Pneumologie
Normes de l’éosinophilie : ce qu’on croyait être normal est anormalement haut
Le taux d'éosinophiles circulants dans la population générale est une référence pour la pratique clinique et le traitement de l’asthme par biothérapie mais les normes des laboratoires doivent être revues à la baisse. D’après un entretien avec Arnaud Bourdin.
Une étude autrichienne, dont les résultats parus en février 2020, dans l’European Respiratory Journal, a mesuré le taux d’éosinophiles circulants sur un échantillon de la population générale. Les auteurs ont inclus plus de 11 000 sujets. Des facteurs associés à un taux élevé d’éosinophiles ont ensuite été identifiés (âge, sexe, asthme, tabagisme, BPCO…). Le taux d’éosinophiles observés chez des adultes considérés sains est apparu considérablement moins élevé que le taux considéré actuellement comme normal par les laboratoires.
A quel moment est-on réellement hyperéosinophile ?
Le professeur Arnaud Bourdin, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique qu’il est nécessaire de rappeler les vraies normes des éosinophiles circulants, car ce critère pourrait participer à la décision de mettre en place une biothérapie chez les asthmatiques. Une révision à la baisse des normes de l’éosinophilie doit être faite car une grande variété de facteurs influence ce taux à la hausse, d’autant plus que ces critères modificateurs ont un effet additif. Des 300 à 400 éosinophiles sanguins « normaux » des laboratoires, une normalité à 100 ou 120 éosinophiles par mm3 serait plus légitime. Le nombre d'éosinophiles dans le sang chez les adultes est considérablement inférieur à celui actuellement considéré comme normal et ne change pas avec l'âge, au-delà de la puberté.
Le seuil de prescription des biothérapies ne sont pas modifiés
Arnaud Bourdin précise que cette définition de l’éosinophilie est importante dans l’asthme afin de déterminer si les sujets sont hyper-éosinophiles ou « normaux-haut ». Un taux de 300 éosinophiles est anormal et, associé à la maladie asthmatique, il devient pathologique. Arnaud Bourdin, souligne que ces observations contribuent à l'interprétation des taux d'éosinophiles sanguins dans la pratique clinique mais que les résultats de cette étude n’affectent pas les seuils actuels de prescription des biothérapies.
En conclusion, ce que l’on croyait être « normal-haut » est « anormalement haut ». L’interprétation du taux d’éosinophilie sanguine, notamment dans les maladies respiratoires, doit tenir compte d’une normalité inférieure.