Insuffisance cardiaque et exacerbation de BPCO : une opportunité thérapeutique à ne pas manquer

Le lien entre l’insuffisance cardiaque et le risque d'exacerbation de BPCO est démontré et une gestion médicamenteuse optimale de l’insuffisance cardiaque chez les patients BPCO réduirait le risque de ces exacerbations.

Une étude britannique, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans Thorax, a cherché à évaluer les effets des médicaments utilisés pour traiter l’insuffisance cardiaque dans la BPCO et leur impact sur le risque d’exacerbation. Il s’agit d’une étude cohorte rétrospective, étalée sur 10 ans, de 2006 à 2016. Au total, 86795 patients atteints de BPCO ont été inclus et classés en trois groupes: un groupe n’avait pas d’insuffisance cardiaque associée, un groupe avait possiblement une insuffisance cardiaque associée et le troisième groupe avait une insuffisance cardiaque diagnostiquée et traitée. Les médicaments utilisés pour traiter l’insuffisance cardiaque étaient des inhibiteurs de l’enzyme de conversion, des inhibiteurs de l’angiotensine, des béta-bloquants et des diurétiques. Le nombre d’exacerbations de BPCO a été évalué dans les trois groupes, avec un ajustement en fonction du sexe et de l’âge.

Une cohorte volumineuse et étendue sur 10 ans

L’une des forces de ce travail réside dans le volume de la cohorte. Il s’agit d’une cohorte nationale. Les dossiers sont issus des bases de données anglaises, concernant les patients suivis en soins primaires, dans les hôpitaux de Grande-Bretagne. La mortalité a également été examinée. L’étendue de cette étude sur dix années est également un facteur renforçant les résultats. La définition de l’insuffisance cardiaque sur les dossiers examinés reposait sur la présence d’ordonnances de traitements à visée cardiologiques, ayant une durée de plus de 90 jours et/ou renouvelées au moins une fois. L’effet de l’utilisation des médicaments utilisés dans l’insuffisance cardiaque sur les exacerbations modérées à sévères de la BPCO est apparu significatif.

Une meilleure gestion de l’insuffisance cardiaque réduirait les exacerbations de BPCO

Les résultats de cette étude ont montré que le risque d’exacerbation était plus élevé chez les sujets traités pour insuffisance cardiaque. La prise en charge de l’insuffisance cardiaque dans la maladie pulmonaire obstructive chronique est souvent retardée ou non-optimale. Une meilleure gestion du traitement de l’insuffisance cardiaque des sujets atteints de BPCO permettrait de réduire le risque d’exacerbations modérées ou sévères. L’insuffisance cardiaque de cette population particulière doit être traitée avec attention et bénéficier d’une collaboration étroite entre cardiologues et pneumologues.

En conclusion, une bonne gestion de l’insuffisance cardiaque des sujets atteints BPCO peut réduire le risque d’exacerbation. Une collaboration étroite entre spécialistes permettrait probablement d’améliorer cette prise en charge et le pronostic de ces patients.