Pneumologie
Aspergillose pulmonaire chronique : une maladie émergente au profil particulier.
L’aspergillose pulmonaire chronique est une maladie sous-estimée qui se développe principalement sur des terrains pulmonaires déjà fragilisés et qui aggrave le pronostic des maladies respiratoires chroniques. D’après un entretien avec Thomas MAITRE.
Une étude française, dont les résultats sont parus en janvier 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à estimer la prévalence et le taux de mortalité de l’aspergillose pulmonaire chronique. Plusieurs équipes, issues des hôpitaux parisiens Tenon et Bichat, du Cnetre Hospitalier Universitaire de Dijon, ainsi que le service d’informatique médicale de Dijon ont mutualisés leurs compétences et leur expertise sur l’utilisation de la base de données du PMSI. Ainsi, l’ensemble des diagnostics d’aspergillose pulmonaire chronique de tous les hôptiaux de France ont été relevés, sur une durée de 10 ans, entre 2008 et 2018. Au total, 17290 sujets hospitalisés atteints d’aspergillose respiratoire chronique ont été inclus.
Une maladie sous-estimée
Le docteur Thomas MAITRE, pneumologue à l’hôpital Tenon, à Paris, et auteur de ce travail, rappelle que l’aspergillose pulmonaire chronique est une infection qui se développe sur un terrain respiratoire fragilisé. En effet, l’aspergillus colonise puis infecte fréquemment d’anciennes cavernes tuberculeuses. L’aspergillose pulmonaire chronique regroupe à la fois les infections localisées et les infections évolutives avec invasion d’apsergillus. Thomas MAITRE explique que le manque de données épidémiologiques, lié à la faible incidence de la tuberculose, entraine une large sous-estimation de la prévalence et du taux de mortalité de l’apsergillose pulmonaire chronique. Le grand nombre de patients inclus dans cette étude, sur une durée de 10 ans, permet de se faire une idée plus précise de la prévalence de cette maladie et de sa sévérité.
Une prévalence en augmentation et un pronostic défavorable
Thomas MAITRE explique que l’aspergillose pulmonaire chronique est une infection émergente puisque son incidence et sa prévalence n’ont pas cessé d’augmenter au cours des dix années d’observation. De plus, il souligne que la répartition géographique de cette maladie est très hétérogène puisqu’elle touche à la fois les départements ruraux et les grandes métropoles comme Paris, Marseille ou encore Lyon. L’aspergillose pulmonaire chronique est donc aussi une maladie de la ville. Le pofil des patients atteints était des patients souffrant de BPCO, d’emphysème pulmonaire, de dilatation des bronches, ou étaient d’anciens tuberculeux. La moitié des sujets avait une insuffisance repsiratoire chronique et/ou étaient diabétique ou dénutris au moment du diagnostic d’aspergillose. Thomas MAITRE insiste sur le fait qu’il s’agit d’une infection grave puisque l’on a observé 45% de décès à 5 ans après le diagnostic, principalment chez les hommes et les patients ayant un antécédent de cancer bronchique.
En conclusion, l’aspergillose pulmonaire chronique est une infection compliquant les maladies repsiratoires chroniques et rendant leur pronostic encore plus défavorable. D’autres projets d’études sur cette maladie pourront aider à répondre aux questions encore sans réponse…