Pneumologie
COVID 19 : l’Anakinra serait prometteur pour les formes sévères
Une piste thérapeutique par Anakinra justifierait un essai prospectif randomisé pour les formes sévères de COVID-19. D’après un entretien avec Stéphane JOUVESHOMME.
Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2020 dans le Lancet Rheumatology, a cherché à prouver l’efficacité de l’Anakinra sur le COVID 19- notamment dans ses formes sévères. Cette étude a été réalisé à l’hôpital Saint-Joseph avec la concertation des équipes de rhumatologie, des équipes vasculaires et des pneumologues. Le centre n’a malheureusement pas été retenu, toutefois les résultats sont prometteurs. Au total, 52 patients ont été inclus et ont reçu l’Anakinra pendant dix jours versus un groupe témoin de 44 patients.
Une efficacité prometteuse sur les patients très sévères
Le docteur Stéphane Jouveshomme, pneumologue au Centre hospitalier Saint-Joseph à Paris, rappelle que chaque spécialité a sa vision de la maladie du COVID19, avec notamment une vision des rhumatologues de la maladie qui ressemblerait à une maladie de Still ou à une arthrite juvénile idiopathique. Il explique qu’après une phase initiale de l’infection virale, on observe une orage cytokinique qui mène en réanimation et parfois au décès. Dans cette étude, le groupe de patients COVID + très sévères, ayant reçu de l’Anakinra a observé seulement 25 % de décès ou de ventilation mécanique versus 70% dans le groupe témoin.
Nécessité et difficulté d’une étude randomisée
Stéphane Jouveshomme précise que ces résultats sont prometteurs mais que le niveau de preuve n ‘est que de grade C, donc insuffisant. Il est donc nécessaire de réaliser une étude randomisée, ce qui est rendu difficile par le fait que les médecins refusent d’administrer un placebo dans le cas des formes sévères du COVID-19. Il souligne qu’une équipe italienne réalise un essai sur le même principe et le même design, avec des doses d’Anankinra plus importantes et qu’à ce jour les résultats sont identiques.
En conclusion, le traitement par Anakinra semble prometteur dans les formes sévères d’infection par le COVID19 mais il est nécessaire d’apporter un niveau de preuve supplémentaire par des études randomisées.