Pneumologie

Asthme: le passage systémique de la corticothérapie inhalée n’est pas anodin

La corticothérapie inhalée à forte dose a un effet systémique même si elle permet de réduire la corticothérapie orale. Elle doit donc être utilisée avec grande prudence car l’impact sur la réduction des effets secondaires est faible. D’après un entretien avec Gilles Garcia.

  • 05 Déc 2019
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    Une revue de la littérature, dont les résultats sont parus en septembre 2019, dans l’European Respiratoire Journal,  a cherché à évaluer si la corticothérapie inhalée à forte dose, administrée chez les asthmatiques, avait un effet d’épargne cortisonique systémique significatif. Au total, onze études parmi plus de 1000 publications ont été retenues dans cette méta-analyse, qui porte sur des données existantes mais toujours soumises à critiques.

     

    Une épargne cortisonique faible due à l’effet systémique des corticoïdes inhalés

    Le Professeur Gilles Garcia, pneumologue à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, précise que même s’il ne s’agit pas d’une étude prospective de sevrage cortisonique de patients asthmatiques, les résultats de ce travail sont intéressants. Il explique que, globalement, une forte dose de corticoïdes inhalés, soit 1000 microgrammes de fluticasone, permet d’épargner 4 milligrammes de corticoïdes oraux. L’épargne cortisonique est donc très faible et 60% de cette épargne sont dus à l’effet systémique des corticoïdes inhalés. L’effet local est très modéré pour un passage systémique important qui compense la diminution des corticoïdes oraux, par freinage de l’axe hypothalamo- hypophysaire. Gilles Garcia souligne donc les risques d’effets secondaires dus à ce passage systémique.

     

    La corticothérapie inhalée à forte dose rend éligible à la biothérapie

    Gilles Garcia évoque les recommandations du GINA 2019 qui précisent que la corticothérapie inhalée à forte dose fait passer les asthmatiques du palier 4 au palier 5, et rend ses sujets éligibles à la biothérapie. Ceci a pour conséquence d’augmenter la population d’asthmatiques sévères éligibles à la biothérapie. Le rapport coût/ efficacité de la prise en charge thérapeutique dans cette population croissante d’asthmatiques sévères reste donc à évaluer . Gilles Garcia regrette la banalisation extrême des traitements par corticoïdes inhalés à forte dose alors que « l’on ne se trouve pas face à un asthme banal qui ne nécessite donc pas un traitement banal ».

     

    En conclusion, le passage systémique non anodin des corticoïdes inhalés masque le faible impact local de ce schéma thérapeutique et a pour conséquence d’augmenter la population d’asthmatiques pouvant bénéficier de biothérapie. Cela mérite encore réflexion…

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