Pneumologie

Déficit en alpha-1-antitrypsine : peu de preuves sur l’intérêt de la supplémentation

En cas de déficience en alpha 1 antitrypsine, une supplémentation ne modifie pas de façon significative le VEMS sur un suivi de huit ans. Trop peu d’études avec des critères spécifiques sont à ce jour réalisées pour apporter des preuves suffisantes. D’après un entretien avec Jean-François MORNEX.

  • 21 Oct 2021
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    Une étude rétrospective, dont les résultats sont parus en août 2021 dans l’European Respiratory Journal Open Research, a cherché à montrer l’efficacité de la supplémentation en alhpha-1-antitrypsine sur le VEMS des sujets atteints d’un déficit en amhpa-1-antitrypsine, sur une durée de 8 ans. Pour cela, 374 patients ont été inclus dans cinq pays différents : Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne et Pays-Bas. Au sein de ce groupe de patients, 128 ont reçu une supplémentation en alpha-1-antitrypsient 246 n’en ont pas bénéficié. Le VEM%S de tous les patients a ensuite été analysé pendant huit années consécutives.

    La densité pulmonaire plus intéressante que le VEMS

    Jean-François MORNEX, chef du service de pneumologie de l’Hôpital Louis Pradel de Lyon, rappelle que quelques études sur ce sujet ont déjà été réalisées et apportaient des résultats discordants.  Il précise que cette étude est intéressante dans sa discussion mais ne modifie pas les indications de la supplémentation en alpha-1-antitrypsine, tout en soulignant que le VEMS est un critère qui n’est jamais sensible à l’évolution de l’emphysème. Jean-François MORNEX rappelle que les indications de la supplémentation vont faire l’objet de recommandations de pratique s cliniques au congrès de pneumologie prévu en janvier 2022. A ce jour, la supplémentation est proposée aux sujets ayant un déficit sévère avec un génotype ZZ, ce qui représente moins de 400 personnes traitées en France. De plus, les effets sur le VEMS ne peuvent être justement évalués qu’à condition que les patients ne fument pas. Jean-François MONEX explique que le critère intéressant pour ces patients est la densité pulmonaire, observée au scanner, qui se dégrade moins vite chez les sujets bénéficiant d’une supplémentation en alpha-1-antitrypsine.

    Les autorités sanitaires ne reconnaissent aucun critère d’efficacité

    Jean-François MORNEX souligne qu’il existe un problème supplémentaire concernant les essais sur l’efficacité de la supplémentation en alpha-1-antitrypsine : la FDA et les autorités sanitaires européennes ne reconnaissent plus aucun critère d’efficacité. La densité pulmonaire n’est donc plus reconnue comme critère d’efficacité. Cela signifie qu’in y aura que très peu d’essais cliniques qui s’engageront sur le sujet, tant la mesure d’impact du traitement de l’emphysème est une question difficile à résoudre. Jean-François MORNEX rappelle qu’il y a plusieurs années, une étude randomisée, en double aveugle, versus placebo, avait eu lieu et que deux autres études étaient prévues avant le véto de la FDA, qui voudrait des biomarqueurs ou des critères pertinents cliniquement pour juger de l’efficacité de la supplémentation. Seule la dyspnée serait un critère intéressant mais il faudrait un nombre très important de malades.

    En conclusion, cette étude n’apporte pas d’élément supplémentaire sur l’efficacité de la supplémentation en alpha-1-antrypsine mais a le mérite de situer la problématique dans laquelle on se trouve pour apporter des preuves avec des critères pertinents.

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