Pneumologie

BPCO : les moisissures jouent un rôle dans l’évolution de la maladie

L’impact de la présence de moisissures sur les bio-marqueurs aspergillaires et la fonction respiratoire de patients atteints de BPCO a été démontrée dans une étude réalisée dans le nord de la France, ce qui pourrait également suggérer un rôle du climat. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

Mots-clés :
  • 22 Avr 2021
  • A A

    Une étude française, dont les résultats sont parus en mars 2021 dans Environmental Research, réalisée au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, a cherché à montrer l’impact des moisissures sur l’évolution de la BPCO. Au total, 62 patients atteints de BPCO sévère, avec un VEMS moyen de 35%, dont 75% étaient des hommes,  sortis d’hospitalisation après une exacerbation, ont été inclus, entre 2011 et 2015. Ils ont été évalués à l’état stable et  lors de leur exacerbation avec une analyse des crachats et des anticorps anti aspergillus fumigatus sanguins. Conjointement, une évaluation de l’exposition domestique grâce à l’utilisation de lingettes électrostatiques déposées sur un meuble de la chambre des sujets a été réalisée. A noter que 80% des sujets inclus étaient sous corticothérapie inhalée, ce qui peut contribuer à leur fragilité.

    Les moisissures sont impliquées dans la progression de la BPCO

    Le docteur Olivier LE ROUZIC, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Lille et co-auteur de ce travail avec le docteur Emilie FREALLE, rappelle que les exacerbations des sujets atteints de BPCO sont souvent liées à des infections virales ou bactériennes mais que l’on ne peut pas exclure le rôle des moisissures. Des tests systématiques retrouvent fréquemment des anticorps contre l’Aspergillus Fumigatus et l’implication des moisissures dans la progression de la maladie est probable. Les sujets ayant une fonction respiratoire altère et vivant dans des logements exposés aux moisissures, dans un environnement humide seraient susceptibles d’avoir une progression plus rapide de leur maladie. Les résultats de l’étude ont montré, qu’à l’état initial,  17% des patients avaient des anticorps contre l’Aspergillus Fumigatus dans les expectorations  et 33% avaient ces mêmes anticorps lors de leur exacerbation ainsi qu’au moment de leur réévaluation à l’état stable.  Les anticorps positifs étaient associés de manière significative à un VEMS plus bas. L’étude des lingettes déposées au domicile des patients a montré qu’il y avait d’autant plus d’anticorps positifs que l’exposition aux moisissures est importante.

    Un probable impact du climat

    Olivier LE ROUZIC précise que l’Aspergillus Fumigatus n’est pas le seul champignon identifié. Le champignon Mucorale, connu pour provoquer des infections sévères chez les sujets immunodéprimés,  a été retrouvé chez 33% des patients inclus dans l’étude. Olivier LE ROUZIC  précise que cette étude est un travail régional, ayant eu lieu dans le nord de la France, ce qui peut suggérer un rôle du climat dans l’évolution de la BPCO. Cette information pourrait être une des raisons qui expliquerait que l’on observe plus de patients atteints de BPCO dans le nord de la France. Oliver LE ROUZIC insiste sur le fait que la stabilité du taux d’anticorps entre l’exacerbation et l’état stable laisse fortement penser que les moisissures ont un rôle significatif dans l’aspect chronique de la maladie.

    En conclusion, l’association d’une exposition aux moisissures, de la présence d’anticorps contre l’Aspergillus Fumigatus et d’une fonction respiratoire basse comme actrice de la progression de la maladie est une idée très cohérente …

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----