Pneumologie
Mésothéliome pleural : l’irradiation prophylactique des points de ponction est efficace
L’irradiation prophylactique des trajets de ponction lors d'un mésothéliome pleural malin limite l’apparition des métastases de reperméation, selon les résultats d’une méta-analyse très rigoureuse. D’après un entretien avec Gérard ZALCMAN.
Une méta analyse, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans Critical Reviews in Oncology/Hematology, a confirmé l’intérêt de réaliser une radiothérapie prophylactique au niveau des trajets de ponction, en cas de mésothéliome pleural, pour éviter l’apparition de métastases de reperméation. Cette méta analyse a regroupé cinq essais dont deux études anglaises et une étude marseillaise parue en 1995, qui avait montré l’intérêt de l’irradiation prophylactique sur 40 patients. Depuis 1995, cette pratique a eu cours en France mais n’était pas validée par les anglo-saxons.
Une polémique entre les français et les anglo-saxons
Le professeur Gérard ZALCMAN, chef du service d’Oncologie Thoracique à l’hôpital Bichat, rappelle qu’il s’agit d’un sujet polémique entre les français et les anglo-saxons depuis 1995. En effet, en 1995, une étude marseillaise avait démontré que les patients atteints de mésothéliome pleurale développaient trois fois plus de métastases lorsqu’ils ne bénéficiaient pas d’irradiation prophylactique des trajets de ponction. Gérard ZALCMAN explique que les métastases de perméation sont de petites masses qui ensemencent les parois du trajet de ponction et qui provoquent des douleurs neurogènes sévères chez les patients atteints. Ainsi, pendant 25 ans, la radiothérapie prophylactique était réalisée, en France, en suivant un protocole précis : elle doit avoir lieu 21 jours après la ponction ou l’ablation du drain, pendant 3 jours de suite, avec une dose de 7 grays. Gérard ZALCMAN souligne que ces techniques sont peu connues des professionnels qui ne traitent pas de mésothéliomes mais que cette pratique a lieu dans les centres de référence comme l’hôpital Bichat ou le CHU de Lille, où l’incidence est importante, pouvant aller jusqu’à 40 cas par an. Il explique que les anglo-saxons, convaincus que cette pratique est inutile, ont lancé deux essais qui se sont avérés négatifs, du fait que les hypothèses proposées étaient irréalisables, c’est-à- dire réduire l’incidence des métastases de reperméation de 15 à 5% et/ou faire diminuer leur nombre à 6 mois. Gérard ZALCMAN précise alors que ces métastases n’apparaissent qu’entre 6 et 18 mois et que les patients anglais, suivis à 18 mois ont eu un résultat positif.
Une méta-analyse qui valide le positionnement français
Gérard ZALCMAN précise que cette méta-analyse est positive puisque l’on se rend compte que la radiothérapie prophylactique permet de réduire la fréquence des métastases de moitié. Ceci a donc des conséquences majeures qui visent à maintenir absolument cette nécessité de radiothérapie des points de ponction. Cette méta- analyse est très rigoureuse et valide le positionnement français, en contredisant les recommandations anglaises. La radiothérapie prophylactique doit donc avoir lieu entre 21 et 42 jours après la ponction ou l’ablation du drain, et pas au-delà. L’amélioration de la qualité de vie des patients est alors significative. Pour Gérard ZALCMAN, cette méta analyse est fondatrice et doit participer à l’élaboration des recommandations nationales, malgré les dogmes et les mauvais choix statistiques anglais.
En conclusion, la radiothérapie prophylactique des trajets de ponction en cas de mésothéliome plurale a prouvé son efficacité sur la diminution de l’incidence des métastases de perméation. Et maintenant, que vont faire les anglais ?