Pneumologie
Pollution atmosphérique, asthme et BPCO : résultats d'une étude de cohorte sur 15 ans.
L’impact de la pollution atmosphérique sur les maladies respiratoires est connu mais le nombre de nouveaux cas de BPCO ou d’asthme directement liés à la pollution, chez des sujets sains, est mieux connu grâce à un travail canadien de grande ampleur. D’après un entretien avec Isabella ANNESI- MAESANO
Une étude de cohorte canadienne,dont l’un des auteurs, RT Burnett est reconnu pour ses travaux sur la pollution, et dont les résultats sont parus en décembre 2020, dans l’American Journal Of Respiratory Critical Care, a cherché à établir le lien entre la pollution atmosphérique et la survenue de nouveaux cas de BPCO et d’asthme. Une cohorte de patients a été suivie de 2001 à 2015. Au total, plus de 5 millions de sujets ont été inclus, tous âgés de 35 à 85 ans. Le nombre de nouveaux cas de BPCO observé est de plus de 340 000 et le nombre de nouveaux cas d’asthme est de 218 000. Les pathologies sont bien documentées, les données de santé canadiennes étant généralement exhaustives, compte tenu de la gratuité du système de soins dans ce pays.
Un risque significativement accru de BPCO
Le professeur Isabella ANNESI-MAESANO, responsable de l’équipe d’épidémiologie des maladies allergiques respiratoires à l’Institut Pierre Louis INSERM et Sorbonne Université, explique que les effets aggravants de la pollution atmosphérique à court terme chez les patients asthmatiques, enfants et adultes, et chez les patients atteints de BPCO sont connus. L’inhalation de polluants induit une inflammation chronique provoquant un stress oxydatif se répercutant sur des poumons déjà malades. Isabella ANNESI-MAESANO rappelle que l’on dispose de peu de données concernant l’impact de la pollution sur l’incidence de la BPCO. On recense des données concernant les femmes exposées à la biomasse à l’intérieur des locaux mal ventilés, mais peu de données existent concernant la pollution extérieure. Elle souligne que cette étude, étendue sur 15 ans, a pris en compte différents polluants. Les résultats ont montré que le risque de BPCO incidente était augmenté de 3 à 7% pour chaque polluant étudié (NO2, ozone, particules fines…). De plus, cette étude montre une relation forte entre la pollution et la BPCO surtout au début de la courbe de pollution, ce qui suggère que ce sont des sujets « susceptibles » qui tombent malades, même avec des doses extrêmement faibles d’exposition aux polluants.
Pas de conclusion sur l’asthme de l’adulte
Isabella ANNESI-MAESANO rappelle qu’il existe beaucoup de données sur l’asthme de l’enfant, notamment concernant les enfants vivant près des grands axes routiers, qui présentent un risque significativement plus élevé de développer la maladie, ce risque étant calculé en tenant compte de l’histoire familiale d’allergies. En revanche, il existe peu de données concernant l’asthme incident de l’adulte lié à la pollution. Dans cette étude, il n’est pas retrouvé de relation statistiquement significative entre l’asthme incident chez l’adulte et la pollution, mais simplement une tendance. Isabella ANNESI-MAESANO précise donc que ce travail ne permet pas de conclure sur le lien possible entre l’asthme de l’adulte et la pollution atmosphérique.
En conclusion, la pollution se modifie au cours du temps et son influence sur la BPCO est significative. Elle doit être prise en compte. La tendance est de penser qu’il en va de même pour l’asthme de l’adulte mais les preuves ne sont pas encore suffisantes.