Pneumologie
Tuberculose ultra-résistante : impact de la nouvelle définition
L’impact de la nouvelle définition de la tuberculose ultra résistante modifie les données de santé publique et implique une surveillance particulière de la part de l’ANSM. D’après un entretien avec Nicolas VEZIRIS.
Une analyse de données faisant suite à la parution de la nouvelle définition de la tuberculose ultra-résistante, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’impact de cette nouvelle définition sur le nombre réel de cas de tuberculose ultra-résistante. Ce travail a analysé les données sur quatre années, de 2017 à 2020. La définition de l’OMS parue en janvier 2021 a défini l’ultra-résistance en fonction de la résistance du bacille aux fluoroquinolones, à la bédaquiline et au linezolide. Les souches multi ou ultra- résistantes, apparues entre 2017 et 2020, ont donc été comptées.
Explication de la nouvelle définition
Le professeur Nicolas VEZIRIS, pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et auteur de ce travail, rappelle qu’il existe plusieurs catégories de tuberculoses, déterminées en fonction de leurs résistances aux antibiotiques, et qui correspondent à des classes pronostiques. Jusqu’en 2020, les tuberculoses ultra-résistantes correspondaient à une forme résistante à la rifampicine. Les aminosides et les fluoroquinolones étaient utilisés pour traiter ces formes ultra-résistantes. En décembre 2020, les résistances à ces deux classes d’antibiotiques deviennent plus importantes. Des nouveaux antituberculeux, comme le linezolide ou la bédaquiline, permettant d’éviter les traitements injectables et les aminosides, aux effets secondaires auditifs non négligeables, sont utilisés. Nicolas VEZIRIS explique que la nouvelle définition de la tuberculose ultra-résistante correspond à une résistance aux fluoroquinolones et/ou à la bédaquiline et linezolide.
Une nouvelle définition qui change les données
Nicolas VEZIRIS précise que cette nouvelle définition a pour effet de modifier le nombre de tuberculoses ultra-résistantes, qu‘il faut évaluer cette modification et savoir si les nouveaux cas sont inclus dans le groupe des souches ultra-résistantes ou s’ils sont de nouveaux cas à part entière. L’analyse des données sur 4 ans a permis de retrouver 37 cas de tuberculoses ultra-résistantes selon l’ancienne définition et 6 cas selon la nouvelle définition. Ces 6 cas étaient tous inclus dans le groupe des 37 cas correspondant à l’ancienne définition. Il n’existe donc pas de nouvelle catégorie de tuberculose. Cette nouvelle définition détermine donc officiellement une catégorie déjà existante. Nicolas VEZIRIS, souligne qu’en France, on sait déterminer le phénotype bacillaire et reconnaitre ses résistances, ce qui permet une surveillance particulière de ces souches, mais cela n’est pas possible dans tous les pays, ce qui rend cette nouvelle définition difficilement applicable.
En conclusion, la nouvelle définition de la tuberculose ultra-résistante a un impact sur le nombre de cas rentrant dans ce cadre et permet une surveillance particulière, en France. Mais celle-ci n’est pas possible pour tous les pays, ce qui provoquer des zones d’incertitude.