Pneumologie
Pronostic du mésothéliome malin : une aide précieuse de l’intelligence artificielle
L'intelligence artificielle améliore les critères pronostiques du mésothéliome pleural et permet aussi de découvrir des anomalies anatomopathologiques qui restent à évaluer pour optimiser les décisions thérapeutiques. D’après un entretien avec Nicolas Girard.
Une étude dont les résultats sont parus en octobre 2019,dans Nature Medicine, a évalué l’intérêt de l’intelligence artificielle dans le pronostic des mésothéliomes malins. Ce travail a été réalisé grâce à la collaboration entre le Centre Léon Bérard de Lyon et le Réseau Mésothéliome français qui possède une collection de lames histologiques. Un partenariat avec la société OWKIN, qui développe des processus d’analyse d’images antomo-pathologiques a été créé. Ainsi des patterns morphologiques par groupes de pixels, non accessibles à l’œil humain, ont permis à la machine de détecter les différences entre les mésothéliomes de bon et de mauvais pronostic.
Une nécessité de mieux classer les mésothéliomes malins
Le professeur Nicolas Girard, pneumologue à l’Institut du thorax Curie-Montsouris, rappelle que le mésothéliome malin est une maladie très complexe et très agressive, puisqu’elle entraine le décès dans les 18 mois qui suivent le diagnostic. Elle est difficile à traiter avec les chimiothérapies classiques. De nouvelles thérapeutiques comme les anti-angiogéniques ou l’immunothérapie apportent un bénéfice pour certains malades mais ces derniers sont difficiles à identifier. Nicolas Girard suggère qu’en classant mieux les mésothéliomes malins, l’adaptation du traitement serait plus simple, d’où la nécessité de reclasser les mésothéliomes pleuraux non pas en fonction des classifications histologiques mais, plus profondément, en analysant de façon plus fine certains paramètres morphologiques non visibles par l’œil humain.
Une prédiction du pronostic par l’intelligence artificielle
Nicolas Girard explique, qu’à partir d’un groupe d’images, l’intelligence artificielle est capable d’établir un reclassement en bon ou mauvais pronostic, ce qui est plus accessible que le séquençage ADN ou ARN. L’idée n’est pas de remplacer le pathologiste mais de développer des outils qui l’aident, ainsi que d’apporter une prédiction du pronostic de manière simple. Nicolas Girard félicite cette nouvelle approche pour le mésothéliome pleural qui pourra probablement être adaptable pour d’autres tumeurs en obtenant une information supplémentaire tout en utilisant du matériel que l’on a déjà.
En conclusion, ce type d’approche peut être validé et l’enjeu est de l’appliquer à d’autres types de tumeurs que le mésothéliome pleural, en limitant les analyses moléculaires complexes. Reste à prédire scientifiquement la survie et l’efficacité du traitement…