Pneumologie
Vaccination COVID19 de masse : un intérêt démontré, confortant les essais de phase 3
Une stratégie de vaccination de masse en Israël a démontré une efficacité d'un vaccin à ARNm, sur une population moins sélectionnée que dans les essais cliniques. D’après un entretien avec Elodie BLANCHARD.
Une étude israélienne, dont les résultats sont parus dans le New England Journal of Medicine, a cherché à montrer l’efficacité d’un vaccin à ARN messager contre le COVID 19, sur un échantillon de sujets comprenant 2 groupes de plus de 500 000 sujets chacun. Un groupe comportait des sujets vaccinés et chaque patientvacciné a été apparié avec un sujet non vacciné de l’autre groupe. Cinq critères ont été observés : l’infection par COVID-19, documentée et sans symptômes, l’infection symptomatique, l’infection ayant nécessité une hospitalisation, l’infection sévère et le décès. Différentes périodes ont été considérées : à J20 et J27 de la première injection ainsi qu’à J7 de la seconde injection. L’exposition des sujets a été contrôlée puisque les personnels de santé, les résidents en établissement de soins et les personnes ayant consulté en établissement de soins dans les 3 jours précédant la vaccination ont été exclus. Pour limiter les biais, l’appariement a été réalisé en fonction de l’âge, du sexe, de la vaccination grippale et du cumul des co-morbiditiés.
Un important échantillon de sujets non sélectionnés
Le docteur Elodie BLANCHARD, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, explique que cette étude a l’intérêt d’apporter des données en vraie vie, grâce à une stratégie de vaccination massive qui a permis de vacciner la population très rapidement. Elle souligne que ces données en vraie vie sont d’autant plus intéressantes que les contraintes de la vaccination à ARN messager sont importantes tant au niveau du schéma vaccinal (deux doses avec un intervalle court) que du respect de la chaîne du froid, et elle insiste sur l’importance de l’échantillon qui est plus volumineux que celui de l’essai de phase 3 présenté. L’une des force de ce travail réside également dans le fait que la population observée était « tout venant » et donc moins sélectionnée que celle de l’essai clinique, qui avait exclu les sujets âgés et atteints de comorbidités. De plus, Elodie BLANCHARD insiste sur le fait que c’est la première fois que l’on obtient des données en vraie vie sur l’infection documentée non symptomatique et elle explique que cela suggère que le vaccin pourrait permettre une prévention du portage.
Des résultats qui confortent les essais de phase 3
Elodie BLANCHARD explique que les résultats de cette étude confortent les essais de phase 3 des laboratoires, en montrant une efficacité confirmée dès la seconde dose puisqu’elle est de 97% à J7 de la seconde dose. Cette efficacité est, de plus, confirmée dans le groupe des personnes âgées. Elle précise que ce travail est une étude observationnelle cas-témoin qui n’est pas un essai clinique et qui est axée sur l’efficacité clinique, et qu’aucune donnée sur la tolérance n’est rapportée. Cette étude confirme donc la faisabilité de la vaccination de masse avec une garantie d’efficacité, notamment chez les sujets de plus de 70 ans. De surcroît, l’efficacité sur le variant britannique, majoritaire en Israël au moment de l’étude, semble conservée.
En conclusion, cette étude démontre l’efficacité de la vaccination de masse à ARN messager contre le COVID-19 sur un échantillon important et en vie réelle, sans exclusion des populations particulières. La diminution du portage chez les sujets vaccinés reste à confirmer mais parait possible.