Pneumologie
Pollution et COVID : des liaisons dangereuses.
La pollution agit comme un co-facteur aggravant sur l’infection par le COVID-19 et ce, par un mécanisme spécifique, démontré au travers de plusieurs études. La lutte contre la pollution prend encore davantage la forme d’un concept planétaire. D’après un entretien avec Isabella ANNESI-MAESANO.
Une étude, dont les résultats sont parus en août 2021, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur le lien entre la pollution atmosphérique et la sévérité des infections par le COVID-19. Il s’agit d’un workshop réalisé par quatre sociétés savantes qui se sont réunies pour travailler sur ce thème très débattu. De nombreuses études ont été prises en compte. Elles ont toutes évalué des données individuelles aux quatre coins du monde qui confirment une association entre pollution et sévérité de l’infection par COVID-19.
Une relation active entre le NO, les particules fines et le COVID-19
Le professeur Isabella ANNESI-MAESANO, responsable de l’équipe d’épidémiologie des maladies allergiques respiratoires à l’Institut Pierre Louis INSERM et Sorbonne Université, précise que des observations ont montré que les régions très polluées recensaient beaucoup plus d’infections par le COVD-19. Mais elle souligne que ces observations ne suffisent pas pour obtenir une relation de cause à effet statistiquement significative. Elle cite l’exemple de la vallée du Pô, de la Corée du Sud, de l’Iran ou de la Chine, qui sont des zones très polluées et qui ont eu un taux d’infection part CIVD-19 très élevée au début de l’épidémie. Partant de cette constatation, la relation entre les concentrations de polluants et le taux d’hospitalisation pour COVID-19 a été étudiée. La première constatation a été que lorsque l’on observait un pic de pollution, la relation devenait significative avec un excès d’hospitalisation et de décès par COVID-19. Par la suite, d’autres études, ont été réalisées en diminuant progressivement les facteurs de confusion. Elles ont toutes confirmé que les particules fines et le dioxyde d’azote ont une relation avec l’infection par le COVID-19.
La pollution agit par un mécanisme spécifique sur le COVID-19
Isabella ANNESI-MAESANO rappelle que l’on sait déjà, depuis longtemps, que la pollution est co-facteur de risque de sévérité des infections respiratoires. Elle agit comme un irritant de la paroi bronchique, ce qui permet au virus de pénétrer plus facilement. De plus, la pollution crée un stress oxydatif qui entraine un processus inflammatoire et provoque une réponse moins adéquate à la pénétration du virus. Isabella ANNESI-MAESANO précise qu’en ce qui concerne le CODVID-19, le mécanisme est plus spécifique. En effet, le SARS-COV2a besoin d’ACE pour pénétrer dans les cellules. Une exposition à la pollution atmosphérique entraine une surexpression de cette enzyme ACE, ce qui qui est un argument fort pour dire que les individus exposés de façon chronique à la pollution sont plus à risque d’infection par le SARS-COV2. Isabelle ANNESI-MAESANO souligne également qu’il existe une transmission du SARS-COV2 dans l’air, à l’extérieur des locaux. Le virus, très petit (0,12 microns) peut être porté par les particules fines de 2,5 microns ou plus, ou encore les pollens. Mais, le manque de données sur ce sujet ne permet pas de conclure.
En conclusion, l’intérêt de ces études est majeur et apporte des arguments supplémentaires très forts pour lutter contre la pollution. D’autres études sont nécessaires pour bien comprendre le lien entre pollution et COVID-19 mais la lutte contre la pollution est bien un concept de santé planétaire…