Pneumologie
SARS-CoV2 précoce : intérêt et absence de toxicité de la corticothérapie inhalée
La corticothérapie inhalée à la phase précoce de l'infection par le SARS-CoV-2 permettrait de réduire le recours aux urgences médicales et pourrait accélérer la guérison, avec une absence de toxicité. D’après un entretien avec Camille TAILLE.
Une étude anglaise, dont les résultats sont parus en avril 2021, dans le Lancet Respiratory Medicine, a fait le point sur l’intérêt et la toxicité éventuelle des corticoïdes inhalés à la phase précoce de l’infection par SARS-Cov2. Pour cela les auteurs ont inclus 167 patients entre juillet 2020 et décembre 2020. Il s’agit d’une étude randomisée, au cours de laquelle un premier bras de patients a bénéficié de budésonide à la dose de 800 microgrammes par jour, dès le début des symptômes et un second bras de patient a bénéficié de soins symptomatiques classiques comportant paracétamol, AINS et miel. Les patients arrêtaient leur traitement lorsqu’ils se sentaient guéris. Ils étaient, pour cela, équipé d’un saturomètre, d’un thermomètre et d’un cahier de suivi. Une infirmière à domicile passait régulièrement surveiller les constantes de tous les sujets.
Une baisse significative des consultations aux urgences
Le professeur Camille TAILLE, pneumologue à l’hôpital Bichat, à Paris, rappelle, qu’en Angleterre, il existe un système de régulation des consultations aux urgences qui décide si le patient doit s’y rendre ou non. L’objectif primaire de cette étude a donc été atteint puisqu’un seul patient du groupe ayant bénéficié de budésonide a consulté aux urgences médicales. Une diminution de 90% des consultations aux urgences au stade précoce de SARS-CoV2 a été observée. De plus, une diminution significative du nombre de jours avec symptômes a été relevée, avec en moyenne, une disparition des symptômes, notamment la fièvre, un jour plus tôt chez les patients ayant reçu du budésonide. Une diminution des symptômes à J14 a également été remarquée. Camille TAILLE émet, cependant, la critique que l’échantillon de patients est faible puisque l’étude a dû être interrompue au moment du confinement, en Angleterre. De plus, l’absence de placebo constitue une autre limite pour pouvoir estimer que cette étude est réalisée en vraie vie.
Une absence de toxicité
Camille TAILLE relève que le second objectif de ce travail est de démontrer l’absence de toxicité des corticoïdes inhalés à la phase précoce du SARS-CoV2. En effet, les auteurs n’ont pas observé plus de surinfections secondaires dans le groupe traité que dans le groupe contrôle. De plus, les tests réalisés après le traitement ont montré que la charge virale n’était pas augmentée, après 28 jours, chez les sujets ayant bénéficié du budésonide. Les corticoïdes inhalés ne favorisent donc pas la réplication virale, contrairement à ce qui était craint. Camille TAILLE souligne que ces résultats de bonne tolérance permettent également de rassurer les patients asthmatiques et de les inciter à poursuivre leur traitement par corticoïdes inhalés en cas de SARS-CoV2.
En conclusion, cette étude est intéressante car elle constitue un pas vers l’intérêt et l’absence de toxicité des corticoïdes inhalés à la phase précoce du SARS-CoV2. Mais, pour assurer la reproductibilité des résultats dans d’autres pays et généraliser la prescription, d’autres études sont nécessaires, surtout si l’on tient compte des particularités du système de soins anglais.