Pneumologie
Asthme: intérêt préventif de l’azithromycine au long cours
L’azithromycine administré au long cours semblent constituer une bonne prévention des exacerbations tant chez les asthmatiques sévères, que les asthmatiques éosinophiliques ou non éosinophiliques. D’après un entretient avec François-Xavier Blanc.
Les résultats d’une méta-analyse sur la prévention des exacerbations dans l’asthme ont été publiés en novembre 2019 dans l’European Respiratory Journal. Au total, trois essais ont été retenus, dont deux très sont relativement solides.
Le premier essai, réalisé en Belgique a fait bénéficier 57 sujets asthmatiques d’une dose quotidienne de 250 mg d’azithromycine trois fois par semaine versus un placebo pour 55 sujets. La deuxième étude, réalisée en Australie, proposait 500 mg d’azithromycine trois fois par semaine chez 250 sujets asthmatiques versus un placebo pour 216 sujets. Enfin, la troisième étude est à prendre en compte avec prudence car le nombre de sujets inclus est faible et certains avaient une BPCO associée, ce qui induit des biais.
Une diminution des exacerbations chez tous les asthmatiques
Le professeur François-Xavier Blanc, chef de service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes, souligne qu’un traitement par azithromycine à visée anti-inflammatoire réduit le risque d’exacerbations dans l’asthme sévère mais aussi dans l’asthme éosinophilique et non éosinophilique, ce qui constitue une nouveauté. Il précise, cependant, qu’il existe une différence dans la divergence des courbes entre les sujets traités et les sujets sous placebo: les courbes divergent immédiatement chez les asthmatiques éosinophiliques et plus tardivement chez les non-éosinophiliques. François-Xavier Blanc, précise que, même si l’une des forces de ce travail est que les auteurs de cette méta-analyse utilisent leurs propres données et qu’il n’y a aucun lien avec l’industrie pharmaceutique, les deux essais ne rassemblent que 300 patients environ, ce qui incite à la prudence dans l’interprétation des résultats.
Un traitement de réserve pour les asthmatiques éosinophiles
François-Xavier Blanc explique qu’en France, on utilise l’azithromycine au long cours à la dose de 250 mg, un jours sur deux ou trois jours par semaine, chez les asthmatiques sévères non contrôlés ou chez les asthmatiques non éosinophiliques, car il n’existe pas d’autre option thérapeutique. Chez les asthmatiques éosinophiliques, d’autres thérapies existent ou sont en voie d’arriver sur le marché et le bénéfice de l’azithromycine restera un traitement de réserve en cas de refus ou d’intolérance du patient, à la biothérapie, par exemple. François-Xavier Blanc souligne également la bonne tolérance des macrolides.
En conclusion, il existe un bénéfice de l’azithromycine au long cours sur la réduction des exacerbations dans les trois phénotypes d’asthme, sévère, éosinophilique et non éosinophilique, avec une bonne tolérance du traitement. Des travaux comprenant un plus grand nombre de sujets inclus pourraient conforter ces résultats.