Pneumologie
Mucoviscidose : on gagne 5 ans avec l’Ivacaftor !
L'effet de l'Ivacaftor sur cinq ans au cours de la mucoviscidose avec mutation Gly551Asp confirme les données des essais cliniques mais demande confirmation sur des cohortes à large échelle. D’après un entretien avec Pierre-Régis BURGEL.
Une étude longitudinale anglaise, dont les résultats sont parus en avril 2021 dans Thorax, a évalué l’effet de l’Ivacaftor pendant cinq ans chez les patients atteints de mucoviscidose avec la mutation Gly551Asp (G551d). Il s’agit d’une étude monocentrique ayant inclus 35 patients, réalisée à Manchester, où la mutation est plus fréquente puisqu’elle touche 20% des sujets atteints de mucoviscidose. Les données sont issues du registre des mucoviscidoses. L’observance du traitement a également été observée en évaluant l’achat du médicament.
Une confirmation sur le long terme des résultats des essais cliniques
Le professeur Pierre-Régis BURGEL, pneumologue et spécialiste des maladies rares à l’hôpital Cochin, rappelle que l’Ivacaftor, sorti en 2011, est le premier traitement modulateur, et que c’est une molécule qui agit sur un type particulier de mutation, la mutation G551d, en permettant d’ouvrir les canaux des ions chlorures et restaurer le transport ionique. Cette mutation touche environ 2% des patients atteints de mucoviscidose, ce qui est rare, puisqu’en France, seulement 150 patients sont traités par Ivacaftor. Cette mutation est celte et 20% des patients atteints de mucoviscidose à Manchester en sont porteurs. C’est pourquoi cette étude monocentrique anglaise a permis d’inclure 35 patients. Les résultats ont montré que le traitement a généré une prise de poids, a diminué la nécessité des antibiotiques en limitant les symptômes et le nombre d’exacerbations et a également permis d’augmenter le VEMS de 10%, ce qui est corrélé avec les résultats des essais cliniques. Sur 5 ans, les auteurs ont montré que les symptômes diminuaient de façon durable, que la prise de poids était de 2kg/m2 et que la consommation d’antibiotiques intra-veineux diminuait de manière constante dans le temps.
Un décalage de 5 ans dans la sévérité du déclin du VEMS
Pierre-Régis BURGEL relève que, ce qui est moins attendu, est l’allure de la courbe évolutive de la fonction respiratoire. En effet, si le gain de 10% de VEMS est rapide après le début du traitement par Ivacaftor, son déclin sur le long terme est le même qu’avant traitement. Le bénéfice obtenu est donc un décalage de 5 ans dans la sévérité de l’atteinte respiratoire. De plus, il précise que le déclin de la fonction respiratoire n’est pas linéaire et qu’une cohorte de 35 patients n’est pas suffisante pour conclure formellement. Il est nécessaire d’obtenir des cohortes à plus large échelle. Pierre-Régis BURGEL souligne également l’observance de ces patients. Au départ, 100% des patients ont acheté le médicament versus 80 % au bout de 5 ans, ce qui signifie qu’ils achètent moins régulièrement leur traitement sur la durée et l’on a tendance à penser que ceux qui prennent moins leur traitement vont moins bien.
En conclusion, les effets de l’Ivacaftor montrés lors des essais cliniques sont superposables sur la durée sauf la fonction respiratoire qui sur le long terme mais les 10% de VEMS gagnés au début du traitement permettent de prolonger 5 ans. Les nouveaux modulateurs en trithérapie sont sans doute prometteurs avec les 450 patients actuellement traités en France…