Pneumologie
Asthme léger : vers une baisse de l’utilisation des béta deux mimétiques de courte durée d’action?
La surconsommation de bêta deux mimétiques de courte durée d'action dans les asthmes légers à modérés serait associée à un risque accru d’exacerbations et de mortalité. L’information auprès des praticiens et la surveillance de leur utilisation sont essentielles. D’après un entretien avec Pascal Chanez.
Une étude suédoise, dont les résultats sont parus en janvier 2020, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à montrer l’impact de la surconsommation des béta deux mimétiques de courte durée d’action chez les asthmatiques légers à modérés et leur impact sur le risque d’exacerbation et de décès. Il s’agit d’une étude de cohorte nationale ayant inclus plus 360 000 sujets, âgés de 12 à 45 ans, issus d’une banque de données. Leur utilisation de béta deux mimétiques en nombre de boîtes consommées a été évaluée, sur une durée de plus de 7 ans, ainsi que leur nombre d’exacerbations et leur mortalité.
Une large étude de cohorte
Le Professeur Pascal Chanez, chef de service de Pneumologie à l’hôpital Nord de Marseille, explique que les changements de recommandation du GINA international stimulent les réflexions sur le traitement de l’asthme léger, intermittent à persistant. Les corticoïdes inhalés à ce stade sont licites pour une maladie inflammatoire et diminuent le risque d’exacerbation. Mais, dans la vraie vie, ce sont les béta deux mimétiques à courte durée d’action qui sont utilisés. Il insiste sur le grand nombre de sujets inclus dans cette étude, qui lui confère un avantage certain, mais il souligne qu’elle est réalisée à partir d’une banque de données, sur des patients non directement observés, dont on ne sait pas comment le diagnostic d’asthme a été réalisé et comment ils sont suivis.
Et dans la vraie vie ?
Pascal Chanez précise qu’il vaut mieux utiliser une combinaison systématique avec des corticoïdes inhalés que des béta deux mimétiques seuls pour limiter le risque d’exacerbation. Les asthmatiques suédois prennent des traitements qui ne sont pas cohérents dans le contexte d’une maladie chronique inflammatoire. Il rappelle que cette stratégie thérapeutique est mise en avant par le GINA et fondée sur des études de bonne qualité, mais n’a pas l’AMM en France, alors qu’elle aurait du sens en vraie vie, car le bénéfice serait meilleur sur l’inflammation, les symptômes, le risque d’exacerbations et la mortalité. Pascal Chanez pense qu’à terme, les béta deux mimétiques de courte durée d’action n’auront plus de place dans le traitement de l’asthme, contrairement aux corticoïdes inhalés associés aux bronchodilatateurs.
En conclusion, il apparait qu’il vaut mieux donner un traitement combiné pour limiter le risque d’exacerbations chez les asthmatiques légers à modérés. Cette information est plus que pertinente pour les médecins généralistes, qui doivent connaitre, surveiller et limiter l’utilisation des béta deux mimétiques de courte durée d’action seuls dans l’asthme.