à effet mais que l’étape suivante est d’extraire ces particules afin de tester leur toxicité sur des modèles in vitro et in vivo.
En conclusion, la confirmation de l’effet pathologique et la toxicité des particules retrouvées dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire est encore à prouver mais cette possibilité aurait un fort impact en termes de prévention.