Pneumologie
BPCO : le jus de betterave pour les patients à risque cardio-vasculaire
Une étude randomisée contrôlée en double aveugle suggère l'intérêt du jus de betterave riche en nitrates dans la réhabilitation respiratoire de certains patients atteints de BPCO. D’après un entretien avec Frédéric COSTES.
Une étude randomisée, dont les résultats sont parus en mais 2020, dans Thorax, a cherché à monter le bénéfice d’une supplémentation en nitrates, via le jus de betterave, dans l’amélioration des performances physiques des sujets atteints de BPCO, en réhabilitation pulmonaire. Cette étude a été réalisée en double aveugle, avec une évaluation des patients avant la supplémentation puis des séances d’entrainement à l’hôpital et au domicile, pendant 2 mois. Les critères suivants ont ensuite été analysés : temps d’endurance, pression artérielle, qualité de vie et actimétrie sur 7 jours.
Une modeste amélioration des capacités d’exercice
Le professeur Fréderic COSTES, responsable de l’Unité d’Explorations Fonctionnelles Respiratoires du CHU de Clermont-Ferrand, rappelle que de nombreuses recherches sont effectuées sur l’effet des suppléments nutritionnels sur la capacité physique. Nombre de substances, comme le nitrate, bénéficient d’allégations issues du domaine sportif mais sans preuve. Le nitrate a pour effet de produire du monoxyde d’azote, vasodilatateur et améliore le fonctionnement mitochondrial. Ces effets diminueraient le coût en oxygène d’un exercice physique et amélioreraient le système cardiovasculaire en diminuant la pression artérielle au repos et à l’effort. Les résultats ont montré une augmentation des capacités maximales d’exercice avec un test de la navette incrémentale à + 30 mètres. Frédéric COSTES souligne que l’effet attendu était de 35 mètres, donc le bénéfice est en dessous de la significativité malgré une amélioration des activités physiques avec 350 pas de plus, en moyenne, dans la journée, et une augmentation du temps passés pour des exercices modérés ou intenses.
Un effet intéressant sur la pression artérielle
Fréderic COSTES relève avec intérêt l’effet de la supplémentation en nitrates sur la pression artérielle, systolique et diastolique, observant en moyenne une baisse de 5 mmHg. Il précise donc que cette stratégie peut augmenter le bénéfice de la réadaptation chez les sujets à risque cardio-vasculaire mais il ajoute que, malgré une méthodologie rigoureuse, ces résultats doivent être interprétés avec prudence car ce programme d’entrainement ne comporte pas de volet éducatif, qui est essentiel à l’amélioration de l’activité.
En conclusion, la supplémentation en nitrates chez le sujet BPCO en réhabilitation est bénéfique en cas de risque cardio-vasculaire mais ne doit pas être dissociée d’un programme d’éducation du patient.