Pneumologie

SADS : identifier simplement les patients à risque de fibrillation auriculaire

Le risque de fibrillation auriculaire au cours du syndrome d'apnée du sommeil peut être évalué par l’hypoxémie nocturne et la variabilité du pouls, des facteurs prédictifs simples à mesurer. D’après un entretien avec Frédéric GAGNADOUX.

  • 11 Fév 2021
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    Une étude française, dont les résultats ont été publiés en janvier 2021, dans Annals of American Thoracic Society, a cherché à évaluer de la manière la plus simple possible le risque de fibrillation auriculaire chez les sujets atteints de syndrome d’apnée du sommeil. Pour cette étude multicentrique, 7200 patients ont été inclus, entre 2007 et 2017. Les patients ayant déjà un antécédent de fibrillation auriculaire ont été exclus. Ces patients ont été suivis en moyenne pendant 5,3 ans. Les enregistrements de l’oxymétrie nocturne et les marqueurs de variabilité de la fréquence cardiaque ont été observés et combinés.

    Une démarche supplémentaire de phénotypage du SADS

    Le professeur Frédéric GAGNADOUX, pneumologue, spécialisé dans les troubles respiratoires du sommeil,  au Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, et auteur de ce travail, explique que cette étude s’inscrit dans la démarche actuelle de phénotypage des syndromes d’apnée du sommeil. Mieux  phénotyper les patients au moment du diagnostic peut permettre de prédire les complications, adapter la prise en charge et améliorer le pronostic. Il rappelle que la fibrillation auriculaire est une complication classiquement attribuée aux sujets atteints de SADS.  Il existe déjà des cohortes épidémiologiques qui ont évalué ce risque  mais prédire simplement celui-ci à partir d’index d’enregistrements, au moment du diagnostic initial n’avait pas été fait. L’évaluation de la fréquence cardiaque pouvait être réalisée grâce à l’électrocardiogramme nocturne mais celui-ci n’est pas présent sur les enregistrements polysomnographiques. Dans ce travail, les auteurs ont simplement observé l’enregistrement de l’oxymétrie de pouls, qui donne un reflet indirect de la fréquence cardiaque, ce qui peut permettre de prédire le risque de fibrillation auriculaire.

    Un risque évalué en combinant hypoxémie et fréquence cardiaque

    Frédéric GAGNADOUX précise que sur les 7200 patients inclus, 181 ont  présenté une fibrillation auriculaire. Il explique que deux critères prédictifs ont été observés : le temps passé avec une saturation inférieure à 90% et les marqueurs de variabilité de la fréquence du pouls. En combinant l’hypoxémie nocturne et ces marqueurs de variabilité, il est possible de prédire le risque de développer une fibrillation auriculaire, indépendamment des autres facteurs de risque. Ainsi, si un patient passe plus de 6,8% du temps avec une saturation inférieure à 90%, il présente quatre fois plus de risque de développer une fibrillation auriculaire. Frédéric GAGNADOUX souligne donc qu’avec une simple oxymétrie nocturne, il est possible d’identifier les patients atteints de SADS à haut risque de fibrillation auriculaire.

    En conclusion, des informations extraites très simplement permettent d’améliorer le phénotypage des patients atteints de SADS. Imaginer un suivi plus rapproché des sujets à haut risque de fibrillation auriculaire est une nouvelle piste à envisager…

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