Pneumologie
COVID long : une photographie des séquelles de la première vague
Les séquelles sur le long terme liées à l’infection sévère par la COVID-19, au cours de la première vague, ont été décrites par un groupe de travail multi-disciplinaire à l’hôpital de Bicêtre. Ce travail répond à une demande des patients atteints de « COVID long » et va pemrettre d’anticiper la prise en charge des patients des vagues suivantes. D’après un entretien avec David MONTANI.
Les résultats d’un travail transversal, nommé COMEBAC, pour Consultation Multi Expertise de Bicêtre après COVID, réalisé par une équipe multi-disciplinaire, ont été publié dans le JAMA, en mars 2021. Il s’agit d’un travail ayant fait intervenir toutes les disciplines médicales de l’hôpital de Bicêtre. Ces équipes ont identifié tous les patients sortis vivants après une hospitalisation pour infection sévère par la COVID-19, au cours de la première vague, c’est-à dire du premier mars 2020 au 29 mai 2020. Les patients ont été identifiés puis contactés par téléphone et ils ont répondu à un questionnaire standardisé. Tous les patients qui ont dit avoir encore des symptômes ou et tout ceux qui sont passés par les soins critiques on été pris en charge en hospitalisation de jour, au cours de laquelle ils ont bénéficié d’explorations complètes, tant sur le plan respiratoire (test de marche, scanner…) que neuro-psychiatrique, rénal ou encore cardiologique (avec une échograhie cardiaque systématique pour les sujets ayant eu une embolie pulmonaire ou séjourné en réanimation). Ils ont bénéficié de questionnaires de qualité de vie et de sérologies. Tous ces examens ont été réalisdés au 4ème mois après leur hospitalisation pour la COVID-19.
Une collaboration multi-disciplinaire colossale
Le professeur David MONTANI, pneumologue à l’hôpital de Bicêtre et Cordonnateur du Centre de référence national de l’Hypertension Pulmonaire, souligne que l’originalité de ce travail réside dans le fait que toutes les équipes médicales de l’hôpital de Bicêtre y ont participé, dans le but de répondre à une demande de ces patients et de planifier une organisation pour suivre ces malades. La planification des téléconsultations et des hosiptialisations de jour qui ont permis aux patients de voir tous les spécialistes concernés a représenté un travail colossal. Au total, 478 patients ont été contactés et la moitié d’entre eux décrivait des symptômes tels que de la fatique, un essoufflement, des troubles de la mémoire ou encore des paresthésies. Parmi eux, 177 ont été reçus en hospitalisation de jour, dont 100 patients ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs lors de leur infection par le COVID-19. 16% de ces sujets avaient une dyspnée persistante, 50% des troubles cognitifs (dont 38% confirmés par les tests), 20% avaient un syndrome anxio-dépressif, 15% un syndrome post-traumatique et 50% souffraient d’insomnie. Ces patients ont également bénéficié d’un scanner pulmonaire qui s’est avéré anormal dans 63% des cas, mais avec un aspect rassurant en verre dépoli. Les séquelles fribrosantes étaient présentes chez 19% des sujets, principalement chez les patients ayant séjourné en réanimation et/ou ayant éyé intubés. David MONTANI souligne cependant qu’il n’y a pas de conséquence sur le mécanisme ventilatoire et qu’il s’agit essentiellement de séquelles radiologiques, peu fibrosantes. Le syndrome d’hyperventilation semble être une conséquence d’épsiodes infectieux ou d’embolie pulmonaire. Concernant les sérologies virales, 97% des patients avaient encore une sérologie positive à 4 mois.
Un COMEBAC 2 déjà planifié
David MONTANI précise qu’il s’agit d’une photographie initiale des séquelles survenant après les infections graves par COVID-19 et que ces résultas sont plutôt rassurants, car il n’y a pas de séquelles majeures mais, en revanche, une consommation de soins importante. Il souligne également, qu’à 4 mois de la première vague, on se trouve déjà dans le deuxième vague et que ce travail doit se poursuivre, car la prise en charge en aigu ayant été modifiée et accompagnée de l’apparition de variants, il semble probable que le séquelles en soit aussi transformées. Une plateforme COMEBAC2 est donc déjà planifiée, avec pour objectif d’essayer de comprendre pourquoi certains malades récupèrent totalement et d’autes pas, à gravité, âge, et comorbidités identiques. Chaque symptôme va devoir être « décortiqué » pour aller plus loin dans sa compréhension.
En conclusion, ce travail multi-disciplinaire et transversal offre une première photographie de ce que représente le COVID long et va permettre d’adapter sa prise en charge et d’ observer son évolution au cours des vagues successives, notamment grâce à COMEBAC 2. Un travail colossal qui n’est qu’à son début…