Pneumologie
Mise en cause de l'inertie de la FDA face à la mise sur le marché de la JUUL
Un communiqué virulent de l'académie de pédiatrie américaine demande une régulation de la vente de JUUL à la FDA face à l’absence de régulation de ce type de pratique aux Etats-Unis et au danger que cela représente pour les populations jeunes. D’après un entretien avec Anne-Marie RUPPERT.
Une communication, parue en septembre 2021, a fait état d’une polémique entre l’académie de pédiatrie américaine et la FDA concernant la législation et la régulation de la JUUL aux USA. Il a été demandé à la FDA de se prononcer sur l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique et sa toxicité avant le 09 septembre 2021. La FDA a répondu qu’il fallait beaucoup plus de temps, l’enjeu étant l‘interdiction de la JUUL.
La société civile demande une régulation à la FDA
Le docteur Anne-Marie RUPPERT, pneumologue à l’hôpital Tenon à Paris, rappelle qu’aux Etats-Unis, il n’y a pas de vapotage et tout le marché de la cigarette électronique est occupé par la JUUL. Le nombre de fumeurs américains n’a jamais été aussi bas mais la consommation de cigarettes électroniques augmente de façon importante, notamment chez les adolescents puisque 11% des adolescents en consommaient en 2017 versus 27% en 2019. Anne-Marie RUPPERT souligne l’absence totale de réglementation de la cigarette électronique aux USA. Concernant la JUUL, sa publicité est dirigée vers les adolescents, de même que les arômes, et il n’y a pas de limites dans les taux de nicotine consommés. Face à ce phénomène, ajouté à l’épidémie de pneumopathies liée à au vapotage, la société civile a donc demandé à la FDA de se positionner. Or, il y a plus de 6,5 millions de produits déposés sur le marché et la FDA a « botté en touche » en demandant du temps. Les fabricants de JUUL ont simplement interrompu la publicité par peur de l’interdiction totale de la vente.
Quid de l’Union Européenne
Anne-Marie RUPPERT précise qu’il existe une règlementation européenne en matière de cigarette électronique. Depuis 2011, elle est interdite à la vente chez les jeunes et la publicité est également interdite. De plus, les produits ne doivent pas contenir plus de 20mg/ml de nicotine. En Europe, ces garde-fous ont permis d’utiliser la cigarette comme option pour les fumeurs en demande de sevrage tout en protégeant les populations jeunes. Anne-Marie RUPPERT précise que les positionnements respectifs des pédiatres américains et de la FDA sont extrêmes alors que l’idéal est de ne pas complétement interdire la JUUL ni de l’autoriser complètement, afin de protéger les non-fumeurs et les adolescents. Elle explique qu’il faut des données solides pour ne pas être dans mes croyances mais dans les connaissances, mais des milliers de liquides à surveiller sont sur le marché. La cigarette électronique est probablement une option intéressante pour le sevrage tabagique mais trop peu d’étude avec un nombre de sujets trop faible ont été réalisées.
En conclusion, une règlementation intelligente et appliquée permettrait de trouver le juste milieu en protégeant les jeunes de la nicotine. Elle est existante et perfectible dans son applicabilité en Europe mais inexistante aux USA et le conflit entre la société civile et la FDA est loin d’être résolu…